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Economie, finances et monnaie
Le parti libéral plaide pour une politique budgétaire plus fiable, plus responsable et plus solidaire
Pour le DP, le statu quo n’est pas une option parce qu’"il mène droit à la catastrophe"
28-05-2010


Claude Meisch, Anne Brasseur et Charles GoerensLe 28 mai 2010, le parti libéral a pris position sur les récentes propositions de la Commission européenne à propos de la gouvernance économique, et plus précisément de l’analyse ex ante des orientations budgétaires nationales. Les députés Claude Meisch et Anne Brasseur, ainsi que l’eurodéputé Charles Goerens ne se sont dits "ni pessimistes, ni optimistes", mais "déterminés à relever le défi" de la crise actuelle dans laquelle se trouvent l’Union européenne et plus particulièrement la zone euro.

Trouver la voie médiane entre assainissement budgétaire et croissance économique

Pour Claude Meisch, la stabilité de l’euro, "deuxième monnaie au monde" et "symbole d’intégration", est une question européenne qui concerne également les marchés mondiaux. Selon le président du DP, la tendance à la baisse de l’euro et la défiance des marchés y liée ont été provoquées notamment par la spéculation et le non-respect du Pacte de stabilité, censé garantir une monnaie unique européenne stable. Le défi pour la zone euro et l’UE est maintenant, d’après le parti libéral, de trouver la voie médiane entre assainissement budgétaire et croissance économique, et ceci de façon "douce, délicate et intelligente".

Le député a par ailleurs tenu à souligner qu’il ne faut pas uniquement faire attention à la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, mais également porter le regard vers le Luxembourg dont le budget sera également déficitaire et dont la dette publique risque de croître dans les années à venir. Pour lui, d’autres efforts d’économie seront donc nécessaires et des réflexions sur de nouveaux mécanismes de contrôle s’imposent afin de garantir le respect du Pacte de stabilité et de retrouver le chemin vers une politique financière stable et rigoureuse.

Un nouvel état d’esprit s’impose en matière budgétaire

Pour Anne Brasseur, présidente de la commission du Contrôle de l'exécution budgétaire de la Chambre des députés et présidente du groupe ALDE au Conseil de l’Europe, une approche différente s'impose, notamment dans les pays qui ont vécu pendant des décennies au-dessus de leurs moyens. La députée a également mis en cause les politiques des subsides, surtout au niveau européen, censées relancer l’économie de certaines régions, qui ne sont actuellement plus à même d’entretenir leurs infrastructures.

Se basant sur un rapport du Conseil de l’Europe, la députée craint par ailleurs que les mesures d’austérité annoncées ces derniers temps par un grand nombre de pays européens ne constituent un terrain fertile non seulement aux émeutes mais aussi à l’émergence du populisme.

Saluant a priori la proposition de la Commission européenne d’un contrôle ex ante des orientations budgétaires nationales, Anne Brasseur a pourtant soulevé une série de questions pratiques et techniques. Qui contrôlera les budgets des Etats membres, et sur quelle base légale ? Qu’en sera-t-il de la séparation des pouvoirs, du principe de subsidiarité et de la souveraineté ? Quel rôle reviendra alors aux parlements nationaux ? Et qu’en sera-t-il de l’exécution du budget ? Outre ces questions, la députée craint que les instances nationales ne puissent alors se cacher derrière Bruxelles pour justifier des mesures impopulaires, ce qui renforcera à ses yeux la lassitude des citoyens vis-à-vis de l’Europe. Abordant la question des crédits non limitatifs, elle a par ailleurs expliqué que la structure du budget luxembourgeois devrait être adaptée aux nouveaux mécanismes de contrôle.

DP"Un nouvel état d’esprit s’impose en matière budgétaire, sinon le contrôle ex ante ne fait pas de sens et nous n’arriverons jamais à joindre les deux bouts", a déclaré Anne Brasseur en guise de conclusion. Et d’ajouter que le gouvernement et la Chambre des députés devraient se mettre autour d’une table pour discuter de toutes ces questions.

De plus de prévisibilité et de solidarité dans la zone euro

"Tout ne va pas si mal", a déclaré Charles Goerens en expliquant que le budget de la zone euro est excédentaire et que l’euro est une monnaie forte. "Mais", a-t-il continué, "il y a une série de points négatifs". A commencer par ce que l’eurodéputé appelle "l’erreur de construction de l’euro", à savoir l’absence d’une politique économique commune encadrant la politique monétaire commune. Ensuite, il pense que les écarts de productivité entre les différents pays est une question importante qui doit être adressée. Il a par ailleurs critiqué le fait que les responsables politiques ont agi de façon trop réactive pendant la crise budgétaire de la Grèce et qu’ils ont "organisé une cacophonie" au sujet de l’euro.

Pour le parti libéral, le statu quo n’est pas une option parce qu’"il mène droit à la catastrophe", ainsi qu'a tenu à le souligner Charles Goerens. "La crise a montré que l’approche intergouvernementale a atteint ses limites", a-t-il critiqué en dénonçant le fait que les responsables politiques ont mis trop de temps pour prendre des décisions et pour réagir. L’eurodéputé pense par ailleurs qu’il faudrait mettre en place des règles plus contraignantes pour sanctionner le non-respect du Pacte de stabilité. "Un gouvernement économique européen, tel que demandé par la France, n’est pas réaliste", a-t-il en outre expliqué.

Pour éviter que la zone euro ne subisse les conséquences négatives d’un effet domino, le parti libéral est d’avis que les responsables politiques doivent réagir rapidement. Le DP est d’accord avec les propositions du commissaire Olli Rehn pour renforcer le Pacte de stabilité. Par ailleurs, les libéraux pensent que la zone euro a besoin d’une politique économique plus intégrée et d’un dispositif de secours permanent pour venir en aide aux pays en difficultés. Finalement, le DP est d’avis que la Commission européenne doit être davantage impliquée dans les décisions et qu’une discussion générale sur les budgets s’impose.

Concernant l’impact qu'aura le "screening" ex ante des orientations budgétaires sur les parlements nationaux, Charles Goerens juge qu’il ne s’agira pas d’une "mise sous tutelle" de la Chambre des députés mais plutôt d’une opportunité de voir ce qui se passe dans les autres parlements nationaux. Pour l’eurodéputé, de tels mécanismes de contrôle n’ont d’ailleurs pas besoin d’un nouveau traité si tout le monde se tient à "ce qui a été convenu" dans les accords dur l’Union économique et monétaire. Et Charles Goerens de citer l’article 136 du traité de Lisbonne qui stipule que "(…) le Conseil adopte (…) des mesures concernant les États membres dont la monnaie est l'euro pour renforcer la coordination et la surveillance de leur discipline budgétaire et élaborer, pour ce qui les concerne, les orientations de politique économique (…)". Il a par ailleurs salué la mise en place du plan de secours de 750 milliards d'euros pour aider les pays de la zone euro, mais il pense que celui-ci doit être remplacé par un Fonds monétaire européen. Et de conclure : "Pour que la chaîne de l’Union économique et monétaire tienne ensemble, nous avons besoin de plus de prévisibilité et de solidarité dans la zone euro."