Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie
Eurogroupe – Les ministres des Finances de la zone euro donnent leur feu vert au versement d’une nouvelle tranche du plan d’aide à la Grèce, tout en lançant un appel à accélérer le rythme des réformes
08-07-2013


Les ministres des Finances de la zone euro, parmi lesquels Luc Frieden, se sont réunis le 8 juillet 2013 pour faire le point notamment sur la mise en œuvre du programme d’ajustement qui accompagne le plan d’aide à la Grèce.Luc Frieden, Jutta Urpilainen et Jeroen Dijsselbloem en discussion lors de l'Eurogroupe du 8 juillet 2013 (c) Conseil de l'UE

Les ministres sont ainsi parvenus à un accord politique qui va permettre de débloquer, sous conditions, la prochaine tranche du plan d’aide à la Grèce.

Il va s’agir d’un versement provenant de l’EFSF d’un montant de 3 milliards d’euros, dont une première tranche de 2,5 milliards d’euros sera versée après la pleine mise en œuvre des mesures prioritaires, tandis que le versement d’une deuxième tranche de 0,5 milliards d’euros est envisagé pour le mois d’octobre 2013, toujours en fonction de la mise en œuvre des réformes et mesures prévues dans le programme qui conditionnent le plan d’aide.

Par ailleurs, une somme de 2 milliards d’euros correspondant aux revenus que les banques centrales nationales de la zone euro ont tiré de la dette grecque en 2012 va être versée sur le compte séparé du pays. Ce versement va se faire lui aussi en deux fois, selon le même calendrier.

Le FMI devrait pour sa part décider fin juillet du versement de 1,8 milliards supplémentaires.

Cette décision a été prise sur la base du troisième rapport d'évaluation effectué par la mission de la troïka en Grèce et de l’accord que cette dernière a pu trouver avec les autorités grecques pour mettre à jour les mesures conditionnant le plan d’aide. Un accord dont Olli Rehn n’a pas manqué de souligner qu’il a été difficile à finaliser dans un contexte politique grec pour le moins agité ces derniers temps.

Ce rapport fait le point sur la mise en œuvre du programme, qui est, dans l’ensemble, sur les rails. L’Eurogroupe a ainsi pu noter avec satisfaction les progrès réalisés dans la mise en œuvre des réformes budgétaires et structurelles prévues, même si elles sont jugées lentes dans certains domaines. De même, les ministres des Finances ont-ils pris acte des premiers signes d’un retour progressif à la croissance, ainsi que des progrès en termes de compétitivité, de situation budgétaire et de renforcement du secteur bancaire qui résultent des réformes entreprises.

Pour autant, l’Eurogroupe appelle aussi les autorités non seulement à poursuivre les réformes engagées, mais aussi à s’atteler dans les prochaines semaines aux mesures prioritaires qui vont conditionner le prochain versement. Les ministres des Finances citent notamment la nécessité de réformer l’administration publique pour améliorer son efficacité, ce qui devrait passer par une importante réduction de personnel, ainsi que les efforts requis pour améliorer la collecte de l’impôt sur le revenu.

En d’autres termes, comme l’a résumé Olli Rehn, "il est temps d’intensifier le rythme des réformes en Grèce afin de soutenir le retour de la confiance au nom de la croissance et de la création d’emplois".

Les ministres des Finances ont aussi fait le point sur la situation de Chypre, de l’Espagne et du Portugal, trois pays qui bénéficient aussi d’un plan d’aide.

Ils ont notamment accueilli la nouvelle ministre des Finances du Portugal, Maria Luis Albuquerque, tout juste nommée alors que le gouvernement portugais a connu ces derniers jours une grave crise politique. Jeroen Dijsselbloem, soucieux de voir le Portugal poursuivre la mise en œuvre de son programme d’ajustement, a insisté sur "la nécessité de stabilité politique et de continuité".

Les ministres des Finances se sont aussi penchés sur le cas de la Slovénie. La Commission a notamment attiré l’attention sur la mise en œuvre des recommandations adressées à ce pays et sur l’analyse approfondie de son économie présentée en avril dernier qui a révélé que le pays affiche des déséquilibres jugés excessifs. Olli Rehn a insisté sur la gravité d’une situation qui reste selon lui gérable, à condition d’agir vite. Le commissaire a notamment en tête la nécessité d’assainir le secteur bancaire slovène, et il a souligné l’importance de mener, en veillant à leur qualité et à leur crédibilité, une analyse de la qualité des actifs et un stress test du système bancaire slovène.

Les recommandations du FMI à la zone euro

La réunion, à laquelle participait Christine Lagarde, directrice générale du FMI, a aussi été l’occasion de présenter les résultats de l’évaluation de l’économie de la zone euro que le FMI conduit au titre de l’article IV. S’il en ressort que beaucoup a été fait pour combattre la crise, les experts du FMI préconisent toutefois des mesures supplémentaires afin d’insuffler une nouvelle vigueur à la croissance et créer des emplois.

Le FMI suggère à la zone euro quatre axes d’action prioritaires qui concordent, comme l’ont souligné Olli Rehn et Jeroen Dijsselbloem, avec la stratégie de la zone euro.

  • Remettre d’aplomb les bilans bancaires. Pour rehausser la confiance, il est nécessaire de procéder à une évaluation crédible de la qualité des actifs bancaires. Cette évaluation devra quantifier les besoins en fonds propres et expliquer clairement comment y répondre. Là où les apports privés seront insuffisants, des dispositifs de soutien crédibles — l’ESM, dans certains cas — seront essentiels pour faire en sorte que les banques puissent continuer à prêter.
  • Mener à terme l’union bancaire. Il faudra pour cela accélérer les réformes engagées, par exemple en adoptant la législation relative au Mécanisme unique de supervision et en parvenant à un accord final sur la directive applicable au redressement et à la résolution des crises bancaires. Ce travail devrait également passer par la mise en place d’un solide mécanisme unique de réalisation permettant de traiter rapidement des banques en difficultés, en limitant par ailleurs les coûts pour les contribuables.
  • Redoubler d’efforts pour accompagner la demande à court terme. Le FMI salue l’adoption récente des indications sur la politique à venir (forward guidance) et l’engagement de la BCE à maintenir une orientation monétaire accommodante tant que cela sera nécessaire. Le FMI a également signalé que la politique monétaire ne peut pas, à elle seule, s’attaquer aux faiblesses structurelles du secteur bancaire, mais qu’elle peut dégager une marge de manœuvre essentielle, à la faveur de mesures classiques ou atypiques, selon les besoins. En outre, le travail d’assainissement budgétaire dans les pays de la zone euro doit être dosé avec prudence pour éviter qu’il ne pèse par trop sur la croissance.
  • Accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles. La correction des lacunes structurelles — à l’échelle de la zone euro et des pays — permettrait de relever la croissance potentielle et de promouvoir l’ajustement extérieur au sein de la zone euro. La mise en application de la directive «services» pourrait encourager la concurrence transfrontalière et accroître la productivité, tandis que les activités menées au plan national pour remédier aux faiblesses du marché du travail devraient doper la compétitivité et l’emploi.