Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a reçu le 17 juillet 2012 le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires européennes, Michael Link. A l’ordre du jour de leur entrevue les développements politiques en Roumanie, la crise dans la zone euro et la Grèce, le cadre pluriannuel financier 2014-2020 de l’UE, autrement dit le budget de l’UE jusqu’en 2020 et la situation en Syrie.
Jean Asselborn a été très clair au sujet de la Roumanie : "En aucun cas, l’Etat de droit ne peut être mis en cause et en aucun cas l’on ne peut restreindre les compétences d’une cour constitutionnelle par décret." Pour Michael Link, le cas roumain fait partie des "quelques chantiers difficiles que nous avons dans l’UE", et, a-t-il ajouté, "nous attendons sans qu’il puisse y avoir d’équivoque que tous les arrêts de la Cour constitutionnelle soient respectés et publiés (il a fait ici allusion à la maîtrise du journal officiel par le gouvernement qui a déjà retardé la publication de certains arrêts de la Cour afin de pouvoir agir à sa guise, n.d.l.r.) et que le référendum sur la destitution du président soit préparé en contact étroit avec les institutions européennes ». Pour Michael Link, tout ce qui a été convenu avec la Commission le 12 juillet dernier doit être mis en œuvre. "Il s’agit d’une crise dont nous n’avions pas besoin. Mais elle peut être résolue", a conclu le secrétaire d’Etat, qui a néanmoins donné à penser que cette crise a été précédée d’une concentration elle aussi problématique du pouvoir dans les mains du président Basescu, qui est l’objet de la procédure de destitution, et qu’il est nécessaire de traiter le cas roumain comme a été traité le cas hongrois.
Quant à la crise dans la zone euro, Jean Asselborn a rappelé que c’est l’Allemagne qui assume un tiers des charges dans l’UE, et qu’elle est donc confrontée à quelques décisions importantes, comme le vote au Bundestag sur l’aide aux banques en Espagne et l’arrêt de la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe sur le traité sur le Mécanisme européen de stabilité (ESM) attendu pour le 12 septembre 2012. Jean Asselborn est convaincu que l’Allemagne est, comme le Luxembourg, du côté de l’euro et de tous les Etats membres de la zone euro, tout en sachant que les choses ne vont plus de soi. Michael Link a de son côté émis l’espoir que le gouvernement grec "garde son élan des premières semaines, car il n’y a pas de temps à perdre".
Le futur budget 2014-2020 de l’UE est un point sur lequel les deux hommes ont affiché la différence d’approche de leur pays respectifs. Le Luxembourg penche pour un budget de l’UE équivalent à 1,1 % du PIB de l’UE, l’Allemagne par contre voudrait passer du 1,05 % actuel à 1 %. Pour Jean Asselborn, c’est une chose qui sera de toute façon décidée au terme d’une négociation, tout comme il sera décidé si l’UE sera dotée de nouvelles ressources propres ou si le système actuel sera préservé. Actuellement, les recettes du budget de l’UE proviennent essentiellement de quatre "ressources propres" mises à disposition par les États: droits de douane, prélèvements agricoles, "ressource TVA" calculée à partir de l'assiette harmonisée de la taxe sur la valeur ajoutée et une ressource complémentaire d'équilibre dite "ressource PNB."
Jean Asselborn a aussi évoqué la situation en Syrie, où la répression et les combats ont fait autour de 17 000 morts. "Triste" à cause de la perte de si nombreuses vies humaines, Jean Asselborn a appelé de ses vœux une décision au Conseil de sécurité qui ne semble pas "être capable d’y arriver". Pour lui, le monde arabe semble de plus en plus divisé entre sunnites et chiites, et les grandes puissances entre le pôle russo-chinois et les autres, et cela lui semble "dangereux". Il place ses espoirs dans l’Allemagne, qui siège au Conseil de sécurité, et qui est selon lui capable de convaincre la Russie et la Chine de changer leur politique. Pour Michael Link, "la Syrie est un sujet majeur de préoccupation", et si la population en Europe demande de plus en plus à ses gouvernements d’arrêter les massacres, "il faut malgré tout donner une chance à la diplomatie" et mener des pourparlers avec la Russie et la Chine. Car pour le diplomate allemand, si le Conseil de sécurité ne peut rien faire, "les Nations Unies perdent leur sens". Pour lui, "le régime Assad n’a plus d’avenir". Et de conclure par un éloge des activités du Luxembourg sur la question syrienne.