Le président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Werner Hoyer, a présenté le 23 février 2015 le rapport d’activité 2014 de la banque cours d’une conférence de presse qui s’est tenue à Bruxelles. En qualifiant l’exercice 2014 "d’année exceptionnelle", Werner Hoyer est revenu sur les chiffres-clés qui ont marqué les douze derniers mois et a rappelé que les objectifs de la Banque avaient "évolué en fonction des priorités de l’Union européenne (UE)» pour se concentrer aujourd’hui sur les petites et moyennes entreprises (PME), les prêts étudiants, les projets satellites et de recherche et développement. Ces objectifs visent tous à atteindre une "Europe de l’innovation, de la cohésion sociale, de la prospérité, de la sécurité et de la croissance" en vue "d’améliorer le quotidien de millions de personnes en Europe et dans le monde", a-t-il encore dit.
Le président s’est en outre félicité que la BEI a tenu son engagement d’injecter des ressources financières supplémentaires dans l'économie réelle européenne et du reste du monde en 2014 : les prêts signés durant l'année ont en effet atteint un total de 77 milliards d'euros (69 milliards d’euros au sein de l’UE, soit 90 % du total), et l’objectif de prêt visant à mobiliser 180 milliards d’euros d’investissements supplémentaires dans toute l’Europe en décembre 2015 sera réalisé "bien avant l’heure", selon le communiqué de presse publié par la BEI le 23 février. Il est en effet attendu que cet objectif soit réalisé d’ici le mois de mars 2015, c’est-à-dire environ neuf mois plus tôt que prévu. Pour mémoire, en 2012, les États membres de l'UE avaient décidé d'accroître de 10 milliards d'euros le capital versé de la BEI, étant entendu que cette augmentation permettrait à la Banque de renforcer son activité de prêt de 40 % entre 2012 et 2013 et de maintenir ce niveau jusqu’en 2015.
Enfin, Werner Hoyer a présenté le projet phare de 2015 : le Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI), principal instrument du plan Juncker qui devrait entrer en vigueur à la mi-2015, et sera établi au sein de la BEI.
Lors de la conférence annuelle de la BEI, Werner Hoyer a ainsi souligné qu’en 2014, le groupe BEI a continué à mettre fortement l'accent sur le meilleur accès des PME et des entreprises de taille intermédiaire (ETI) aux financements. La même année, le Fonds européen d'investissement (FEI) – qui fait partie du Groupe BEI – a engagé 3,3 milliards d’euros qui ont permis de mobiliser 14 milliards d'euros de capitaux pour améliorer l'accès des PME et des ETI aux financements. Le président Hoyer a précisé à cet égard "qu'en Europe, l'appui aux PME est demeuré le domaine stratégique le plus soutenu par la BEI, à hauteur de 25,5 milliards d'euros. Il s'agit du montant le plus élevé jamais accordé par la banque de l'UE. Les prêts de la BEI ont contribué, globalement, à la création et à la préservation de 3,9 millions d'emplois en soutenant 290 000 entreprises". Les autres grandes priorités de la BEI ont été l'action en faveur du climat (19,1 milliards d'euros), les infrastructures stratégiques (20,6 milliards d'euros) et l'innovation et les compétences (14,7 milliards d'euros).
Le programme "Compétences et emplois – Investir pour la jeunesse", consacré à l'emploi des jeunes, a également été l’une des priorités majeures de la BEI en 2014. La Banque indique qu’elle a prêté plus de 13 milliards d'euros en faveur de projets qui ont permis de créer 500 000 emplois pour les jeunes. "Notre objectif est d’atteindre des résultats économiques et sociétaux (…). Le financement est un moyen pour arriver à une fin", a indiqué Werner Hoyer.
Le communiqué de presse de la BEI rapporte qu’au sein de l'UE, les plus gros volumes prêtés pour soutenir des investissements à long terme ont bénéficié à l'Espagne (11,9 milliards d’euros), l'Italie (10,9 milliards d'euros), la France (8,2 milliards d'euros), l'Allemagne (7,7 milliards d'euros) et au Royaume-Uni (7 milliards d'euros). Le document souligne également que la Banque a accordé des nouveaux prêts aux pays les plus durement touchés par la crise : 1,6 milliard d'euros pour la Grèce, 1,3 milliard d'euros pour la Portugal et de 932 millions d'euros pour l’Irlande.
