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Développement et aide humanitaire
"On n’a jamais eu autant de crises humanitaires que maintenant", constate Charles Goerens dans un entretien dans lequel il fait le point sur la première moitié de l’Année européenne du Développement
12-05-2015


aed-2015-logoDans un entretien diffusé le 12 mai 2015 sur la chaîne du Parlement européen, Europarl.TV, Charles Goerens (ADLE)  est invité à faire un bilan à mi-parcours de l’Année européenne du Développement. L'eurodéputé luxembourgeois, ancien ministre du Développement du Luxembourg, a été rapporteur de l’initiative ayant fait de 2015 l’Année européenne du Développement.

Au moment du lancement de l’Année européenne du Développement, Charles Goerens avait dit espérer que cette année allait "aider à convaincre les sceptiques de l’utilité du développement". Six mois plus tard, Charles Goerens estime que "c’est moins notre campagne que les naufrages en Méditerranée qui nous rappellent l’importance de l’existence d’une force de frappe européenne dans l’aide humanitaire".

L’UE, premier donateur mondial, a contribué en 2014 à hauteur de 52 % à l’aide publique au développement. Ce que Charles Goerens juge "positif", puisqu’à travers cette politique, "l’UE promeut aussi ses valeurs de tolérance et d’assistance aux personnes dangers, ainsi que son sens du partage des responsabilités dans le contexte d’une mondialisation qui crée des inégalités partout".  Toutefois, seuls quatre Etats membres, parmi lesquels le Luxembourg, ont tenu leur promesse de contribuer à l’aide au développement à hauteur de 0,7 % de leur PIB. "Ce n’est pas glorieux", admet Charles Goerens. "Néanmoins, cela progresse", insiste l’eurodéputé en soulignant qu’un "cinquième pays est en train de tenir sa promesse, le Royaume-Uni, avec toutes les difficultés budgétaires qui le caractérisent". "Il y a un sixième pays qui pourrait faire mieux, l’Allemagne", commente encore l’eurodéputé qui relève que la Grèce, mais aussi l’Espagne, le Portugal et l’Irlande ont des «circonstances atténuantes".

Pour Charles Goerens, pour qui l’objectif de réduire de moitié la pauvreté n’est pas acceptable dans la mesure où il faudrait selon lui l’éradiquer, il importe que "tout le monde soit responsabilisé".

S’il dit "sentir une certaine fatigue au niveau de certains Etats membres pour ce qui est de la poursuite de l’intégration européenne", Charles Goerens note que "la politique de développement est en fait peu contestée". Au contraire, affirme-t-il, "l’idée selon laquelle les pays qui font le plus pour la solidarité extérieure ont aussi moins de problèmes au niveau de leur solidarité intérieure fait son chemin".

Interpellé sur la question du terrorisme, problématique qui s’est "invitée dans cette Année européenne du Développement", Charles Goerens confirme que, lorsque on "traite les problèmes de pauvreté dans les pays, on s’aperçoit qu’ils sont étroitement corrélés avec les problèmes de sécurité". Or, souligne l’eurodéputé, "il n’y a pas de développement sans sécurité, ni de sécurité sans développement". "Il faut donc briser le cercle vicieux", estime Charles Goerens qui juge qu’il "va falloir repenser certaines stratégies, repenser le déploiement de certains moyens".

Quant au Parlement européen, Charles Goerens a rappelé que c’est lui qui va contrôler après la mid-term review, c’est-à-dire dans deux ans,  si les objectifs en matière d’aide humanitaire que s’était fixés l’UE il y a deux ans sont bien remplis. Il reviendra au Parlement européen de "dire où sont les failles dans le système", estime Charles Goerens qui est convaincu qu’il va falloir avancer l’évaluation car "la multiplication des crises dans le domaine humanitaire nous montre les limites certaines du budget destiné à l’aide humanitaire d’urgence". "On n’a jamais eu autant de crises humanitaires que maintenant", constate en effet le parlementaire, qu’il revient à lui et à ses pairs de "donner des coups de gueule en direction de l’exécutif".

Pour fin 2015, Charles Goerens espère que l’Année européenne du Développement aura permis de "mettre le train sur les rails pour ce qui est d’avoir plus de cohérence et plus de sécurité dans la planification, mais aussi plus de définition des efforts à faire dans cette optique stratégique de faire face au grand défi de la mondialisation qui réduit les écarts entre les nations, mais qui les accroît à l’intérieur".