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Justice, liberté, sécurité et immigration
Le STATEC se penche sur les flux migratoires, le Luxembourg ayant affiché un solde migratoire record en 2011
05-06-2012


Dans le numéro 13 de sa publication "Regards", le STATEC jette un regard sur les flux migratoires. Le solde Le STATEC a consacré le numéro 13/2012 de sa publication Regards aux flux migratoiresmigratoire au Luxembourg continue d’augmenter au cours des dernières années : avec 20 268 personnes qui se sont installées au Grand-Duché en 2011, les arrivées atteignent un sommet. Etant donné que les départs stagnent, le solde migratoire se situe à + 11 004, un niveau jamais atteint jusqu’ici. C’est ce qui ressort notamment de l’analyse menée par Germaine Thill et Paul Zahlen, qui se penchent tout particulièrement sur deux groupes de migrants : les personnes provenant des pays du Sud de l’Europe frappés par la crise, et celles qui viennent des trois pays voisins du Luxembourg. La part des Espagnols, Grecs, Italiens et Portugais dans le solde migratoire total est de 41 % en 2011 et ces personnes ont représenté 32 % du total des arrivées, mais seulement 22 % des départs en 2011. La part relative des migrants originaires des trois pays voisins dans le solde migratoire total au Luxembourg a elle fortement diminué : de 32.7 % en 2008 à 23.7 % en 2011, les départs dépassant désormais de peu les arrivées.

Un solde migratoire record en 2011

Si le Luxembourg est connu pour être le pays européen où la part des étrangers et des personnes nées à l’étranger dans la population atteint des sommets : 43 % d’étrangers et 32 % de personnes nées à l’étranger au 1er janvier 2011, les flux migratoires sont moins bien connus. Or, le solde migratoire est la résultante des arrivées (immigration) et des départs (émigration). Les deux statisticiens luxembourgeois se sont donc penchés sur l’étude séparée de ces flux. Les chiffres sur lesquels ils se sont basés ne comptent pas les personnes non enregistrées, ni les personnes entrant et sortant du territoire au cours d’une seule et même année, dans la mesure où elles ne sont pas saisies statistiquement.

Globalement, l’immigration est en hausse très forte depuis le début des années 2000, observent les deux statisticiens. On passe de 11 765 arrivées en 2000 à 20 268 arrivées en 2011. C’est surtout à partir de l’année 2006 qu’on note une accélération des entrées au Luxembourg, avec toutefois un tassement significatif en 2009, c’est-à-dire au plus fort de la crise économique et financière au Luxembourg. On passe de 17 758 à 15 751 arrivées de 2008 à 2009. A partir de 2010 - et surtout en 2011 -, le flux des entrées se réoriente à la hausse. Le nombre d’entrées évolue de 15 751 en 2009 à 16 962 en 2010 (+ 1 211) et on passe à 20 268 arrivées en 2011 (+ 3 306).

En ce qui concerne les départs, Germaine Thill et Paul Zahlen constatent également une tendance à la hausse de 2003 à 2008. Cette hausse est cependant beaucoup moins marquée que celle des entrées. Il y a eu 7 746 départs en 2003. On a atteint le chiffre de 10 674 en 2007. De 2007 à 2009, les départs reculent (9 168 en 2009), puis stagnent. Les 9 264 départs de 2011 se situent en-dessous du niveau de 2002 où on avait enregistré 9 452 émigrants.

Conséquence sur le solde migratoire : la forte hausse des arrivées (à l’exception de l’année 2009) et la hausse moins rapide, puis le recul suivi d’une stagnation des départs, fait qu’en tendance le solde migratoire augmente de façon considérable. Il évolue de 3 431 personnes en 2000 à 7 700 en 2008. Le recul des arrivées lors de l’année de crise 2009 entraîne un tassement parallèle du solde migratoire (6 583 en 2009). Depuis, la hausse exceptionnelle des arrivées et la stagnation des départs expliquent le fait que le solde migratoire atteint un sommet jamais atteint jusqu’ici au Luxembourg (11 004 en 2011).