Le président Hoyer n’a pas été sans rappeler, au cours de sa conférence de presse, que si la BEI est le "bras financier de l’Europe, cela ne signifie pas qu’elle se retire du reste du monde". "Nous avons toujours agi au niveau mondial et continuerons ainsi", a-t-il encore ajouté. Ainsi, à l'extérieur de l'Union, la BEI a prêté près de 7 milliards d’euros dont 2,5 milliards d'euros aux pays candidats et candidats potentiels d'Europe sud-orientale et aux pays de l'Association européenne de libre-échange. Les pays méditerranéens ont bénéficié d’1,7 milliard d'euros et l’Asie et l’Amérique latine de près d’1,4 milliard d'euros. Quant aux pays du voisinage oriental de l'UE, la Banque leur a prêté 1,2 milliard d'euros, dont 940 millions d'euros à la seule Ukraine en vue de soutenir l'économie de ce pays face aux défis actuels. A cet égard, Werner Hoyer a ajouté qu’après les événements de la place Maïdan en février 2014, la BEI s’était mise d’accord avec le Conseil pour doubler le plan d’investissement en Ukraine qui devra atteindre 3 milliards au cours des trois prochaines années.
Pour mener à bien cette aide aux investissements, la BEI peut miser sur sa "solidité financière", peut-on lire dans le communiqué de presse. Celle-ci se reflète dans le ratio d'adéquation de ses fonds propres qui, à la fin 2014, était stable à 26 % (26,1 % en 2013). Le communiqué rapporte également que la qualité de l'actif de la Banque est restée "très satisfaisante", la proportion de prêts dépréciés dans le portefeuille étant de seulement 0,2 %, tandis que les liquidités se sont maintenues à un "niveau prudent", à 66 milliards d'euros. À la fin 2014, l'actif de la banque s'établissait au total à 542 milliards d'euros, alors que les fonds propres se sont accrus, pour atteindre 60,6 milliards d'euros.
Le Fonds européen pour les investissements stratégiques a également été fait l’objet d’un long développement au cours de la conférence de presse de Werner Hoyer. Le président a rappelé qu’il y avait "assez d’idées de projets au sein de l’UE mais que ceux-ci ne peuvent être financés par manque de confiance, en raison de la bureaucratie et de la législation ou encore parce qu’ils sont jugés trop risqués ou incertains". D’où ce "nouveau partenariat avec la Commission européenne" qui permettra de "stimuler les investissements, d’envoyer un message de confiance fort et d’améliorer la compétitivité de l’économie européenne".
S’il a salué l’initiative de plan d’investissement comme un "changement de paradigme", il a rappelé que l’objectif de l’EFSI, qui sera établi au sein de la BEI, était de "soutenir des projets viables, porteurs d’avantages économiques durables et accompagnés, le cas échéant, d’une prise de risque plus élevée», en somme des projets qui "auraient sinon été retardés ou n’auraient jamais vu le jour". Le président a également insisté sur le besoin de capitaux privés pour financer ce fonds. "L’objectif de la BEI est de mobiliser des fonds privés pour des intérêts publics", a-t-il dit. Le FEIS sera initialement doté d'une garantie de 16 milliards d'euros de la Commission européenne et d'une enveloppe de 5 milliards d'euros constituée sur les ressources propres de la BEI. L’objectif à terme est de mobiliser au moins 315 milliards d'euros à l'appui d'investissements publics et privés dans les trois prochaines années. Cet effet levier de 1 pour 15, jugé par ses détracteurs "irréaliste", sera atteint, selon la BEI.
En ce qui concerne le financement des projets, Werner Hoyer a insisté sur le fait que le groupe BEI va "commencer à récolter des financements dans l’immédiat, sans attendre que la procédure législative pour la mise en place du fonds ait abouti", pour financer des projets "auxquels elle croit". Il a également indiqué que la BEI "n'applique pas de quota par pays mais évalue les opportunités de financement en se basant sur le nombre, la nature et la qualité des projets qui lui sont soumis" et que le groupe BEI "se réjouit d’augmenter ses financements pour des projets grecs".