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Economie, finances et monnaie
L’Irlande est parvenue à négocier avec la BCE un accord "historique" qui "sécurise la situation financière future de l'Etat, tout en réduisant le fardeau pour les contribuables irlandais", ainsi que le présente le Premier ministre Enda Kenny
07-02-2013


L’Irlande fait partie des Etats membres de l’UE et de la zone euro qui ont été particulièrement touchés par la crise bancaire, alors qu’elle avait des finances publiques saines. Le 7 février 2013, l’Irlande a obtenu un allongement de la durée de remboursement de sa dette à l’égard de la BCE issue du sauvetage de ses banques et une baisse des taux d'intérêt. Ce double arrangement s’effectuera à travers la transformation en obligations à long terme des prêts accordés par la BCE pour financer le sauvetage de l'Anglo Irish Bank et d’Irish Nationwide, des prêts appelés "promissory notes".

Le Premier ministre irlandais Enda Kenny, quelques heures après l'annonce de l'accord avec la BCE, au Conseil européen à Bruxelles, le 7 février 2013 source: consiliumEn 2011, le nouveau gouvernement sorti des urnes a considéré que les modalités de ces "promissory notes" constituaient, selon les termes du Premier ministre Enda Kenny, "un héritage très onéreux et inéquitable de la crise bancaire". Le pays avait dû demander fin 2010 une aide de 85 milliards d'euros à l'UE, à la BCE et au FMI, en échange de la mise en œuvre de douloureuses mesures d'austérité, pour compenser les 64 milliards d’euros dépensés auparavant pour le sauvetage des banques. Plus de 30 milliards avaient été empruntés par l’Irlande rien qu’à la BCE.

Selon l’arrangement avec la BCE qui date de 2010, les Irlandais étaient censés payer de leur poche chaque année au mois de mars, et ce jusqu’en 2023, 3,1 milliards d’euros, puis jusqu’en 2031 des sommes déclinant progressivement, pour couvrir les pertes de deux banques, l’Anglo Irish Bank et la Irish Nationwide. Le coût global de l’opération avec la BCE aurait coûté 48 milliards d’euros jusqu’en 2031.

Pour le Premier ministre irlandais, l’accord du 7 février 2013 est quant à lui "plus équitable et supportable". Les prêts de la BCE seront transformés en obligations d’une durée moyenne de 34 ans, et dont certaines dureront 40 ans. Leur taux d’intérêt sera d'un peu plus de 3 % contre plus de 8 % pour les "promissory notes", dont la maturité moyenne était de 7 à 8 ans en 2013. Ce montage financier est censé permettre à l'Etat irlandais de réduire ses besoins de financement de 20 milliards d'euros sur les dix prochaines années, et de réduire selon le Ministère des Finances irlandais son déficit à 4,5 % en 2014, contre les 5,1 % prévus auparavant, et à 2,4 % en 2015, contre 2,9 % prévus avant. Selon le gouvernement irlandais, cela devrait améliorer la perception de l’Irlande sur les marchés alors qu'elle y a entamé son retour au cours de l’été 2012 et qu’elle devra se financer intégralement après sa sortie du plan d'aide prévu à la fin de l'année 2013. Cette sortie du plan d’aide prouve pour Enda Kenny "qu’une combinaison d’intenses efforts nationaux de réformes et de solidarité européenne peut donner des résultats."   

L’annonce de l’accord avec la BCE avait été précédée par le vote d’une loi sur la liquidation des actifs d'Irish Bank Resolution Corporation (IBRC), nouveau nom d'Anglo Irish depuis sa fusion avec Irish Nationwide. Le vote de cette loi s’était fait dans l’urgence parce que l’on craignait des fuites qui fassent plonger la valeur des actifs qui vont être transférés à un organisme appelé NAMA, chargé de délester les banques de leurs actifs toxiques.

S'exprimant à Francfort lors de sa traditionnelle conférence de presse mensuelle, le président de la BCE Mario Draghi s'est contenté de dire que le Conseil des gouverneurs avait pris acte à l'unanimité de l'accord intervenu à Dublin.