En Europe, 9,2 % des espèces d'abeilles sauvages sont menacées d'extinction et 5,2 % sont menacées de l'être dans un proche avenir, met en garde une étude publiée le 19 mars 2015 par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), une ONG française avec 1200 organisations membres dans 140 pays. Il s'agit de la première évaluation de toutes les espèces sauvages d'abeilles (1 965 espèces au total) réalisée dans le cadre de la "Liste rouge européenne des abeilles" de l'UICN et du projet STEP (Statut et tendances des pollinisateurs européens), tous deux cofinancés par la Commission européenne, indique un communiqué.
Le changement dans les pratiques agricoles et l'augmentation de l'agriculture intensive privilégiant l'utilisation massive d'insecticides, d'herbicides et d'engrais ont conduit à des pertes et des dégradations très importantes des habitats qui sont les principales menaces à la survie des abeilles, indique UICN. L’organisation explique que la production intensive de cultures d'ensilage aux dépens de cultures fourragères entraîne des pertes de prairies riches en herbes qui constituent une importante source de fourrage pour les pollinisateurs. Les insecticides nuisent aux abeilles sauvages tandis que les herbicides réduisent la masse de fleurs à leur disposition, met en garde l’UICN. Les abeilles sauvages sont particulièrement menacées par l’urbanisation et l’augmentation d’incendies, ajoute l’organisation. Plusieurs pesticides, ayant entrainé des risques pour la santé des abeilles, ont par ailleurs été interdites par la Commission européenne en 2013.
Le changement climatique, causant des fortes pluies, des sécheresses ou des vagues de chaleurs, est un autre facteur de risque d'extinction pour la plupart des espèces d'abeilles, en particulier pour les bourdons, dont 25,8 % des espèces sont menacées d'extinction. L'étude chiffre à 22 milliards d'euros par an ce que rapporte à l'Europe la pollinisation des abeilles.
Cette étude intervient alors que l’Agence européenne de l’Environnement vient de s’alarmer dans un rapport contre la perte de la biodiversité en Europe et à l’heure du réexamen à mi-parcours de la stratégie de l'UE en faveur de la biodiversité.
L’étude indique pourtant que pour 79 % des espèces, les tendances ne sont pas connues en raison d’un manque de données et d’experts. Par contre, elle révèle que pour 7,7 % des espèces, les populations sont en déclin ; que pour 12,6 % des espèces, les populations sont stables ; et pour 0,7 % seulement des espèces, les populations d'abeilles sont en augmentation.
Les auteurs de l'étude appellent à prêter davantage attention aux abeilles dans la gestion des zones naturelles protégées et dans les politiques agricoles en Europe. Ils recommandent aussi un plus grand soutien aux programmes de surveillance, dans les États membres et à l'échelle européenne pour garantir la surveillance à long terme du statut des abeilles et des actions de conservation efficaces.
"La pollinisation est l'un des nombreux services que la nature nous fournit gratuitement. Si nous ne nous attaquons pas résolument aux causes profondes de ce déclin et si nous n'agissons pas d'urgence pour le stopper, nous pourrions en payer le prix fort", déclaré Karmenu Vella, commissaire à l'Environnement, cité par l’UICN dans le communiqué.