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Economie, finances et monnaie
"Il ne s’agit pas qu’en tant que zone euro, nous regardions, comme installés à la tribune des spectateurs, la fuite des capitaux" grecs, a déclaré Jean-Claude Juncker
27-02-2012


Alors que la Grèce lançait, dans la soirée du 24 février 2012, la procédure d'échange des obligations détenues par ses créanciers privés, Jean-Claude Juncker était en visite à Stralsund auprès de la chancelière allemande Angela Merkel. Le président de l'Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois s’y est dit "plein d'espoir" en raison du sentiment qu’il a que "le gouvernement grec sous la direction du Premier ministre Papademos prend ses responsabilités très au sérieux". "Personne ne doit croire que la Grèce se relèvera rapidement, mais personne ne doit non plus croire que la Grèce s'en sortira sans notre solidarité et sans politique de croissance organisée. Nous allons nous en charger", a-t-il déclaré après avoir annoncé que les ministres des Finances de la zone euro se réuniront en amont du Conseil européen des 1er et 2 mars 2012 pour examiner les mesures prévues de la Grèce, afin que le deuxième plan d’aide de 130 milliards d'euros puisse être activé.

C’est dans ce contexte qu’il a accordé au journaliste Jens Burmeister un bref entretien paru dans le quotidien Märkische Allgemeinebrandebourgeois Märkische Allgemeine le 27 février 2012.

Lorsque le journaliste lui demande s’il exclut l’octroi d’un nouveau plan d’aide à la Grèce, Jean-Claude Juncker explique qu’il ne saurait exclure "que des efforts supplémentaires de notre part" puissent être "nécessaires au vu de la situation internationale incertaine". Il rappelle par ailleurs ne pas partir du principe que les choses seront rétablies en dix ans en Grèce : "il ne s’agit pas seulement de prendre des mesures d’économie, mais aussi de mettre en œuvre des réformes structurelles ouvrant des perspectives de croissance à la Grèce", souligne-t-il en effet.

Qu’adviendrait-il si, après les élections d’avril, les partis arrivant au pouvoir refusaient de tenir les promesses de réformes qui ont été faites, demande ensuite Jens Burmeister. Jean-Claude Juncker commence par rappeler que les leaders des deux principaux partis de la coalition, les socialistes du Pasok et les conservateurs de Nea Dimokratia, se sont engagés par écrit à s’en tenir au programme d’ajustement tout juste voté au parlement. Mais il explique aussi que, si des partis extrémistes devaient se voir renforcés au point que le Pasok ou Nea Demokratia ne seraient pas en mesure de constituer une coalition capable d’obtenir la majorité, et si venaient à gouverner des hommes politiques qui se détourneraient du programme d’aide, "nous prendrions nous aussi congé". Pour autant, Jean-Claude Juncker assure que ce n’est pas là son hypothèse de travail dans la mesure où il part du principe que la Grèce va s’en tenir aux conditions et qu’un des grands partis pourra constituer un gouvernement stable. "Je ne pense donc pas que allons vers une faillite désordonnée de la Grèce", conclut le président de l’Eurogroupe.

Pourquoi l’Europe a-t-elle fait si peu pour empêcher la fuite des capitaux ? A cette question du journaliste brandebourgeois, Jean-Claude Juncker souligne qu’une semaine auparavant, le compte d’un millionnaire grec a été bloqué en Suisse pour la première fois, ce qui, selon lui "est arrivé beaucoup trop tard". "Il ne s’agit pas qu’en tant que zone euro, nous regardions, comme installés à la tribune des spectateurs, la fuite des capitaux", affirme ainsi Jean-Claude Juncker. A ses yeux, les riches Grecs qui ne s’acquittent pas de leurs impôts, et agissent ce faisant contre les intérêts de leur peuple, doivent être poursuivis. "Certes, il n’est pas simple de résoudre le problème de l’évasion des capitaux du fait de la liberté du marché du capital en Europe, mais nous devons nous attaquer au problème", conclut le Premier ministre luxembourgeois.