A quelques jours du Conseil ECOFIN du 10 mars 2009, le ministre luxembourgeois du Trésor et du Budget, Luc Frieden, a rencontré le 25 février 2009 le vice-chancelier et ministre autrichien des Finances, Josef Pröll, pour se concerter sur une stratégie commune dans le cadre de la régulation des places financières. L'Autriche et le Luxembourg partagent la particularité de disposer d'un secret bancaire qui a été sérieusement remis en question ces derniers temps, notamment par la France et l’Allemagne.
A l’issue de la rencontre, le ministre Luc Frieden a déclaré au Luxemburger Wort que le Luxembourg et l’Autriche ne sont pas "prêts à abandonner le secret bancaire" même s'il est nécessaire de lutter contre la criminalité fiscale. Luc Frieden et Josef Pröll ont dénoncé l'amalgame couramment pratiqué entre secret bancaire et paradis fiscal. Ils ont aussi rappelé que ce n’est pas le secret bancaire qui a engendré la crise financière comme certains veulent le faire croire. "Le Luxembourg est une place financière bien régulée", a ajouté Luc Frieden, "où le secret bancaire n’est pas destiné à permettre la fraude fiscale".
"L'Autriche et le Luxembourg poursuivent deux objectifs", a rapporté Luc Frieden au journal "La Voix". Le premier consiste à maintenir le secret bancaire comme un élément essentiel de protection de la sphère privée des citoyens. Le second vise à maintenir et à organiser des mécanismes destinés à éviter les abus liés au secret bancaire, notamment en matière d'évasion fiscale. Le mécanisme de la retenue à la source et la collaboration accrue entre pays permettent de limiter ces abus, estime Luc Frieden.
Les deux ministres se sont accordés pour réclamer une discussion globale au sein de l’UE et de l’OECD sur l'ensemble des directives européennes en gestation qui traitent du secret bancaire, une discussion au cours de laquelle il faudra également tenir compte des contradictions relevées dans les différents textes. Outre "une large identité de vue entre l'Autriche et le Luxembourg, nous allons contacter nos amis suisses sur le sujet", a promis Luc Frieden, partant du principe que la Suisse doit être intégrée au processus de discussions sur une coopération optimale des administrations fiscales vu que le capital ne connaît pas les frontières.
Le ministre luxembourgeois s'est également rallié à l'initiative autrichienne d'un plan européen de stabilisation des systèmes financiers de l'Europe de l'Est, que Vienne souhaite faire adopter par les 27 Etats membres de l'Union européenne, comme l’a annoncé le ministre autrichien des Finances Josef Pröll. Le Grand-Duché a "marqué son soutien à l'initiative autrichienne pour garantir la stabilité de l'économie et des marchés en Europe centrale et orientale", a indiqué M. Pröll à l'issue de l’entretien avec Luc Frieden. Les deux pays se sont accordés à penser que "la stabilité conjoncturelle de l'Europe de l'Est concerne l'Europe entière et doit à ce titre être traitée à l'échelle de l'Europe", a-t-il ajouté. L'Autriche milite depuis fin janvier pour un plan d'aide de l'ordre de 100 milliards d'euros pour la consolidation du secteur financier à l'Est. Cette idée doit être examinée au cours du Conseil européen le 19 et le 20 mars 2009.