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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Justice, liberté, sécurité et immigration
Dans le débat qui se dessine pour renforcer la lutte contre le terrorisme, Jean Asselborn et Etienne Schneider mettent l’accent sur les libertés des citoyens
12-01-2015


Au lendemain de la "marche républicaine" qui a mobilisé en France plusieurs millions de Hommage rendu par des milliers de citoyens à l'hebdomadaire "Charlie Hebdo"personnes et une cinquantaine de dirigeants étrangers suite aux attaques terroristes qui ont eu lieu en région parisienne les 7, 8 et 9 janvier 2015, à commencer par l’attaque contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo, la question de savoir comment agir pour lutter contre cette forme de terrorisme reste un grand sujet de discussion. Il en a été question à Paris dès le 11 janvier 2015, lors d’une réunion restreinte de ministres de l’Intérieur de l’UE. Mais le sujet pose aussi question au Luxembourg.

"Si notre société se lance sur une voie où la démocratie est restreinte, où la sécurité passe au-dessus de tout, alors nous brisons notre civilisation", met en garde Jean Asselborn

Le 12 janvier 2015, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, était ainsi l’invité de l’émission Saartalk diffusée à la télévision sarroise. Invité à témoigner sur l’attentat contre Charlie Hebdo, Jean Asselborn souligne avoir saisi aussitôt de quoi il retournait dans ces événements, à savoir d’une "attaque contre les valeurs de l’Europe, contre la liberté de la presse".

Pour ce qui est de savoir si l’Europe a besoin de renforcer ses règles de sécurité, Jean Asselborn est d’avis que c’est là "une fausse discussion" que de croire qu’on peut agir avec de nouveaux textes législatifs tant que ceux qui ont une influence dans l’Islam "ne changent pas nettement de trajectoire". "Si notre société se lance sur une voie où la démocratie est restreinte, où la sécurité passe au-dessus de tout, alors nous brisons notre civilisation", met en garde Jean Asselborn qui ne veut "pas faire ce plaisir aux personnes qui avancent kalachnikov à la main et aux prédicateurs incitant à la haine".

Pour Etienne Schneider, "remettre Schengen en question et limiter ou suspendre la libre circulation des citoyens dans l’UE ne serait certainement pas la bonne réponse"

Etienne Schneider, le ministre de la Sécurité intérieure, était le même jour sur le plateau de RTL. Il y a expliqué combien "la coopération" était "excellente" entre les services de renseignement des différents pays de l’UE.

Pour ce qui est de prendre de nouvelles mesures de sécurité, le ministre de la Sécurité intérieure met lui aussi tout de suite en avant le problème des libertés des citoyens. "Si l’on commence à prendre encore plus de mesures, cela va bien souvent en direction de plus d’observation, de plus de contrôle", souligne en effet le ministre qui ne perd pas de vue la problématique de la protection des données qui va de pair.

"Nous sommes par exemple en train de discuter au niveau européen d’un projet de directive" qui permettrait de "mettre beaucoup plus à disposition des services de renseignement, de la police, des autorités anti-terroristes les données des passagers aériens". Ce qui, explique le ministre, impliquerait "de les enregistrer bien plus longtemps". Or, "tout cela a aussi une contrepartie, et c’est la protection des données", souligne le ministre.

Il a justement été question de l’urgence qu’il y aurait à relancer le projet de directive PNR  lors de la réunion qui s’est tenue à Paris le 11 janvier 2015. Auparavant, le dossier de la directive PNR était revenu régulièrement sur la table des ministres de l’Intérieur à l’occasion des Conseils JAI de juin, d’octobre et de décembre 2014 et Etienne Schneider y avait fait part de ses réticences à l’égard de ce projet mis sur la table par la Commission en février 2011 et bloqué au Parlement européen depuis avril 2013.

Le journaliste Frank Goetz a aussi abordé l’idée soulevée par certains en France ou en Espagne de "suspendre" Schengen, comme l’a proposé la présidente du parti d’extrême droite français Front national Marine Le Pen, ou encore de "modifier" le traité Schengen, comme aurait souhaité le faire le ministre de l'Intérieur espagnol Jorge Fernandez Diaz en vue de "défendre l'établissement de contrôles aux frontières" pour limiter la circulation de djihadistes allant et revenant des zones de conflits.

Pour Etienne Schneider, c’est "un recul que l’on ne peut se permettre". "On peut volontiers réfléchir encore aux dispositions de sécurité", admet le ministre. "Mais remettre Schengen en question et limiter ou suspendre la libre circulation des citoyens dans l’UE ne serait certainement pas la bonne réponse", estime le ministre de la Sécurité intérieure. A ses yeux, "terroristes gagneraient dans un tel cas" car "la peur qu’ils veulent provoquer vise à ébranler nos valeurs fondamentales, et nous montrerions alors qu’ils auraient atteint leur but".