Des flux migratoires liés à la crise

Les deux statisticiens observent que, depuis 2007, dans les pays les plus touchés par la crise économique et financière, puis par la crise de la dette (les pays du sud de l’Europe, ainsi que l’Irlande), les soldes migratoires ont tendance à chuter, pour certains pays de façon spectaculaire. Le taux de solde migratoire (c’est-à-dire le solde migratoire rapporté à la population) en Irlande passe de plus de 15 pour mille en 2006 à -8 pour mille en 2010. En Espagne, le taux de solde migratoire passe de 16 pour mille en 2007 à 1 pour mille en 2010. Au Portugal, le solde migratoire était de plus de 6 pour mille en 2002. Depuis il recule pour atteindre 0.3 pour mille en 2010. En Grèce, le solde migratoire chute fortement en passant 3 pour mille en 2009 à zéro en 2010. En Italie, la baisse du solde migratoire est moins spectaculaire.

Le solde migratoire est la résultante des arrivées et des départs. Une baisse du solde migratoire peut être due à une baisse des arrivées et/ou à une hausse des départs. Dans l’ensemble des pays les plus exposés à la crise, les arrivées ont tendance à diminuer à partir de 2007 et cela très fortement en Irlande, en Espagne et Portugal, un peu moins fortement en Italie. A l’inverse, les départs sont orientés globalement à la hausse, plus particulièrement en Irlande (où ils dépassent largement les arrivées dès 2009) et en Espagne.

Dans d’autres pays européens, notent les deux statisticiens, le taux de solde migratoire a au contraire tendance à croître. C’est le cas de la Belgique et de l’Allemagne, où le taux de solde migratoire déjà faible au début des années 2000 recule jusqu’en 2008, avant de s’orienter résolument à la hausse. Mais c’est aussi le cas du Luxembourg.

Flux de personnes provenant des pays du sud de l’Europe

Germaine Thill et Paul Zahlen observent l’impact de ces flux migratoires sur le Luxembourg. Ils pointent ainsi "la hausse considérable" du solde migratoire des Portugais, qui a augmenté  une première fois entre 2007 et 2008 (de 2 293 à 2 584 personnes) avant de reculer à 2114 en 2009 et 2 149 en 2010. L’année 2011 est marquée par un bond très important : le solde migratoire passe de 2 149 en 2010 à 3 506 personnes en 2011. Pour les Italiens, la tendance à la croissance du solde migratoire est également manifeste : 141 personnes de nationalité italienne en 2007 et 557 en 2011. Le solde migratoire des Espagnols était pratiquement nul en 2007 et on atteint 341 unités en 2011. Enfin, pour les Grecs, le solde était très faible en 2007 (17 unités). Il atteint 146 personnes en 2011. Le solde migratoire de l’ensemble des pays du sud de l’Europe (Portugal, Espagne, Italie, Portugal) passe de 2 459 en 2007 à 4 550 en 2011.

En termes relatifs, le solde migratoire des pays méridionaux reste cependant plutôt stable, notent les deux statisticiens. Les Portugais sont clairement en tête du classement des pays selon leurs parts dans le solde migratoire : en 2011, ils constituent 32 % du solde migratoire total ; taux qui est en augmentation par rapport à 2010 (28 %). Toutefois, ces pourcentages se situent assez largement en-deçà des chiffres de 2007, année au cours de laquelle les Portugais intervenaient pour 38 % dans le solde migratoire total. En d’autres termes, jusqu’en 2010, le solde migratoire des autres nationalités a augmenté plus fortement que celui des Portugais, avant que la tendance ne se retourne en 2011.

Le recul de la part relative dans le solde migratoire total du Grand-Duché des personnes originaires de l’ensemble des pays méridionaux de l’Europe (Portugal, Espagne, Italie, Grèce) de 2007 à 2010 est un peu moins sensible étant donné que le solde migratoire des Espagnols, des Italiens et des Grecs évolue de façon dynamique. La part de l’ensemble de ces quatre nationalités dans le solde migratoire total du Luxembourg passe de 41 % en 2007 à 35 % en 2010, puis revient à 41 % en 2011.

