Le 2 février 2016, la Commission européenne a présenté un plan d’action global destiné à renforcer la lutte contre le financement du terrorisme. Concrètement, ce plan vise à tracer les mouvements financiers des terroristes et à s'attaquer à leur capacité de lever des fonds. Il doit ainsi permettre de réagir aux défis actuels en matière de lutte contre le terrorisme, en s’appuyant sur les règles existantes de l’Union et en les complétant au besoin. "Par des mesures concrètes, ces règles seront adaptées aux nouvelles menaces ou des règles supplémentaires seront proposées pour y faire face", indique la Commission européenne dans son communiqué de presse.
"En repérant et en tarissant les sources de financement des réseaux terroristes, nous pouvons réduire leur capacité à voyager, à acheter des armes et des explosifs, à planifier des attentats et à propager la haine et la peur sur la toile", a souligné le premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans. "Le plan d’action nous permettra de prendre des mesures rapides pour lutter énergiquement contre le financement du terrorisme, en commençant par présenter des propositions législatives au cours des prochains mois", a pour sa part indiqué Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission chargé de l’euro et du dialogue social. "Nous voulons améliorer la surveillance des nombreux moyens financiers utilisés par les terroristes […], tout en évitant de faire inutilement obstacle au bon fonctionnement des paiements et des marchés financiers pour les citoyens ordinaires qui respectent la loi", a-t-il encore dit.
La nécessité de prendre des mesures pour s’attaquer au financement du terrorisme de manière plus efficace et plus globale avait été soulignée dans le programme européen en matière de sécurité adopté en avril 2015. Les mesures prises au cours de l’année 2015 comprennent l’adoption du quatrième train de mesures anti-blanchiment, censé améliorer l’efficacité des efforts déployés par l’UE pour lutter contre le blanchiment d’argent provenant d’activités criminelles et contre le financement d’activités terroristes, l’introduction de sanctions pénales en lien avec le financement du terrorisme dans le cadre d’une proposition de directive relative à la lutte contre le terrorisme, et la signature par l’UE de la convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme.
En réaction aux attentats terroristes de Paris du 13 novembre, le Conseil JAI, le Conseil ECOFIN et le Conseil européen avaient ensuite souligné, dans leurs conclusions respectives du 20 novembre, du 8 décembre et du 18 décembre 2015, la nécessité de continuer à intensifier les travaux dans le domaine de la lutte contre le financement du terrorisme, et invité la Commission à présenter un plan d’action en la matière.
La Commission propose plusieurs moyens de tracer les terroristes en surveillant les mouvements financiers et pour les empêcher de transférer des fonds ou d’autres avoirs. Concrètement, elle demande aux États membres de transposer d'ici à fin 2016 la 4e directive anti-blanchiment adoptée en mai 2015, qui fera l’objet d’une modification en juin 2016 en vue d’y introduire les objectifs suivants :
D’autres mesures tendront aux objectifs suivants:
Le commerce illicite effectué à partir des zones qu’elles occupent (y compris le commerce de biens culturels et le commerce illicite d’espèces sauvages) constitue actuellement une source majeure de revenus pour les organisations terroristes. Ces dernières peuvent également tirer des revenus du commerce de marchandises légales.
Dans ce contexte, la Commission et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) apporteront une assistance technique aux pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord afin qu’ils luttent contre le trafic de biens culturels et aideront les pays tiers à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies à ce sujet. Les pays du Proche-Orient, d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud-Est bénéficieront également d’un soutien destiné à améliorer la lutte contre le financement du terrorisme.
En 2017, la Commission présentera une proposition législative visant à renforcer les compétences des autorités douanières dans le but de s’attaquer au financement du terrorisme par l’intermédiaire du commerce de biens, par exemple en prenant des mesures à l’égard des revenus illégaux provenant de la dissimulation d’opérations commerciales, de la représentation trompeuse de la valeur des marchandises et de l’émission de factures fictives.
Une autre proposition portera sur le commerce illicite de biens culturels, l’objectif étant d’étendre le champ d’application de la législation actuelle à un plus grand nombre de pays.
Le plan d’action énumère une série de mesures concrètes qui seront mises en œuvre par la Commission immédiatement. D’autres suivront dans les mois à venir. Toutes les mesures présentées par la Commission devraient être menées à bien pour la fin de 2017 (un calendrier détaillé figure dans la fiche d’information).
Le plan d’action sera discuté et analysé par les ministres des Finances lors du Conseil ECOFIN du 12 février 2016.