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Environnement
"Nous avons besoin d’urgence d’une réforme du système européen d’échange de quotas d’émissions", plaide l’eurodéputé Claude Turmes qui dénonce, avec déi gréng, les bénéfices qu’ArcelorMittal tire de la surallocation de droits d’émissions
17-04-2012


Dans un communiqué de presse diffusé le 16 avril 2012, déi gréng appellent de leurs vœux une réforme du système communautaire d’échange de quotas d’émissions (EU-ETS). L’objet de leurs griefs ? Des informations divulguées dans la presse selon lesquelles le géant de l’acier ArcelorMittal serait sur le point de gagner plus de 500 millions d’euros grâce à ses droits d’émissions de CO2 non-utilisés en 2011.

La Commission européenne a publié le 11 avril 2012 son rapport sur les "émissions vérifiées" en 2011 et l’on peut constater dans ce fichier peu amène que, ne serait-ce que pour les trois sites luxembourgeois de Belval, Differdange et Schifflange, ArcelorMittal n’a en effet pas utilisé tous les quotas qui lui ont été alloués en 2011, puisque sur les près de 300 000 tonnes allouées, plus de 86 000 n’ont pas été utilisées. Il en avait été de même au cours des années précédentes, le fichier remontant jusqu’en 2008, et montrant que les droits d’utilisation de ces quotas non utilisés restent "ouverts".

"Les deux groupes sidérurgiques qui comptent parmi les 20 plus grands émetteurs de CO2 dans l’UE auraient, selon des données de la Commission, accumulé, dans le cadre du système communautaire d’échange de quotas d’émissions, près de 60 millions de tonnes de droits d’émissions qu’ils peuvent maintenant mettre sur le marché", dénoncent les Verts luxembourgeois dans leur communiqué en rappelant que ces droits à polluer sont répartis entre les Etats membres jusqu’en 2013. Les écologistes expliquent en partie la surallocation de quotas d’émissions à la baisse de la demande en acier liée à la crise, mais ils s’en prennent aussi aux Etats membres qui n’ont pas affiché la volonté de réduire les droits d’émissions alloués de façon significative, ce qui aurait augmenté le prix de la pollution et aurait par conséquent stimulé les investissements en matière de lutte contre le changement climatique et d’efficacité énergétique.

"Nous avons besoin d’urgence d’une réforme du système européen d’échange de quotas d’émissions", plaide ainsi l’eurodéputé Claude Turmes. A ses yeux, une réduction drastique des droits d’émissions est nécessaire, mais il insiste aussi pour que la réforme mette à contribution les entreprises sidérurgiques. "Il est inacceptable qu’ArcelorMittal empoche plus de 500 millions d’euros sans avoir apporté la moindre contrepartie écologique ou sociale", juge l’eurodéputé qui déplore que l’entreprise néglige de la sorte son métier et devienne de plus en plus un spéculateur financier. "L’entreprise devrait investir cet argent dans la modernisation écologique et donc dans la sauvegarde des sites de production et des emplois, au Luxembourg et ailleurs en Europe", estime Claude Turmes.

L’eurodéputé invite ainsi le ministre de l’Economie, Etienne Schneider, et Jeannot Krecké, son prédécesseur qui siège encore au Conseil de surveillance du groupe sidérurgique au nom du gouvernement luxembourgeois, à faire pression pour que les bénéfices tirés de la surallocation en quotas d’émissions servent à la modernisation écologique et à la sauvegarde des sites. Le député Camille Gira a d’ailleurs invité le ministre concerné à venir discuter du sujet en commission à la Chambre.