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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Traités et Affaires institutionnelles
"Si nous parlons d’union politique, le respect de l’Etat de droit doit en être une pièce maîtresse", affirme à la FAZ Viviane Reding qui plaide pour la création d’un poste de ministre européen de la Justice
19-07-2012


Dans un entretien à la Frankfurter Allgemeine Zeitung publié le 19 juillet 2012, Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne en charge notamment des questions de justice, plaide pour la création d’un poste de ministre européen de la Justice.Frankfurter Allgemeine Zeitung

Le journaliste Nikolas Busse interroge tout d’abord la commissaire luxembourgeoise sur le cas de la Roumanie, à qui la Commission avait laissé la veille un délai de six mois pour rétablir l’Etat de droit. "Nous espérons que nos exigences seront mises en œuvre une par une", confie la commissaire qui constate que, jusqu’ici, il ne s’est rien passé. La Roumanie a certes fait des progrès dans la réforme judiciaire ces dernières années, reconnaît Viviane Reding, mais "tout a été réduit à néant d’un revers de la main en une, deux semaines par une sorte de coup d’Etat par décret d’ordonnance". A ses yeux, "ce qui s’est passé en Roumanie contredit toutes les règles de l’Etat de droit qui existent dans l’UE".

Si le rapport adopté par la Commission n’a rien à voir avec l’entrée de la Roumanie dans l’espace Schengen - et la commissaire relève d’ailleurs que la Roumanie remplit les conditions techniques de son point de vue -, Viviane Reding admet que, du point de vue des Etats membres qui doivent donner leur aval, la situation en roumaine risque de ne pas aider, sur le plan politique, à faire avancer la cause roumaine.

"Dans l’Union monétaire, on discute chaque jour de la façon de parvenir à un contrôle plus fort et à une meilleure surveillance afin de renforcer la confiance mutuelle", répond Viviane Reding lorsque le journaliste, qui fait référence aussi au précédent hongrois, lui demande ce qu’il faudrait faire pour que les valeurs européennes soient mieux respectées. "C’est exactement ce dont nous avons besoin dans le domaine de la justice", poursuit-elle, soulignant que dans ce domaine, chacun doit pouvoir se fier à l’indépendance des tribunaux et au respect de l’Etat de droit chez son voisin. Viviane Reding rappelle en effet qu’il existe un mandat d’arrêt européen qui permet d’extrader l’auteur présumé d’un crime ou d’un délit dans un autre pays de l’UE pour qu’il puisse y être jugé. "Si nous parlons d’union politique, le respect de l’Etat de droit doit en être une pièce maîtresse", affirme la commissaire qui insiste sur la nécessité de disposer d’instruments plus forts.

Ainsi, si l’on parle de la nécessité de créer un poste de ministre européen des Finances, ce qu’elle voit d’un bon œil, Viviane Reding imagine que l’on pourrait imaginer un jour prochain un ministre européen de la Justice qui aurait les moyens de faire respecter l’Etat de droit dans l’UE, et ce notamment en pouvant saisir la CJUE lorsque l’indépendance de la justice est menacée dans un pays. Viviane Reding est bien consciente qu’il faudrait pour cela changer les traités, mais elle estime que, dans le cas contraire, c’est le respect de l’Etat de droit qui est entamé dans de telles crises