Principaux portails publics  |     | 

Compétitivité - Fiscalité
Carlo Thelen s’appuie à des documents publiés par la Commission dans le cadre du semestre européen pour mettre en avant une série de réformes qu’il juge nécessaires pour renforcer la compétitivité du Luxembourg
20-01-2015


Dans un article publié le 12 décembre 2014 sur sa page internet et repris dans l’édition de l’Agefi datée du 20 janvier 2015, le directeur général de la Chambre luxembourgeoise de Commerce Carlo Thelen a mis en avant le besoin de réformes au Luxembourg pour renforcer la compétitivité du pays en se basant sur deux documents publiés en novembre 2014 par la Commission européenne dans le cadre du semestre européen 2015, à savoir l’examen annuel de la croissance et le rapport sur le mécanisme d’alerte.

Pour rappel, le semestre européen est un cycle de coordination des politiques économiques et budgétaires au sein de l'UE. Il s'inscrit dans le cadre de la gouvernance économique de l'Union européenne et s’échelonne d’octobre (remise des projets de plans budgétaires et des plans nationaux de réforme (PNR) des Etats membres à la Commission européenne) à juillet (les recommandations de la Commission adressées aux Etats membres sont alors entérinées par le Conseil européen). Dans ce contexte, la Commission publie chaque année au mois de novembre, l'examen annuel de croissance qui définit les priorités de l’Union pour l’année à venir et le rapport sur le mécanisme d’alerte (RMA) qui permet d’identifier les déséquilibres macro-économiques. Dans le cadre du semestre européen, les États membres sont censés aligner leurs politiques économiques et budgétaires sur la base de ces documents.

Les recommandations au Luxembourg que Carlo Thelen retient de l’examen annuel de la croissance 2015

Carlo Thelen est le directeur général de la Chambre luxembourgeoise de Commerce (Source: www.carlothelenblog.lu)Carlo Thelen explique dans son article que dans son édition 2015 de l’examen annuel de la croissance, la Commission insiste sur la nécessité d’étayer la croissance économique européenne sur "le trépied responsabilité budgétaire / investissements / réformes structurelles", qui permettra selon elle de relancer durablement la croissance.

Concrètement, pour ce qui est de la responsabilité budgétaire, Carlo Thelen indique que selon la Commission, les pays qui disposent d’une marge de manœuvre budgétaire suffisante doivent soutenir davantage la croissance et que les autres pays devraient, "à dépenses totales constantes", favoriser les dépenses présentant l’effet d’entraînement économique le plus marqué ("expenditure shift"). L’économiste ne précise néanmoins pas dans laquelle de ces deux catégories de pays se situe le Luxembourg.

Carlo Thelen évoque également le fait que la Commission préconise d’adapter la fiscalité d’une manière telle que celle-ci favorise la croissance, notamment à travers une meilleure structure d’incitations, par exemple en supprimant ou diminuant les prélèvements les plus discordants, en étudiant l’opportunité d’élargir les bases taxables et en encourageant davantage, par le biais de la fiscalité, les investissements des entreprises. La Commission prône en outre un allégement de la fiscalité sur le travail en augmentant par exemple les impôts sur la propriété immobilière. Enfin, il relève que, selon la Commission, une transparence accrue du système fiscal et sa simplification permettraient de renforcer son efficience et la prévisibilité de l’impôt. Pour lui, le Luxembourg doit tenir compte de ces recommandations dans le cadre de la préparation de la réforme fiscale globale luxembourgeoise qui devrait entrer en vigueur en janvier 2017.

En ce qui concerne les investissements, Carlo Thelen souligne le fait que selon la Commission, ceux-ci ont baissé "au cours des années récentes", et que des investissements dynamiques présupposent "la suppression de nombreuses barrières réglementaires". A ses yeux, "le Plan Juncker aura des retombées positives s’il permet de mettre en œuvre des projets efficients et susceptibles d’avoir rapidement des retombées macroéconomiques tangibles". Il regrette néanmoins que ce plan n’ait pas été plus "volontariste", "par exemple en impliquant dès le départ les Etats membres dans le financement du socle du Plan Juncker".

Enfin, parmi les recommandations émises par la Commission dans son examen annuel de croissance en ce qui concerne les réformes structurelles, il y en a 4  qui, selon Carlo Thelen, "doivent trouver une traduction concrète au Luxembourg". Il indique tout d’abord qu’au Luxembourg, "le cadre réglementaire manque de flexibilité". C’est pourquoi il conviendrait selon lui de "poursuivre la simplification administrative, de flexibiliser le droit du travail et l’organisation du temps de travail et de réformer les systèmes d’incitation au travail", en soutenant l’emploi au lieu de "financer l’inactivité".  

En outre, dans un contexte où "la main d’œuvre qualifiée est difficile à trouver au Luxembourg", Carlo Thelen préconise une réforme du système d’enseignement et de la formation professionnelle.

En troisième lieu, Carlo Thelen estime que la diversification économique devrait s’accélérer "dans un contexte caractérisé par l’impact de la fin du secret bancaire et par les répercussions de LuxLeaks". Dans son analyse, il rejoint celle de la Commission en mettant l’accent sur la nécessité de renforcer les activités de recherche et développement.

Enfin, l’économiste, qui ne s’appuie pas sur ce point sur le document de la Commission, encourage le Luxembourg à promouvoir les accords commerciaux tels que TTIP ("Transatlantic Trade and Investment Partnership") et TISA ("Trade in Services Agreement") à l’occasion de sa Présidence au deuxième semestre 2015, et à œuvrer pour renforcer le Marché intérieur dans l’intérêt des PMEs.

A la lecture du rapport sur le mécanisme d’alerte, Carlo Thelen s’inquiète de l’augmentation des coûts de production et de la soutenabilité à terme des finances publiques

Carlo Thelen s’inquiète du fait que les coûts salariaux unitaires (CSU) ont augmenté de +10,5 % en trois ans, soit le pire résultat de la zone euro. Il met en avant le fait que selon le rapport sur le mécanisme d’alerte de 2015, il existe un lien entre la "dégradation des CSU (nominaux, NDLR)" du pays et celle du solde courant. Le rapport montre en effet qu’au Luxembourg, entre 2004 et 2013, à l’exception de la période 2008 à 2009, l’augmentation des CSU nominaux est allée de pair avec une dégression de la balance courante.

Carlo Thelen exprime également des doutes sur la soutenabilité à terme des finances publiques du pays. "Si le niveau actuel de la dette des administrations publiques est actuellement satisfaisant, il pourrait devenir insoutenable à plus long terme en raison de l'accroissement des passifs liés au vieillissement de la population", indique-t-il dans son article, en citant le rapport de la Commission

Il indique par ailleurs que la Chambre de Commerce partage "ces deux préoccupations majeures" exprimées dans le rapport sur le mécanisme d’alerte, comme elle l’avait indiqué à l’occasion d’une conférence de presse du 8 décembre 2014.

Carlo Thelen appelle le gouvernement à lancer des actions concrètes

"Il reste à voir si cette convergence de diagnostics va se traduire par des actions concrètes de la part du gouvernement", a indiqué Carlo Thelen dans la conclusion de son article. Le directeur général de la Chambre de Commerce espère que le gouvernement se servira des rencontres et échanges de vues sur le semestre européen prévus avec les partenaires sociaux "pour réfléchir activement aux réformes requises afin d’enrayer la détérioration de la compétitivité des PMEs luxembourgeoises et de restaurer l’équilibre à long terme de nos régimes sociaux (pensions, santé et assurance dépendance en particulier)".