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Énergie
Claude Turmes et Henri Kox s’en prennent à la politique nucléaire du gouvernement au niveau européen
30-05-2011


Claude Turmes et Henri Kox, conférence de presse du 30 mai 2011Après avoir soumis le gouvernement à un premier test de résistance sur sa politique énergétique à la mi-avril 2011, l’eurodéputé Claude Turmes et le député Henri Kox ont récidivé le 30 mai 2011. Le bilan qu’ils tirent de ce nouveau "stress-test" n’est pas meilleur que le précédent, et les Verts réitèrent nombre de leurs revendications à l’égard du gouvernement. Pourtant, les Verts relèvent qu’ailleurs en Europe, les choses avancent, en témoignent les toutes récentes décisions en Allemagne et en Suisse vers un retrait du nucléaire. Tout n’est donc question que de volonté politique, affirment les deux parlementaires….

Les sorties du nucléaire s’annoncent

Le premier constat de Claude Turmes, c’est que pour l’énergie nucléaire, l’atmosphère a changé en Europe. Les Suisses, qui s’étaient encore exprimés contre la sortie du nucléaire en mai 2003, qui avaient refusé le gel de la construction de nouvelles centrales, et dont le gouvernement avait décidé en février 2007 de remplacer les actuelles centrales, la Suisse aussi qui avait identifié trois sites pour trois nouvelles centrales en 2010, cette même Suisse a décidé le 25 mai 2011 de suspendre les projets de renouvellement des centrales et annoncé une sortie progressive de l'énergie nucléaire programmée pour 2034, une décision soutenue selon des sondages par 75 % des citoyens.

Le gouvernement allemand CDU-FDP a décidé de son côté de sortir du nucléaire d’ici 2022. Les huit centrales les plus anciennes qui avaient été arrêtées quelques semaines après la catastrophe de Fukushima le resteront. Les autres seront arrêtées en 2022. Si les Verts allemands se retiennent pour soutenir cette décision, c’est que le gouvernement n’a pas encore offert des négociations à l’opposition dont ils font partie.  

Les tests de sécurité : "pas sérieux"

Dans un tel contexte, Claude Turmes a analysé la position du gouvernement luxembourgeois dans le débat européen sur les tests de sécurité.

Il a rappelé les péripéties autour de l’accord au sein du groupe des régulateurs européens dans le domaine de la sûreté nucléaire – ENSREG : Un accord est d’abord trouvé. Ensuite le commissaire européen Oettinger le récuse parce qu’il exclut les questions liées aux accidents d’avion et au terrorisme. Finalement un accord à deux volets sur des tests de sécurité en trois phases – évaluation par les opérateurs eux-mêmes, puis supervision nationale, finalement contrôle européen et multinational -  est conclu au cours d’une renégociation. Cet accord est possible parce que, selon Claude Turmes, des gouvernements, dont le gouvernement luxembourgeois, et le commissaire européen ont cédé.

Pour le député européen, l’accord sur les tests de sécurité n’est pas sérieux, parce qu’ils sont volontaires au lieu d’être obligatoires. Ils excluent par ailleurs de fait la prise en considération d’accidents d’avion, sauf de manière indirecte. 

Cattenom : le Luxembourg sur le point de se faire berner

Dans ce contexte, et à la lumière de la préoccupation particulière que représente la centrale de Cattenom pour le Luxembourg, Claude Turmes a rappelé ce que Jean-Claude avait déclaré dans sa déclaration sur l’état de la nation le 6 avril 2011, et de nouveau lors de la visite du ministre français des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, que si certains éléments, comme la chute d’un avion sur la centrale de Cattenom, n’étaient pas analysés, et la preuve n’était pas rapportée que la chute d’un avion ne déclencherait pas une catastrophe radioactive,  alors Cattenom devrait être débranché.

Or, selon Claude Turmes, les tests de sécurité ne permettront pas d’apporter une telle preuve. Il n’y a pas plus d’accord écrit entre le Luxembourg et la France sur ces accords, et rien n’a été dit non plus sur la phase à partir de laquelle le Luxembourg participerait aux tests de sécurité sur Cattenom.

Pour Claude Turmes, face aux pays pro-nucléaires comme la France et le Royaume Uni, les pays "anti-nucléaires" de l’UE devraient s’unir et développer d’autres positions. Ils devraient surtout miser, pour assurer la sécurité de l’approvisionnement en énergie de l’UE, sur le 100 % d’énergies renouvelables vers 2050. En attendant, le gouvernement luxembourgeois ne défend pas assez bien selon l’eurodéputé vert les positions luxembourgeoises et serait sur le point de se faire berner sur Cattenom.      

Arrêter ITER

Sur la question du financement du projet de recherche ITER sur la fusion nucléaire, Claude Turmes a constaté, comme lors du dernier stress-test, que le gouvernement luxembourgeois n’avait pas plus fait part de son opposition au projet au niveau européen.

D’après l’eurodéputé, le Luxembourg entend voter contre le projet pour ce qui concerne le budget, un domaine qui requiert la majorité qualifiée dans le cadre de laquelle la voix du Luxembourg n’empêchera donc pas les choses de se faire, tandis que le Grand-Duché a l’intention de s’abstenir lorsqu’il s’agira de voter sur le volet relevant d’Euratom. Dans ce domaine, l’unanimité est requise et, du point de vue de Claude Turmes, "le Luxembourg n’a pas le courage de voter contre".

L’eurodéputé dénonce "la lâcheté" d’un gouvernement qui n’est pas "conséquent" et ne réalise pas par ses actes ce qu’il a annoncé à la Chambre des députés lors de la déclaration sur l’état de la nation. Pour déi gréng, le Luxembourg doit faire usage de son droit de veto sur ce dossier. Le budget du projet ITER, qui atteint en tout 16 milliards d’euros, représente en effet cinq fois l’argent investi dans la recherche sur les énergies renouvelables, ce que ne manquent pas de regretter déi gréng.

De façon générale, pour Claude Turmes, il importe que le Luxembourg s’efforce de construire, tant sur les questions de recherche, d’assurances que du grand dossier énergétique qui se profile avec le Roadmap 2050, une "dynamique politique" autour de pays européens ayant des sensibilités proches. Il s’agit de construire une majorité pour un avenir énergétique sans nucléaire et qui laisse la part belle aux énergies renouvelables. Car le "match" qui va opposer les pays pro-nucléaire et leurs opposants approche à grands pas.