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Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – Jean-Claude Juncker se retire, satisfait, de la présidence de l’Eurogroupe, et se montre confiant dans les qualités de son successeur, le ministre néerlandais Jeroen Djisselbloem
21-01-2013


Les ministres des Finances de la zone euro se sont retrouvés le 21 janvier 2013 pour une réunion présidée pour la dernière fois par Jean-Claude Juncker, qui, avant de voir reconduit son mandat en juillet 2012 afin de laisser à ses partenaires le temps de s’entendre sur un successeur, avait déjà exprimé sa volonté de se retirer de cette fonction qu’il occupe depuis 8 ans. C’est désormais chose faite, et le Premier ministre luxembourgeois a cédé sa place de président de l’Eurogroupe au ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem.Jean-Claude Juncker face à la presse à l'issue de la réunion de l'Eurogroupe du 21 janvier 2013 (c) Le Conseil de l'UE

Les ministres des Finances des États membres de la zone euro avaient auparavant discuté des conclusions de la mission article IV du Fonds monétaire international sur la situation économique et financière de la zone euro.

Les ministres ont aussi fait le point sur les préparatifs en cours en vue de la mise en œuvre d’un programme d’assistance financière pour Chypre, le mois de mars 2013 apparaissant désormais comme un horizon pour parvenir à un accord sur le programme d’ajustement qui va conditionner cette aide. Le premier tour de l’élection présidentielle, prévu le 17 février 2013, sera en effet passé.

Les ministres ont fait le point sur la mise en œuvre des programmes d’assistance à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal ainsi que sur le programme d’assistance au secteur bancaire espagnol.

Dans le cas de la Grèce, ils ont salué le fait que les objectifs prévus par l’accord entre les autorités grecques et la troïka pour janvier 2013 ont pu être atteints, et notamment que la réforme de l’impôt sur le revenu ait été adoptée et que les prix de l’électricité aient été ajustés. Les ministres saluent aussi l’engagement qu’a pris le gouvernement grec qu’il adopterait une simplification du code de l’impôt sur le revenu. Ils ont donc donné leur feu vert pour le versement dans les prochains jours d’une nouvelle tranche de 2 milliards d’euros, sans oublier que 7,2 milliards d’euros devraient être versés sous forme d’obligations au titre de la recapitalisation bancaire. A la toute fin de la conférence de presse, Jean-Claude Juncker, qui a confié avoir appris pendant les huit années qu’ont duré son mandat "à aimer plus encore l’Europe", a aussi tiré bas son chapeau devant les efforts "incroyables" consentis par la Grèce, exprimant toute son admiration.

Dans le cas de l’Espagne, au vu de l’avancée du programme, le versement d’une nouvelle tranche du programme d’aide à la recapitalisation bancaire devrait être effectué d’ici le début du mois de février.

Dans les cas de l’Irlande et du Portugal, deux pays qui vont préparer cette année leur retour sur les marchés, les ministres n’ont pas tari d’éloges sur les avancées dans la mise en œuvre de leur programme d’ajustement respectif. Et Jean-Claude Juncker n’a pas manqué de réitérer ce qu’il avait affirmé devant le Parlement européen le 10 janvier dernier, à savoir qu’il souhaiterait que les efforts de ces deux pays soient récompensés. Les ministres irlandais et portugais des Finances ont d’ailleurs expliqué avoir fait la demande d’une extension de la maturité des prêts accordés par leurs créanciers internationaux afin de favoriser leur retour sur les marchés financiers. Les deux pays font en effet face à une importante concentration d’échéances sur les trois prochaines années, et ils espèrent pouvoir diluer et différer ces échéances dans le temps.

Les discussions en cours sur une possible recapitalisation directe des banques via le mécanisme européen de stabilité (ESM ou MES) ont également été examinées. De nombreuses questions techniques complexes vont toutefois requérir de poursuivre les discussions, la question de la rétroactivité du mécanisme restant notamment ouverte. Jean-Claude Juncker avait exprimé son opinion sur le sujet devant le Parlement européen, plaidant pour une rétroactivité à laquelle aspire notamment l’Irlande.

