L'Islande s’apprête à renoncer officiellement à sa candidature à une adhésion à l'Union européenne déposée par le pays en 2009, sans organiser le référendum initialement promis, a annoncé le gouvernement islandais le 21 février.
Les deux partis au pouvoir, le Parti du Progrès (centre) et le Parti de l'Indépendance (droite) se sont en effet entendus sur un projet de loi demandant au gouvernement de "retirer la candidature à une adhésion à l'Union européenne".
Pour mémoire, le gouvernement islandais est issu d’une coalition de partis de centre-droit eurosceptiques formée en mai 2013. Forte d’une importante opinion publique islandaise opposée à l'intégration de l'île dans une politique européenne commune, cette coalition avait été portée au pouvoir notamment sur la promesse de mettre fin au processus d’adhésion, lancé par le dépôt de candidature de Reykjavik en 2009. Les négociations d'adhésion avaient d’ailleurs été suspendues dès janvier 2013 lors de la campagne des élections législatives et le gouvernement islandais avait dissout les équipes de négociations en septembre 2013.
Le projet de loi concerné semble donc être une suite logique, si ce n’est que les deux partis avaient promis lors de la formation gouvernementale un référendum sur le sujet, où une victoire du "non" était d’ailleurs favorite.
"Un tel projet de loi sera de ma responsabilité. Le ministre des Affaires étrangères à l'époque avait présenté le projet de candidature, donc il est naturel que je présente le projet pour la retirer", a déclaré à la télévision publique Ruv le ministre des Affaires étrangères Gunnar Bragi Sveinsson, selon des propos rapportés par l’AFP. Le projet de loi précise par ailleurs qu’"une autre candidature ne sera pas déposée sans d'abord tenir un référendum". Un revirement fortement contesté, y compris chez les eurosceptiques.
Exigeant que le gouvernement honore sa promesse et organise un référendum sur l'adhésion à l'UE, quelque 3 500 manifestants selon les estimations de la police se sont massés à l'extérieur du parlement islandais à Reykjavik, le 24 février. L’AFP relate par ailleurs que l’adoption du projet de loi a dû être reportée, les partis de l'opposition ayant vivement critiqué l'absence de temps dévolu au débat sur la question.
Interrogé par l’Agence Europe dans son édition du 25 février, Peter Strano, le porte-parole du commissaire en charge de l’élargissement, Stefan Füle, a indiqué que la Commission européenne "prend note de l'intention du gouvernement islandais de soumettre une motion au parlement pour retirer la demande d'adhésion à l'UE", soulignant que "comme nous l'avons déjà dit, la décision de demander l'adhésion à l'UE appartient à l'Islande".
La principale pierre d’achoppement entre l’Islande – déjà fortement intégrée dans différentes structures de l'UE en tant que membre de l'Espace économique européen (EEE), de l'espace Schengen, de l'Association européenne de libre-échange (AELE) et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) – et l’UE est le sujet de la pêche, jamais abordé lors des négociations d’adhésion. La pêche au maquereau, tout particulièrement, reste source d’un différend important entre Reykjavik et Bruxelles, l'UE ayant déjà menacé l'Islande de sanctions commerciales si cette dernière ne réduisait pas son quota de prélèvement.