La Fédération des unions d'apiculteurs du Grand-Duché de Luxembourg (FUAL) a appelé le 14 avril 2015 à une interdiction totale des néonicotinoïdes au Luxembourg, un insecticide susceptible d’avoir des effets nocifs sur la santé des abeilles. La FUAL appelle le Luxembourg à suivre l’exemple de la France où l’Assemblée nationale vient de voter une interdiction des néonicotinoïdes à partir de 2016. La Fédération a transmis le projet législatif français à Fernand Etgen, ministre de l’Agriculture luxembourgeois, indique le communiqué. Son président Jean-Paul Beck demande d’ailleurs à Fernand Etgen de s’engager pour une interdiction de tous les néonicotinoïdes au niveau européen.
Dans l’UE, une interdiction de trois de ces insecticides est en vigueur pendant deux ans depuis le 1er décembre 2013 en raison de leur risque pour la santé des abeilles. Au Luxembourg, 15 insecticides sur base de néonicotinoïdes sont autorisés, rappelle la FUAL.
L’appel de la FUAL se fonde sur un rapport publié le 8 avril 2015 par l’EASAC (European Academies' Science Advisory Council), un organe scientifique de l’UE fondé en 2001 qui rassemble les académies scientifiques des Etats membres. Selon ce rapport, les néonicotinoïdes ne nuisent pas seulement aux abeilles, mais à tous les pollinisateurs comme les bourdons, les abeilles solidaires, les bombyles ainsi que les papillons. Se basant sur près d’une centaine d’études, les auteurs du rapport soulignent le fait que "l’utilisation généralisée des néonicotinoïdes a des effets graves sur une série d’organismes" qui sont responsables de la pollinisation et la lutte naturelle contre les parasites ainsi que sur la biodiversité.
La focalisation sur les abeilles a "faussé" le débat, lit-on dans le communiqué de l’EASAC qui souligne que les colonies d’abeilles ont une "capacité tampon" beaucoup plus importante contre la perte de butineuses et travailleuses que les colonies des bourdons ou des abeilles solitaires qui n’ont "pas de capacité tampon de tout". "La seule protection des abeilles à miel est insuffisante pour garantir l’agriculture durable", mettent en garde les auteurs. Ils critiquent la routine dans l’usage des insecticides et évoquent des études selon lesquelles l’élimination des insectes a aggravé le problème des parasites. Les données différentes font état de "déclins massifs" de pollinisateurs, mais aussi des oiseaux de champs pendant les dernières décennies, indique le rapport.
"Avec les apiculteurs, les abeilles ont un lobby, mais qui s’occupe des bourdons et des abeilles solitaires ?", s’interroge Jean-Paul Beck du FUAL. Il évoque deux néonicotinoïdes (thiaclopride et acetamipride) qui sont actuellement utilisés au Luxembourg contre le méligèthe, un coléoptère qui s’attaque au colza. "Il y a un risque important que des abeilles ou des bourdons entrent en contact avec ces insecticides et subissent des dommages. Il faut y mettre fin", a déclaré Jean-Paul Beck.
La Commission avait proposé fin janvier 2013 d’interdire pendant deux ans l’utilisation de trois pesticides du groupe des néonicotinoïdes - l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine – dont l’EFSA avait mis en évidence un certain nombre de risques pour les abeilles. Faute d’une majorité qualifiée au Conseil en avril 2013, la décision sur cette proposition est revenue à la Commission qui a adopté l’interdiction de ces pesticides à partir de décembre 2013, une décision formalisée en mai 2013. En mars 2015, une étude avait conclu que 9,2 % des abeilles sauvages en Europe sont menacés d’extinction – il s’agissait de la première évaluation de toutes les espèces sauvages d'abeilles (1 965 espèces au total).