Jean-Claude Juncker et son successeur à la présidence de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, le 21 janvier 2013 (c) Le Conseil de l'UEEnfin, les ministres de la zone euro ont désigné le nouveau président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, pour un mandat de deux ans et demi. Son choix n’a pu rencontrer l’unanimité, le ministre espagnol des Finances ayant refusé de lui accorder sa voix. Il s’en est expliqué le lendemain, exprimant le sentiment que l’Espagne est sous-représentée dans l’UE. Luis de Guindos avait, de la même façon, refusé d’accorder son soutien à la nomination d’Yves Mersch au directoire de la BCE, suivi en cela par le Premier ministre espagnol lors du Conseil européen extraordinaire de novembre 2012. Il a toutefois assuré à Jeroen Dijsselbloem qu’il travaillerait avec lui de façon constructive, l’assurant de sa coopération étroite.

Jean-Claude Juncker a exprimé sa satisfaction de pouvoir quitter un poste à lourde responsabilité, mais aussi celle de voir Jeoren Djisselbloem nommé à celui-ci. "Il est vrai qu’il est plus jeune que moi, cela se voit d’ailleurs, il est vrai qu’il n’a pas derrière lui un si long parcours de service, mais je suis convaincu qu’il remplira cette tâche avec beaucoup de conviction puisqu’il est un Européen convaincu", a assuré le président sortant de l’Eurogroupe. Jean-Claude Juncker est conscient que son style et sa façon de diriger les travaux diffèreront des siens, mais il a insisté sur le fait que Jeroen Djisselbloem dispose selon lui de toutes les qualités pour accéder à une fonction qui demande beaucoup d’efforts et d’énergie.

Jeroen Djisselbloem, qui est entré dans le cercle de l’Eurogroupe il y a quelques mois à peine, avait mis sur la table des ministres un long document dans lequel il explique sa vision de la fonction de président de l’Eurogroupe, ainsi que les priorités qu’il identifie pour les prochaines années.

Se disant convaincu de pouvoir contribuer à prendre des décisions collectives pour agir ensemble, ce qu’il considère comme la seule façon de faire face aux défis qui s’imposent à la zone euro, le ministre néerlandais a mis l’accent sur les efforts à faire pour préserver le modèle européen, dont il a souligné la dimension sociale à plusieurs reprises devant la presse. Ainsi, si la confiance commence à revenir, il est conscient de tout ce qui reste à faire pour relancer une croissance durable et créer de l’emploi.Le nouveau président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, attendu par la presse après l'annonce de sa nomination, le 21 janvier 2013 (c) Le Conseil de l'UE

Il a évoqué trois chantiers prioritaires à ses yeux, à savoir maintenir le rythme des travaux engagés pour ce qui est de la mise en place d’une Union bancaire, poursuivre la stratégie de consolidation budgétaire nécessaire pour restaurer la confiance et enfin restaurer la croissance en poursuivant les réformes structurelles en cours de façon à améliorer la compétitivité et à créer de l’emploi. Mettre en œuvre le nouveau cadre de gouvernance économique dont se dote la zone euro compte aussi parmi ses priorités.

"La solidarité est en tête de ma liste de priorités", a-t-il affirmé à la presse en soulignant toutefois qu’à ses yeux, veiller à ce que les budgets soient à l’équilibre n’entre pas en conflit avec la solidarité. Il a aussi d’ores et déjà indiqué qu’il y aurait dans les prochains mois des discussions portant sur le rythme auquel il conviendra de parvenir à cet équilibre budgétaire. "Je vais tenter de bâtir des ponts entre les pays du nord et ceux du sud, les pays notés triple A et ceux qui ne le sont pas, ceux en faveur de l'austérité et les autres", a-t-il promis.