Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis le 17 juin 2016 à Luxembourg pour une réunion présidée par Jeroen Dijsselbloem au cours de laquelle le Luxembourg était représenté par Pierre Gramegna.
Les ministres ont notamment eu un débat sur la viabilité à long terme des régimes de retraite des États membres de la zone euro, en se concentrant en particulier sur les risques liés aux incertitudes macroéconomiques et démographiques. Ils ont notamment débattu des différents instruments politiques qui peuvent permettre d’améliorer cette viabilité à long terme en contenant ces risques. Les discussions ont inclus les politiques actives en faveur du marché du travail ainsi que les réformes susceptibles de revigorer l’activité économique de façon durable. Elles ont aussi porté sur les meilleures pratiques en matière de correction automatique des systèmes de pension face à une longévité accrue.
A cette occasion, les ministres ont adopté une déclaration qui présente les quatre principes qui devraient guider les réformes à mettre en œuvre pour renforcer la viabilité à long terme des régimes de retraite. Il s’agira pour les Etats membres de réformer leurs systèmes de retraite en veillant à les protéger des risques démographiques et macroéconomiques en renforçant leur résilience. Des politiques d’accompagnement visant à allonger la vie professionnelle et par conséquent à augmenter les retraites, à renforcer l’employabilité des personnes âgées ou encore à restreindre les retraites anticipées sont aussi évoquées dans cette déclaration. Autre principe défendu par les ministres, l’idée qu’il faut veiller à assurer le plein usage de la toute la force de travail en adaptant les emplois de façon à maximiser la productivité d’une force de travail hétérogène. Enfin, les ministres insistent dans leur déclaration sur la nécessité de veiller à ce que ces réformes rencontrent le soutien politique et social garant de leurs succès, ce qui passe par une meilleure compréhension du défi auquel font face les systèmes de pension, ainsi que par un dialogue constructif et une implication de toutes les parties prenantes.
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a par ailleurs présenté aux ministres les résultats de l'examen de la situation actuelle réalisé par le FMI au titre de l'article IV, ainsi que les perspectives et les politiques en ce qui concerne la zone euro. Le FMI exerce la surveillance des économies et des politiques des pays et régions (y compris la zone euro) qui en sont membres et publie tous les ans une évaluation et des conseils, conformément à l'article IV de ses Statuts.
Comme l’a souligné le commissaire Pierre Moscovici à l’issue de la réunion, le FMI estime, comme la Commission, que "la reprise économique dans la zone euro se poursuit", qu’elle est "solide même si elle reste modeste" et qu’il "faut donc agir pour la renforcer" notamment "parce que les facteurs favorables soutenant la reprise jusqu'à présent devraient diminuer en cours d’année". Jeroen Dijsselbloem a pour sa part listé "les opportunités" qui s’offrent pour le moment et dont il faudrait faire usage, comme par exemple les taux d’intérêt bas, pour régler les problèmes budgétaires et tenter de réduire les niveaux de dette.
L’approche proposée par le FMI, qui a fait l’objet de discussions entre ministres, repose sur quatre piliers :
L’issue du referendum prévu le 23 juin 2016 sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE fait partie des incertitudes pointées dans le rapport du FMI qui estime qu’une sortie du Royaume-Uni de l'UE provoquerait un accès "d'incertitude" et de "volatilité" et conduirait à un ralentissement de la croissance économique. Interrogé à ce sujet à l’issue de la réunion, Jeroen Dijsselbloem a assuré que la zone euro a "la capacité de faire face à n'importe quel choc qui pourrait se produire".
Enfin, les ministres ont eu un échange de vues sur l'évolution de l'inflation et des taux de change au sein de la zone euro au cours des six derniers mois, sur la base d'une évaluation réalisée par la Banque centrale européenne et la Commission européenne.
Un peu plus tôt dans la journée, les ministres des Finances avaient eu l’occasion de se rencontrer au sein du Conseil des gouverneurs du Mécanisme européen de stabilité (ESM) et d’ouvrir la voie au déboursement en début de semaine prochaine de nouveaux prêts européens pour la Grèce, après la mise en œuvre des réformes demandées.
Le directeur général de l’ESM, Klaus Regling a ainsi annoncé que les directeurs du Trésor de la zone euro allaient décider le lendemain "de la seconde tranche de prêts de 10,3 milliards d'euros et d'un premier déboursement de 7,5 milliards d'euros" en vue d’un versement qui pourrait alors lieu en début de semaine prochaine.
"C'est une bouffée d'oxygène qui est très salutaire pour cette économie", a estimé Pierre Moscovici, et "c'est le résultat d'un travail intense pour la mise en œuvre de réformes dont certaines ne sont pas faciles à décider", a-t-il ajouté, lors d'un point presse avec le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos.
Après des mois de négociations laborieuses, les ministres des Finances de la zone euro s'étaient accordés le 24 mai dernier pour reprendre leur aide à la Grèce, comme convenu en juillet 2015 dans le cadre du troisième plan d’aide à la Grèce. La question de la participation du FMI restait cependant ouverte à l’issue de la réunion, Christine Lagarde, interpellée par une journaliste, ayant déclaré que "le FMI n'est pas engagé dans un programme avec la Grèce". "Pour que nous soyons engagés, il faudrait avancer sur la question de la dette", a rappelé Christine Lagarde, tandis que Jeroen Dijsselbloem déclarait, après avoir énuméré un certain nombre de concessions faites par les ministres de la zone euro pour se rapprocher des exigences du FMI sur la dette : "en ce qui me concerne, nous allons faire ce programme ensemble".