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Agriculture, Viticulture et Développement rural
Journée d’action des producteurs de lait européens : la LDB lance un ultimatum aux partis politiques luxembourgeois
Leur cheval de bataille : "une régulation flexible des volumes pour des prix de lait justes"
29-04-2009


Luxembourg Dairy BoardLe 29 avril 2009, le LDB (Lëtzebuerger Mellechbaueren), s’est joint à la journée d’action des producteurs laitiers européens du European Milk Board (EMB) qui s’est tenue simultanément dans 14 pays européens. "Une régulation flexible des volumes pour des prix de lait justes", tel est le message qu’ils entendent faire tous passer. Au Luxembourg, un ultimatum a été posé aux partis politiques afin qu’ils prennent position publiquement sur les revendications que leur ont transmises les représentants du LDB, tandis que des pancartes affichant les prix que touchent les producteurs de lait pour un litre de lait pourront attirer l’attention sur les difficultés qu’ils connaissent en raison de prix actuellement très bas.

La situation du secteur laitier

C’est par une conférence de presse que le LDB a lancé une journée d’action qui vise avant tout à faire prendre conscience aux politiques de la situation difficile des producteurs de lait qui, en raison de la baisse des prix du lait, sont confrontés à un écart de plus en plus grand entre le prix payé au producteur et les coûts de production. La LDB s'installe devant la Chambre

Pour expliquer la situation, Fredy de Martines, est revenu sur l’introduction, il y a de cela 25 ans, des quotas laitiers qui devaient permettre de maîtriser la production. Le problème alors, c’est que l’application de cette réglementation européenne était réalisée ensuite de façons très différentes dans les différents pays concernés. Résultat au Luxembourg, il était très difficile d’acheter des quotas. Un autre problème de taille posé par le système de quotas, c’est que ces derniers étaient constants et ne tenaient en aucun cas des fluctuations de l’offre et de la demande. Et les mécanismes d’intervention prévus pour palier cette difficulté n’ont, à ses yeux, pas été bien appliqués.

L’objectif de la Commission européenne est désormais d’arriver à un levée progressive des quotas d’ici 2015, et elle a choisi, pour préparer les producteurs, "un atterrissage en douceur". En bref, les quotas ont ainsi été relevés de 2 % début 2008, et ce à un moment où les prix, après une certaine flambée sur les marchés mondiaux, ont commencé à baisser. "Cette mauvaise décision au mauvais moment", selon les termes de Fredy de Martines, a provoqué de nombreuses réactions dans le secteur laitier au printemps 2008.

En novembre 2008, la Commission a décidé d’augmenter les quotas de 1 % par an pendant cinq ans et cette décision "incompréhensible" est, aux yeux du producteur de lait, "catastrophique pour le marché" puisqu’il y a trop de lait sur le marché et que cela implique une baisse continue des prix. Ainsi, les producteurs de lait luxembourgeois vendent-ils actuellement aux trois laiteries du Grand-Duché un litre de lait au prix moyen de 25 cents, ce qui ne couvre en aucun cas les frais de production et risque de pousser des producteurs à la cessation de leur activité. Une situation inacceptable pour Fredy de Martines, d’autant plus que la pression sur les prix ne semble pas prête de cesser.

"Nous sommes extrêmement déçus par la politique européenne mais aussi par la politique nationale"

Les représentants de la LDB, Lëtzebuerger Mellechbaueren"Nous sommes extrêmement déçus par la politique européenne mais aussi par la politique nationale" a poursuivi le représentant du LDB, car cette tendance à la baisse des prix était prévisible et que les appels du monde de l’agriculture ont été nombreux. Mais ces décisions sont prises selon lui de façon "bornée et arrogante" et ne tiennent pas compte de la situation du secteur.

Les méthodes "ultralibérales" de la Commission sont ici visées, et Fredy de Martines n’a pas manqué de citer le Premier ministre Jean-Claude Juncker qui disait, dans son discours sur l’état de la nation, que "le marché ne règle pas tout si l’Etat ne lui impose pas des règles". Pour le producteur de lait, le gouvernement doit agir et il faut pour cela qu’il représente les intérêts du secteur laitier luxembourgeois à Bruxelles. Le soutien du ministre de l’Agriculture Fernand Boden "à toutes les propositions de la Commission" est ici critiqué. Pour Fredy de Martines, les prétextes selon lesquels la Commission européenne serait trop puissante sont spécieux, car il suffirait pour pousser cette institution à agir dans une autre direction que les ministres de l’Agriculture des différents pays membres défendent au Conseil les intérêts des agriculteurs.

C’est donc dans cet esprit que Fredy de Martines a détaillé les revendications des producteurs laitiers réunis au sein de l’EMB. Car à leurs yeux "seul un marché laitier qui est équilibré par une régulation des quotas gérée par les producteurs laitiers peut garantir l’avenir des exploitations laitières et donc assurer dans toutes les régions d’Europe un approvisionnement des consommateurs en produits laitiers de haute qualité". Leur objectif : "atteindre un assainissement du marché dans les plus brefs délais et obtenir ainsi des prix du lait rémunérateurs de 40 centimes d’euro".

Les partis politiques luxembourgeois, auxquels ces revendications ont été présentées, ont désormais jusqu’au 16 mai 2009 pour prendre position publiquement à leur sujet. Les représentants de la LDB se sont montrés déterminés à tenir compte de cette prise de position dans leurs votes du 7 juin 2009. La balle est désormais dans le camp des partis.

Les revendications de l’European Milk Board (EMB)

1. L’application des quotas doit être immédiatement assouplie et doit se faire en suivant pour critère le prix rémunérateur du lait.

2. Des quotas de réserve doivent être instaurés, qui pourront selon les besoins être autorisés à la production.

3. Pour pouvoir retirer des quotas de la production, l’instrument d’un placement temporaire de ces quotas en leasing doit immédiatement être instauré par l'UE.

4. Les volumes de quotas additionnels qui ont été fixés à 5 x 1% ne pourront être autorisés à la production qu’en fonction de la demande.

5. Le coefficient correcteur de la teneur en matière grasse doit rester au niveau actuel (0,18).

6. Un cadre juridique permettant l’instauration à l’échelle de l’UE de prélèvements financés par les producteurs doit être mis en place.

7. Les produits excédentaires doivent être retirés du marché par achat immédiat et unique et doivent être utilisés sans nuire au marché afin de décongestionner celui-ci et de relever aussi vite que possible le prix payé aux producteurs.

Fredy de Martines a tenu à ajouter une dernière revendication, qui ne figure pas dans la liste définie lors de l’assemblée générale annuelle de l’EMB du 18-19 février 2009. En effet, ainsi qu’il l’a expliqué, quand les prix du lait étaient élevés, les industriels ont utilisé des substituts et des produits laitiers ne contenant pas la moindre goutte de lait ont été commercialisés. A ses yeux, il est donc nécessaire de fixer dans la loi un pourcentage minimum de lait contenu dans les produits laitiers, ou tout au moins de légiférer pour que le consommateur ne puisse acheter ce type de produits qu'en connaissance de cause.