Les ministres de l’Agriculture de l’UE se sont réunis le 23 janvier 2017 pour le premier Conseil Agriculture sous présidence maltaise. Le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs, Fernand Etgen, y représentait le Luxembourg.
La Commission a présenté aux ministres une étude relative à l'effet cumulé des accords de libre-échange (ALE) sur le secteur agricole de l'UE.
L'étude de la Commission porte sur douze accords commerciaux à venir dans le secteur agroalimentaire et leur impact sur les prix à la production et la production en volume d'un ensemble de produits représentant 30 % de la valeur des exportations de l'UE dans ce secteur. Les résultats de l'étude montrent que les secteurs laitier et de la viande porcine de l'UE peuvent escompter des bénéfices importants, mais font aussi apparaître des faiblesses pour les secteurs de la viande bovine et du riz en ce qui concerne à la fois les effets sur les échanges et une baisse des prix à la production.
Dans un communiqué de presse diffusé à l’issue du Conseil, le ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs rapporte que l’étude "souligne des perspectives très prometteuses, avec des taux de croissance potentiels importants pour les exportations pour les produits laitiers (en particulier pour le fromage et le lait écrémé en poudre), la viande de porc, le secteur des céréales (en particulier le blé) et les vins et les boissons", mais qu’elle montre aussi "la vulnérabilité des secteurs de la viande de bœuf, de la viande ovine, du riz, de la volaille et du sucre, confirmant ainsi la nécessité de quotas d'importation pour tous les produits sensibles".
Au vu des "risques réels" établis par cette étude, Fernand Etgen a appelé à l’extrême vigilance dans les négociations. Le ministre luxembourgeois a aussi insisté sur l’importance de la transparence des négociations. S’il se dit "en faveur d’une économie et d’une agriculture qui ne cherchent pas le repli sur soi", le ministre rappelle aussi "les efforts considérables réalisés pour parvenir aux standards élevés en termes de normes environnementales, sanitaires et de bien-être des animaux demandés par notre société". "Il faut donc, lors des négociations, absolument tenir compte d’une façon offensive et défensive de ces standards élevés, acquis au prix d'un dur labeur, dans l’intérêt des agriculteurs et consommateurs européens", a plaidé le ministre luxembourgeois.
Fernand Etgen s’est ainsi associé à l’initiative de 12 autres délégations qui voient dans cette étude de la Commission "une première étape pour répondre au besoin de disposer d'un outil de gestion pour aider à déterminer les lignes rouges des éventuelles concessions futures faites par l’UE dans les négociations". Dans une note commune, ces treize pays demandent à la Commission de compléter cette étude et d'entamer un dialogue approfondi avec les États membres afin de définir la couverture des produits et le niveau des contingents tarifaires d’importation proposés par l’UE dans les négociations commerciales. La Commission est invitée à "mieux prendre en compte les efforts déployés par l'UE en ce qui concerne les secteurs sensibles dans le cadre de la politique agricole commune tout en définissant leur traitement dans les négociations commerciales".
Le Conseil a aussi été l’occasion de faire le point sur la situation du marché du lait en Europe suite aux trois paquets de soutien aux agriculteurs, notamment dans le secteur laitier et celui de la viande porcine, qui ont été décidés en septembre 2015, mars 2016 et juillet 2016.
Le commissaire Phil Hogan a fait état d’une reprise avec de bonnes perspectives, et ce y compris en termes de prix, en partie grâce aux mesures déployées par la Commission et aux gains importants sur les marchés d'exportation, notamment aux États-Unis et en Asie.
Fernand Etgen a cependant tenu à nuancer le tableau, comme plusieurs de ses pairs. Certes, le paquet de mesures mis en œuvre en septembre dernier, et notamment les mesures encourageant une diminution de la production, ont certainement été des éléments qui ont contribué à l’augmentation des prix, reconnaît le ministre. Mais, a-t-il souligné, d’autres facteurs ont aussi contribué à cet effet, comme l’augmentation des prix des produits laitiers de base dès août 2016 ainsi que la qualité peu satisfaisante des fourrages en 2016 dans de nombreux pays qui a eu un impact sur le volume de la production laitière. Aussi, du point de vue de Fernand Etgen, "malgré des signes clairs de reprise, la situation pour le secteur laitier reste fragile". Le ministre est d’avis qu’il faut trouver d’autres moyens afin que la transmission de l’augmentation des prix des produits laitiers jusqu’au stade de la production se fasse plus vite. Il considère qu’un renforcement de la collaboration entre les différents acteurs de la chaîne alimentaire est important.