La réunion informelle des ministres européens de l’Emploi et des Affaires sociales, qui s’est tenue le 8 juin 2010 à Bruxelles, était principalement consacrée à la place de l’emploi dans la nouvelle stratégie Europe 2020 pour l’emploi et la croissance. Ce sujet a été discuté avec le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, au déjeuner de travail. La vice-Première ministre et ministre de l’Emploi belge, Joëlle Milquet, a mené la discussion, en présence du commissaire européen en charge de l’Emploi, des Affaires sociales et de l'Inclusion, László Andor, et de la présidente de la commission de l’Emploi au Parlement européen, Pervenche Berès. Le Luxembourg a été représenté par le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit.
La Présidence a introduit le point relatif à la gouvernance économique en constatant que si l’emploi est au cœur de la stratégie Europe 2020, il devra également être au centre de la future gouvernance économique. Dans son analyse, la Présidence a souligné que cela appellerait deux changements majeurs. Il faudra tout d’abord reconnaître que si l’emploi est un élément de cohésion sociale indéniable, il est aussi (et tout autant) un élément fondamental de compétitivité et un facteur de croissance. Or, cet élément clé des politiques de croissance et de compétitivité, et donc les politiques macroéconomiques, n’a pas reçu l’attention qu’il mérite. Les politiques de l’emploi devront donc être au cœur des politiques macro-économiques et de croissance et de compétitivité, ainsi qu’au centre de la nouvelle gouvernance économique. La Présidence a soutenu le fait que le Conseil EPSCO devra jouer un rôle actif dans ce nouveau cadre de gouvernance de la stratégie Europe 2020/gouvernance économique en optimalisant toutes les potentialités de l’article 148 du Traité.
Un tour de table a permis d’établir une vision convergente sur la volonté des ministres de l’Emploi de placer l’emploi au cœur de la stratégie Europe 2020 et des mécanismes de gouvernance, en y intégrant le rôle du Conseil EPSCO et en souhaitant l’adaptation de son travail au cycle de futur "Semestre européen". Ils ont souhaité que les recommandations sur l’emploi deviennent un élément intégré des recommandations économiques globales et par pays qui seront adressées annuellement dans le cadre du nouveau "Semestre européen". Ils ont également souligné que l’article 148 du Traité devrait fonder les mécanismes de surveillance qu’ils soient macro-économiques ou thématiques.
Le président du Conseil européen, Herman van Rompuy, s’est montré ouvert à l’analyse et aux propositions des ministres. Il a démontré à quel point seule une croissance porteuse d’emplois pouvait permettre de sortir de la crise et à quel point l’emploi était un facteur de compétitivité. Il a considéré que l’EPSCO devrait jouer un rôle plus important dans la future gouvernance économique, que la coordination avec le Conseil ECOFIN était indispensable et que l’articulation entre les surveillances macro-économiques et thématiques devaient être revues.
Les ministres se sont également penchés sur les grandes lignes des nouvelles stratégies qui doivent être mises en œuvre pour aborder les nouveaux défis dans les politiques de l’emploi. Face au défi du changement démographique et afin d’anticiper les conséquences majeures de l’allongement du temps de la vie, les ministres ont discuté les pistes de travail futures à mettre en œuvre dans le cadre des politiques de l’emploi. Face à la diminution globale du nombre de travailleurs, et ses conséquences sur la croissance économique et sur nos finances publiques, les ministres ont souligné la nécessité d’augmenter la participation au travail et le vieillissement actif, la nécessité d’adapter l’organisation de la carrière et les conditions de travail tout au long de la carrière professionnelle, ainsi que l’équilibre vie privée/vie professionnelle, la formation continue, et la santé et sécurité au travail. Face à l’augmentation des demandes de services à la personne, les ministres ont mis en évidence la nécessité de créer des "emplois blancs" et les questions spécifiques liées à la formation et aux qualifications, ainsi que celle du financement de ces emplois.
Face au défi climatique, la transition vers une économie bas-carbone entraînera des mutations économiques et industrielles d’ampleur qui affecteront les marchés de l’emploi. Les ministres ont largement débattu des changements et conséquences de la transition vers une économie plus verte sur les marchés de l’emploi. Les ministres se sont tout d’abord accordés à reconnaître le potentiel d’emplois important que représentent les "emplois verts". Ils ont insisté sur la nécessité de l’anticipation et le rôle des compétences et des qualifications nécessaires à la transition vers l’économie bas-carbone. Ils ont par ailleurs souligné le rôle des services publics de l’emploi et de l’accompagnement des travailleurs, en particulier les plus vulnérables, ainsi que le rôle des fonds structurels européens. Dans ce contexte, les ministres ont salué l’annonce de la Commission européenne de publier un document de travail sur l’emploi et le défi climatique. La Présidence a rappelé qu’elle ferait du développement des emplois verts et des politiques de l’emploi face au changement climatique une de ses priorités politiques essentielles, afin d’aboutir à des conclusions politiques concrètes et ambitieuses sur le sujet lors du conseil EPSCO de décembre 2010.
Dans une interview publiée le 9 juillet 2010 par le Tageblatt, le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, a salué la présence d’Herman Van Rompuy au Conseil informel EPSCO, ainsi que sa réaction aux craintes des ministres face à la mise en place d’une gouvernance qui permet de coordonner les politiques économiques et répond en même temps aux questions d’emploi. Selon le ministre, la gouvernance ne devrait pas uniquement miser sur la réduction des déficits budgétaires et les déséquilibres, vu que le chômage constitue "le premier des déséquilibres".
Nicolas Schmit espère que le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, saura transmettre, au sein de la Task Force, l’importance des politiques de l’emploi et du rôle du Conseil EPSCO dans la future gouvernance économique. "Le Conseil des ministres de l’Emploi doit par ailleurs intensifier son travail s’il veut jouer un rôle dans la conception de la politique économique et sociale", a-t-il souligné. Ce travail serait prospectif dans la mesure où il se concentrerait sur les qualifications et sur les nouveaux emplois, tels que les emplois blancs ou verts.
Abordant le Livre vert sur les retraites présenté le 7 juillet 2010 par la Commission européenne, Nicolas Schmit a expliqué que tous les ministres sont conscients du fait que le vieillissement de la population constitue un problème pour le financement des pensions et rentes, mais qu’il y a également un problème des séniors sur le marché du travail. Pour le ministre, il est d’ailleurs insignifiant de discuter de l’âge du départ à la retraite si on ne peut pas garantir des emplois aux salariés âgés de plus de 50 ans. Ces derniers seraient souvent "poussés dehors", et il serait donc primordial de s’aborder le maintien dans l’emploi.