Dans le cadre de l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2010, le Réseau luxembourgeois de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (EAPN) a présenté le 24 mars 2010 les résultats obtenus lors de la 5e Rencontre participative pour l’inclusion sociale. Cette rencontre s’est déroulée le 16 mars 2010 au Centre culturel de Luxembourg-Bonnevoie, et environ 90 personnes, professionnels et personnes défavorisées, y ont participé en vue de discuter des problèmes prioritaires des personnes en situation de pauvreté ou d’exclusion.
Lors de la rencontre, il était prévu de faire la synthèse des revendications des années passées pour en distiller celles qui restent d’actualité. Par ailleurs, les besoins de base et l’accès à la culture étaient discutés dans des ateliers. Les revendications suivantes ont retenu plus spécialement l’attention des personnes concernées :
"Une étude quantitative menée auprès d’une vingtaine de ménages a révélé que les moyens disponibles ne suffisaient généralement pas pour assurer les besoins de base et que certains besoins n’étaient satisfaits que de façon médiocre, faute de moyens financiers, alors que le loyer consomme une très large partie des revenus disponibles", a expliqué Caroline Ludwig de l’EAPN.
Un certain nombre de revendications relatives à une réforme du RMG ont donc été exprimées : il devrait prendre en compte séparément l’impact du loyer et des charges sur les revenus disponibles, les frais réguliers en matière de nutrition, les frais vestimentaires et d’hygiène et les besoins spécifiques impliquant des charges supplémentaires, alors que la partie relative au loyer serait à apprécier individuellement en fonction du loyer. Par ailleurs, le RMG devrait constituer un droit personnel qui ne serait pas dépendant d’une communauté domestique en vue d’éviter de pénaliser des communautés d’habitation.
Selon Karin Manderscheid de l’EAPN, une sorte de RMG Jeunes serait aussi à attribuer aux jeunes, si l’ADEM ne remplit pas son obligation légale de leur fournir endéans les 3 mois un emploi.
En parallèle, il a été relevé que les démarches administratives pour profiter de certains avantages sociaux sont parfois très compliquées et qu’il faudrait veiller à les simplifier.
Au niveau de l’accès au travail, deux points ont attiré principalement l’attention des participants :
le fonctionnement de l’ADEM : à l’heure actuelle, le suivi des personnes à la recherche d’un emploi n’est pas assez poussé et personnalisé faute d’un effectif suffisant. De plus, les placeurs ne prennent pas en compte le profil et les compétences des personnes qui se présentent. Par ailleurs, les personnes en ATI (Affectation Temporaire Indemnisée) ne reçoivent plus d’assignations, ce qui leur enlève la possibilité d’accéder à un emploi plus sûr.
les personnes ayant droit au RMG sont dans certains domaines mieux loties que les personnes travaillant sous ATI, CAE (contrat d'appui-emploi), CIE (contrat d'initiation à l'emploi) ou article 13.3 : d’un côté, elles ont droit à certaines gratuités (p.ex. un abonnement aux transports en commun gratuit), d’un autre côté, il est plus facile d’obtenir un petit prêt si on est bénéficiaire du RMG que si on est dans une mesure de travail.
Les participants ont réitéré la demande de l’introduction d’un tiers payant pour les consultations médicales, alors que ces frais imprévus grèvent de façon importante leurs budgets fragiles.
L’accès à un logement adéquat et abordable reste l’une des préoccupations primaires. Les revendications à ce niveau sont multiples :
Renforcement des bases légales des commissions du loyer communales afin qu’elles puissent contrôler de façon efficace le niveau des loyers.
Création d’un aide étatique permettant aux personnes défavorisées d’acquérir des habitations à bon marché (garantie étatique par rapport à l’apport initial que doit présenter le demandeur de prêt).
Création d’avantages fiscaux pour les propriétaires qui louent à prix modeste à des personnes à faibles revenus.
Suite à l’introduction du Kulturpass - pour lequel 650 personnes ont déjà introduit une demande - la barrière financière a été éliminée dans une large partie. "Néanmoins les prix des transports en commun constituent également un problème", a souligné Karin Manderscheid. Les participants revendiquent donc que le Kulturpass soit combiné à la gratuité du transport en commun. Ils pensent par ailleurs qu’il serait utile que des guidages culturels soient organisés à titre gratuit par l’Etat afin de permettre aux personnes défavorisées d’approfondir leurs connaissances culturelles.
Brigitte Weinandy du Ministère de la Famille et de l’Intégration a précisé qu’en date du 22 mars 2010, une réunion avec des responsables politiques, dont le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, et des fonctionnaires en charge des différents dossiers a eu lieu à la salle des séances du conseil communal de la Ville de Luxembourg. Au cours de cette rencontre, les personnes concernées ont pu présenter aux responsables politiques leurs vues, et un échange a eu lieu entre les deux groupes. L’EAPN va présenter les revendications respectives aux différents Ministres qui n’ont pas pu participer à cette réunion.