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Budget de l'Union européenne
Frank Engel plaide pour que le budget de l’UE atteigne 5 à 10 % du PIB de l’UE, ce qui devrait, selon lui, aller de pair avec un élargissement des compétences européennes
09-05-2011


En tant que membre de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale (CRIS) et de la commission spéciale sur les défis politiques et les ressources budgétaires pour une Union européenne durable après 2013 (SURE) au Parlement européen, l’eurodéputé luxembourgeois Frank Engel (PPE) a bien l’intention de faire entendre sa voix dans les discussions sur les perspectives financières de l’UE. Et il veille à faire passer ses idées dans les rapports que rédigent ces deux commissions spéciales.

Son credo ? L’UE n’a pas les moyens nécessaires pour faire face à ce qui attend les 27 Etats membres dans les années à venir. Les exemples cités par le jeune eurodéputé ne manquent pas : la sortie allemande du nucléaire va coûter au pays 250 milliards d’euros, la lutte contre le changement climatique et ses conséquences dans les pays du tiers monde devrait coûter aux Etats membres 7 milliards d’euros par an d’ici 2012, auxquels ils devront ajouter 30 milliards d’euros chaque année. Frank Engel cite encore les 2000 à 3000 milliards d’euros que l’UE devrait selon lui avoir sous la main d’ici 2020 pour financer les changements dans le domaine énergétique, dont 1000 auraient à provenir des fonds publics. Sans compter la nécessité de réduire la dette dans la zone euro que le député ne perd pas de vue.

Il est donc temps de changer radicalement de paradigme, de faire un "saut quantique" pour pouvoir approfondir l’union politique et l’intégration économique, plaide Frank Engel qui estime que l’UE et son union monétaire ont besoin d’un budget assez important pour que la monnaie "puisse respirer".

Pour le député, le budget de l’UE devrait atteindre 5 à 10 % du PIB de l’UE, au lieu des 1 % actuels. Frank Engel propose donc que, dans le cadre des prochaines perspectives financières, prévues pour la période 2014-2020, le budget de l’UE soit augmenté chaque année de 1 % du PIB.

Frank Engel est bien conscient que les Etats membres ne sont pas prêts à franchir ce pas, et bien au contraire, il rappelle lui-même que certains pays comme l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, ont adressé à la Commission européenne un courrier l’enjoignant à limiter le budget de l’UE en-dessous du seuil de 1 % du PIB. Quant à la Commission, rappelle Frank Engel, elle présentera sa proposition en juillet.

Pour Frank Engel, l’augmentation du budget de l’UE devrait aller de pair avec un élargissement des tâches confiées à l’UE.

"Dans les cercles européens, on se soucie du fait que l’Union ne pourra échapper à une politique de dépenses plus efficiente en raison des obligations de réduction de la dette contenues dans le pacte Euro-Plus, des décisions en matière de politique climatique et des dépenses engagées pour soutenir la monnaie unique", explique Frank Engel, qui cite pour commencer la politique étrangère. Ce sont en effet 2000 représentations diplomatiques qui sont entretenues par l’ensemble des Etats membres, et il y a là "un grand potentiel d’optimisation" selon le député.

"Il n’est plus question que l’on mette en œuvre, dans certains domaines, 27 plus 1 politiques", estime l’eurodéputé qui appelle à ce que l’UE soit compétente dans des domaines qui relèvent actuellement des politiques nationales, comme la politique étrangère certes, mais aussi en matière d’énergie et de transports, de coopération au développement ou encore de recherche.

Cela permettrait de soulager les budgets nationaux, précise Frank Engel qui assure "que le niveau optimal pour faire de la politique n’est plus celui de l’Etat national aujourd’hui". Pas question pour autant de le supprimer, mais il est temps de déléguer à l’UE un plus grand nombre de domaines relevant de la souveraineté nationale.

Frank Engel s’est donc réjoui que le projet de rapport sur la crise financière se fasse l’écho de nombre de ses préoccupations.

Les députés de cette commission recommandent notamment "qu'au regard de l'importance pour l'Union de s'engager directement dans les domaines de compétences partagées et de la nécessité, dans la période d'incertitude économique où elle se trouve, de maintenir un fort niveau d'investissement public, celle-ci doit augmenter sa capacité budgétaire, y compris en définissant de nouvelles ressources propres, par exemple grâce au prélèvement, au bénéfice de l'Union européenne, de points de l'impôt sur les sociétés".

L’eurodéputée Astrid Lulling (PPE) a salué la proposition de son jeune collègue comme une "proposition intéressante". Mais elle appelle à aussi à économiser de façon intelligente dans le nouveau cadre budgétaire qui sera élaboré. Il s’agit par exemple de ne pas réduire les subventions agricoles, plaide l’eurodéputée.