Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie
Soulagement au lendemain des élections en Grèce : l’espoir renaît de voir constitué un gouvernement qui mette en œuvre le programme auquel la Grèce et la zone euro se sont engagées en début d'année
17-06-2012


A la veille d’un scrutin attendu en Grèce – les élections législatives se tenaient en effet le 17 juin 2012 suite à l’échec des partis politiques à constituer un gouvernement à l’issue du scrutin du 6 mai dernier -, Jean-Claude Juncker expliquait dans les colonnes du quotidien autrichien Kurier l’enjeu que représentaient à ses yeux ces élections. "Si la gauche radicale l'emporte... les conséquences sur l'union monétaire sont imprévisibles", déclarait-il, soulignant que l'UE devait discuter avec le nouveau gouvernement grec, quel qu'il soit.

Dans les semaines qui ont précédé le vote, c’est souvent l’avenir de la Grèce au sein de la zone euro qui était présenté comme le principal enjeu de ces élections, un nouveau néologisme ayant fait son apparition dans les pages de la presse internationale : le scénario du GREXIT. Cette éventuelle sortie de la Grèce de l’euro serait, expliquait Jean-Claude Juncker, "indépendamment des conséquences économiques et sociales pour la Grèce seule, un préjudice pour la zone euro et pour la cohésion de la zone euro". "Il faut empêcher cela. Cela aurait un effet dévastateur. Les Grecs doivent en être conscients", poursuivait-il. "Cela doit être clair pour les Grecs. On ne peut pas négocier sur le contenu du programme d'austérité pour la Grèce", avertissait-il encore.

Antonis Samaras a appelé tous les partis pro-euro à rallier un "gouvernement d'union nationale"

On comprend donc le soulagement avec lequel ont été accueillis les premiers résultats des élections, donnant le parti Nouvelle Démocratie vainqueur, avec 29,5 % des voix, ce qui lui assurerait 128 sièges sur les 300 que compte le Parlement grec. S'estimant vainqueur du scrutin, le leader de ce parti, Antonis Samaras, a appelé tous les partis pro-euro à rallier un "gouvernement d'union nationale".

 Le parti de gauche Syriza a toutefois poursuivi son ascension avec 26,65 % des voix, soit 71 sièges, contre 16,78 % lors du scrutin du mois de mai qui l'avait propulsé deuxième parti du pays. Le Pasok, parti socialiste, arrive en troisième place avec 12,46 %, soit 33 sièges.

L’Eurogroupe attend la formation rapide d'un nouveau gouvernement grec qui mette en œuvre le programme auquel la Grèce et la zone euro se sont engagées en début d'année

L’Eurogroupe, que préside Jean-Claude Juncker, a aussitôt réagi par voie de communiqué, prenant note de résultats "qui ouvrent la voie à la formation d'un gouvernement qui dispose du soutien de l'électorat pour ramener le pays sur le chemin d'une croissance durable". "L’Eurogroupe attend la formation rapide d'un nouveau gouvernement grec qui mette en œuvre le programme auquel la Grèce et la zone euro se sont engagées en début d'année", indique le communiqué. Les ministres des Finances de la zone euro reconnaissent "les efforts considérables qu'on déjà dû faire les citoyens grecs" et se disent "convaincus que les réformes structurelles et budgétaires sont le meilleur moyen pour la Grèce de surmonter les défis sociaux et économiques et d'aller vers un avenir plus prospère au sein de l'Union monétaire". L’Eurogroupe "attend que les institutions de la troïka retournent en Grèce dès qu'un nouveau gouvernement sera en place et se préparent au premier examen de la situation du pays, dans le cadre du second plan d'aide".

"Nous continuerons à soutenir la Grèce en tant que membre de la famille de l'UE et de la zone euro", assurent José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy

Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne ont fait part depuis Los Cabos, où se tient un sommet du G20, de leur "espoir que les résultats de l'élection permettront qu'un gouvernement soit formé rapidement". "Nous continuerons à soutenir la Grèce en tant que membre de la famille de l'UE et de la zone euro. Nous nous tenons prêts à poursuivre notre assistance", ont-ils poursuivi. "Le deuxième programme d'ajustement économique convenu entre la Grèce et l'Eurogroupe est la fondation sur laquelle bâtir pour favoriser la croissance, la prospérité et l'emploi pour le peuple grec. Nous nous tenons prêts à assister la Grèce pour atteindre ces objectifs", ont-ils conclu.

"L'important c'est que soit formé un gouvernement pro-européen qui ne remette pas en cause tout ce qui a été négocié", juge Guido Westerwelle

Dès les premières estimations des élections législatives grecques connues, Guido Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères a réagi en disant être en mesure d’imaginer que les délais de mise en œuvre du programme de réforme soient rediscutés. "L'important c'est que soit formé un gouvernement pro-européen qui ne remette pas en cause tout ce qui a été négocié", a-t-il déclaré. Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a salué "la décision des électeurs grecs de poursuivre la mise en œuvre de réformes économiques et fiscales profondes". La chancelière Angela Merkel a rapidement téléphoné à Antoni Samaras pour le féliciter de "son bon résultat". Elle a déclaré qu'elle "partait du principe que la Grèce allait respecter ses engagements européens".

En Belgique, l'ancien ministre des Finances Didier Reynders a aussi affirmé qu'il existait une marge de dialogue possible sur les délais de mise en œuvre" du mémorandum conclu entre Athènes et ses créanciers. "Il faut que les Européens accompagnent les Grecs vers la croissance, il faut de la discipline mais il faut aussi de l'espoir", a renchéri le ministre français des Finances Pierre Moscovici. Le gouvernement britannique s'est lui dit prêt à travailler avec le prochain cabinet grec, "quel qu'il soit".

Déi Lénk : "La lutte de Syriza a ouvert une brèche et elle sert d’exemple pour les partis de la Gauche européenne"

Au Luxembourg, Déi Lénk se sont faits l’écho du parti de la Gauche européenne pour saluer le succès de leurs "ami-e-s et camarades de Syriza" qui ont "largement consolidé leur position de première force politique de gauche en Grèce, loin devant la social-démocratie du PASOK". "La lutte de Syriza a ouvert une brèche et elle sert d’exemple pour les partis de la Gauche européenne", clamaient-ils ainsi au lendemain des élections.

"Dans une campagne incomparable ils ont su montrer à toute l’Europe qu’une politique pro-européenne, internationaliste mais anti-libérale et de justice sociale est capable d’entrer dans une offensive politique et de changer ainsi le rapport de force au sein d’une société", se sont-ils félicités par voie de communiqué. Tout au long de la campagne, ils avaient dénoncé "le chantage de la droite" et ils condamnent "les récentes déclarations de Juncker et Asselborn faisant semblant que le vote aurait été un vote pour l'euro, alors que SIRIZA a toujours prôné le maintien dans l'euro". Aux yeux des militants de la Gauche luxembourgeoise, "ce sont les gouvernants d'Europe qui ont lié “euro” et “austérité”, enlevant ainsi tout choix politique au peuple grec dans le cadre de la construction européenne". Ils relèvent d’ailleurs que "les partis d’austérité, qui se sont soumis aux diktats de la troïka UE-BCE-FMI, à savoir la Nea Demokratia (qui est de justesse arrivé devant Syriza) et le PASOK restent minoritaires dans l’électorat grec", des partis jugés "largement responsables des fautes politiques du passé: clientélisme, fuites fiscales exorbitantes, etc."