L’initiative de l’UE pour l’emploi des jeunes et tout particulièrement son mécanisme de Garantie pour la jeunesse – qui repose sur l’idée d’assurer à chaque jeune de moins de 25 ans un emploi de bonne qualité, une formation continue, un apprentissage ou un stage dans les quatre mois qui suivent sa sortie de l'école ou son inscription au chômage – étaient au menu des députés européens qui ont débattu du sujet en séance plénière du Parlement européen, le 17 septembre 2014.
Pour mémoire, le concept de Garantie pour la jeunesse est né en réaction à la crise économique : depuis septembre 2008, les jeunes ont constitué la classe d’âge la plus touchée par la récession. Entre février 2008 et avril 2013, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est ainsi passé de 15 % à 23,5 %, enregistrant une hausse de plus de 50 %. En 2014, près de six millions de jeunes Européens de moins de 25 ans sont ainsi au chômage dans l’UE, avec des pics à près de 55 % de jeunes chômeurs dans des Etats membres comme la Grèce ou l’Espagne.
Face à ce phénomène, le Parlement européen avait demandé dès juillet 2010 une réponse sur mesure, sous la forme d’une "garantie pour la jeunesse". Il avait ensuite néanmoins fallu attendre 2012 pour qu’elle revienne sur le devant de la scène politique – dans le paquet sur l'emploi des jeunes proposé par la Commission en décembre 2012 –, puis le 28 février 2013 pour qu’elle soit effectivement adoptée par le Conseil EPSCO, et enfin le Conseil européen des 26 et 27 juin 2013 pour qu’elle soit formalisée et dotée d’un financement d’environ 6 milliards d’euros pour la période 2014-2020.
Les chefs d’Etat et de gouvernement avaient à cette occasion décidé qu’elle devait être pleinement opérationnelle en janvier 2014. Au Luxembourg, le ministre du Travail, Nicolas Schmit, avait annoncé son lancement le 26 juin 2014.
Lors du débat en séance plénière le 17 septembre 2014, les échanges ont notamment porté sur l’utilisation des fonds dans Etats membres de l'UE, de nombreux députés estimant que ces derniers devaient "mieux utiliser les 6 milliards d'euros du fonds européen visant à faciliter la transition de l'enseignement à l'emploi et encourager l'entreprenariat", relate un communiqué diffusé par le service de presse du Parlement européen. Les procédures de financement – certains députés appelant à leur simplification –, l’échange des meilleures pratiques, la promotion des stages ou encore le potentiel de création d'emplois des technologies vertes ont aussi été débattus.
Ainsi, au nom du groupe PPE, David Casa (Malte) a-t-il affirmé que "l'initiative européenne pour la jeunesse peut briser le cycle négatif du chômage chez les jeunes". L’eurodéputé a néanmoins regretté que les fonds n'aient pas été déployés plus tôt et a pressé les Etats membres de les utiliser de manière efficace pour créer de l'emploi. "L'UE souffre d'un manque de culture entrepreneuriale. Il faut encourager les jeunes à créer des entreprises et à devenir, en fin de compte, employeurs", a-t-il ajouté.
"Les États membres éprouvent des difficultés dans la mise en œuvre des systèmes liés à l'emploi, car les procédures de financement sont trop compliquées", a pour sa part estimé Jutta Steinruck (S&D, Allemagne). Par ailleurs, elle a demandé "une meilleure vue d'ensemble des dépenses, avec une stratégie prévue jusque 2016 au moins". Elle a souligné qu'il était nécessaire de se concentrer sur des emplois décents, en particulier dans le secteur "vert".
Pour le groupe ECR, Anthea McIntyre (Royaume-Uni) a jugé qu’il n’y avait "pas de solution commune à tous pour résoudre le problème du chômage des jeunes dans l'UE. Le rôle de la Commission européenne ne devrait pas être d'apporter une solution unique, mais de partager les idées et les meilleures pratiques". L’eurodéputée a appelé à encourager davantage les PME à engager des jeunes, en diminuant les contributions sociales.
"Nous devons nous attaquer à la question de la mobilité des jeunes travailleurs. Les jeunes sont-ils prêts à chercher un emploi ailleurs en Europe ?", s’est de son côté interrogée Martina Dlabajová (ADLE, République Tchèque) selon laquelle "les employeurs pourraient également recruter en dehors de leur État membre". Elle a en outre suggéré que "les entreprises [proposent] des stages aux jeunes travailleurs ainsi qu'un apprentissage professionnel tout au long de la vie".
Pour ce qui est du groupe de la GUE/NGL, Cristina Zuber (Portugal) a martelé que "les jeunes sont détruits par les dettes, ils n'ont aucune perspective d'avenir et acceptent des emplois précaires. Nous devons créer des emplois décents avec des droits du travail adaptés". Selon elle les eurodéputés "tourn[ent] à nouveau en rond, à débattre des mêmes problèmes alors que rien ne change", a-t-elle insisté.
"Les jeunes sans emploi ou qui ne suivent ni formation ni enseignement sont au nombre d'un million dans l'UE. Ils sont en passe d'être exclus de la société. Nous devons investir 3 milliards d'euros pour créer des emplois dans le domaine de la transition énergétique, sans oublier les jeunes, car cela reviendrait à oublier l'avenir", a pour sa part soutenu Karima Delli (France) au nom du groupe Verts/ALE.
Les eurosceptiques du groupe EFDD, par la voix de Jane Collins (Royaume-Uni), ont de leur côtés avancé que l'UE "est en train d'échouer et le système pour l'emploi échouera également". Et d’estimer que "nous aurions besoin de 21 milliards d'euros et non de 6 milliards seulement" pour résorber le chômage des jeunes, ajoutant que "garder la porte ouverte à l'immigration n'aide pas les jeunes à décrocher un emploi".
Le commissaire en charge des Affaires sociales et de l'Emploi, László Andor, a assuré devant la plénière que le système était bel et bien lancé, et qu’il commençait à porter ses fruits. Ainsi, sur les 34 programmes présentés par les Etats membres éligibles au titre de la Garantie pour la jeunesse, 26 ont déjà été adoptés en 2014. "Nous pouvons donc assurer - sur la base des programmes opérationnels soumis - que l'ensemble des 6,4 milliards de l'Initiative pour l'emploi des jeunes sera engagé en 2014-2015", a souligné le commissaire.
Quelque 6,4 milliards d'euros devraient ainsi être engagés en 2014 et 4 milliards supplémentaires issus du Fonds social européen devraient être disponibles en 2015, a-t-il expliqué. Il a ajouté que l'initiative européenne pour la jeunesse devrait être soutenue par de meilleures conditions macroéconomiques pour obtenir davantage de résultats.