Pour ce qui est des départs, chez les Portugais, la diminution est très sensible : on a enregistré 2 092 départs de Portugais en 2007 et seulement 1 471 départs en 2011. Les Espagnols étaient 157 à quitter le Luxembourg en 2007, ils n’étaient que 114 en 2011. 505 Italiens partaient du Luxembourg en 2007, ils n’étaient que 401 en 2011. Il semble donc, observent Germaine Thill et Paul Zahlen, que la crise économique n’a pas seulement des effets sur les arrivées mais également sur la propension au départ.

Ainsi, si le solde migratoire des Portugais représente 32 % du total du solde, ils ne sont que pour 26,4 % du total des arrivées. Leur propension au départ est en fait moins développée que pour d’autres nationalités. En 2011, seuls 15.9 % des départs sont imputables aux Portugais. Pour les Italiens, les Espagnols et les Grecs, la part relative dans les départs est également plus faible que la part dans les arrivées. Les Espagnols représentent 2.2 % du total des arrivées ; leur part dans les départs est de seulement 1.2 % en 2011. Globalement les personnes originaires des pays du sud de l’Europe (Portugal, Espagne, Grèce, Italie) ont représenté 32 % du total des arrivées, mais seulement 22 % des départs en 2011. D’ailleurs le pourcentage de ces pays dans le total des départs a plutôt tendance à reculer : de 26 % en 2007 on passe à 22 % du total des départs en 2011.

Flux de personnes provenant des trois pays voisins du Luxembourg

En ce qui concerne les pays voisins, le solde migratoire des Français est en hausse : de 1 159 unités en 2007, on passe à 1 715 unités en 2011. Pour la Belgique, l’évolution est également non-négligeable : le solde est très légèrement négatif en 2007 (-10 unités), mais il atteint 207 unités en 2008 et même 452 unités en 2011. Par contre, le solde migratoire des Allemands au Luxembourg reste relativement stable (406 personnes en 2007 et 439 en 2011).

De 2007 à 2011, la France reste le deuxième pays dans le classement des pays selon leurs parts dans le solde migratoire. Néanmoins, le pourcentage est en baisse significative depuis 2008 : la part des Français dans le solde migratoire total a augmenté de 2007 à 2008 (de 19.3 % à 23 %), mais elle recule fortement par la suite (15.6 % du solde total en 2011). La part des Allemands dans le solde migratoire est également en recul significatif : 6.6 % du solde en 2007 et 4 % en 2011. Pour les Belges l’évolution est plus erratique. Leur part dans le solde migratoire était nulle en 2007. Elle passe à 2.7 % du solde total en 2008, à 4.8 % en 2009, à 6.2 % en 2010, puis se tasse à 4.1 % du solde migratoire en 2011. La part relative des migrants originaires des trois pays voisins dans le solde migratoire total au Luxembourg a fortement diminué : de 32.7 % en 2008 à 23.7 % en 2011.

Les parts relatives dans les départs dépassent les parts dans les arrivées. A titre d’exemple, 5.7 % des personnes arrivées au Luxembourg en 2011 sont de nationalité belge. La part des Belges dans les départs est plus élevée en atteignant 7.6 % du total en 2011. Les migrants provenant des pays voisins (Allemagne, France, Belgique) représentaient 27 % des arrivées, mais 31% des départs. Le fait que les parts relatives dans les départs dépassent les parts relatives dans les arrivées ne signifie cependant pas que le solde migratoire est négatif étant donné que le nombre absolu d’arrivées et bien plus important que celui des départs. Contrairement à la tendance observée pour les personnes originaires des pays du Sud de l’Europe, la part des personnes originaires des trois pays voisins du Luxembourg dans le total des départs augmente légèrement (30.2 % des départs en 2007, 31.2 % de départs en 2011).