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Opinion
"Le Luxembourg ne peut pas se vanter de son europhilie", mais le pays "est une sorte d’Europe vécue", commente le directeur de TNS ILRES Charles Margue au sujet du dernier Eurobaromètre "Spécial Luxembourg"
25-02-2015


eurobarometerLe 25 février 2015, la représentation de la Commission européenne au Luxembourg a invité la presse à un briefing portant sur les résultats du dernier sondage Eurobaromètre "Spécial Luxembourg" publié par la Commission européenne avec son Eurobaromètre d’automne en décembre 2014 (Eurobaromètre 82). Le briefing a été fait par le directeur de TNS ILRES Charles Margue, qui a réalisé cette étude pour la représentation de la Commission européenne au Luxembourg.

Pour mémoire, l’objectif du sondage Eurobaromètre 82 était de faire le point sur la vie des citoyens et la perception que ceux-ci en ont, ainsi que sur leur perception de l’Union européenne.

Dans son briefing, Charles Margue a commenté plusieurs chiffres de l’Eurobaromètre d’automne et a particulièrement insisté sur le caractère cosmopolite du Luxembourg en vue du référendum prévu pour juin 2015, dont une question aura trait au droit de vote des citoyens étrangers au Grand-Duché. "Nous vivons dans un pays où la moitié de la population est de nationalité étrangère", a ainsi souligné Charles Margue.

Pour Charles Margue, certains chiffres témoignent du fait "que l’Europe est en panne"

Pour ce qui est de la situation de l’économie nationale, Charles Margue a indiqué que la majorité des résidents du Luxembourg évaluent positivement la situation économique du pays, avec trois quarts des personnes interrogées qui la jugent bonne. Ces chiffres sont différents dans les pays voisins. "En Belgique, deux sondés sur trois jugent négative la situation économique de leur pays, et en France, cette estimation est identique à celle du Portugal (avec moins d’une personne sur dix qui jugeant bonne la situation économique de leur pays, ndlr)", a relevé Charles Margue. Dans l’UE, en moyenne, l’estimation négative concerne deux tiers des sondés. Face à un tel "manque d’optimisme", Charles Margue indique que dans l’UE, "il est difficile de faire de la politique si les gens n’y croient pas".

Par ailleurs, en ce qui concerne la manière dont les citoyens jugent la situation financière de leur ménage, Charles Margue indique que pour le Luxembourg, ces chiffres sont positifs (86 % des sondés la jugent "bonne"), mais que ceux-ci doivent être nuancés en tenant compte des chiffres récents qui témoignent d’une précarité croissante au Luxembourg. Le directeur de TNS ILRES indique par ailleurs que le pourcentage de personnes qui jugent "mauvaise" la situation financière de leur ménage est plus grand en Allemagne, où seulement 64 % des sondés jugent bonne leur situation financière. En outre, "au Portugal, un ménage sur deux a de graves difficultés pour vivre", a-t-il encore indiqué. Au niveau de l’UE, deux tiers des sondés jugent négative la situation financière de leur ménage. "Ces tendances montrent bien les défis de l’Europe", a estimé Charles Margues. Pour lui, ces chiffres témoignent du fait "que l’Europe est en panne".

Pour ce qui est des attentes pour les mois à venir, Charles Margue indique qu’au Luxembourg "l’humeur s’est détériorée". Il relève qu’au Grand-Duché, les attentes d’une situation meilleure ont diminué de 15 %, tandis qu’en Allemagne, en Belgique et en France, celles-ci sont devenues "légèrement plus optimistes". Au Portugal, le nombre d’optimistes a augmenté de 10 %, "alors qu’auparavant, la moitié de la population estimait que le pire était à venir", a souligné Charles Margue.

Quant aux problèmes que les citoyens jugent les plus importants, Charles Margue relève qu’au Luxembourg, le chômage occupe la première position. "Depuis une bonne douzaine d’années, le chômage est une réalité et un souci très fort au Luxembourg", a signalé le directeur de TNS ILRES. Le Luxembourg se distingue par ailleurs de ses visions européens en ce qui concerne le problème du logement, qui se trouve presque à la même hauteur que le chômage, une situation que Charles Margue juge "atypique par rapport à l’UE", mais qui est récurrente dans tous les Eurobaromètres. Le système éducatif, préoccupation constante dans les sondages menés au Luxembourg, occupe la 3e place. "Dans les autres pays de l’UE, le problème de l’éducation n’est pas jugé aussi important que chez nous", a souligné Charles Margue.

Au niveau européen, "il semble y avoir un consensus sur le fait qu’il faut des reformes pour maîtriser notre futur", indique Charles Margue

Pour ce qui est des chiffres quant au besoin de réformes, Charles Margue souligne qu’au niveau européen, "il semble y avoir un consensus sur le fait qu’il faut des reformes pour maîtriser notre futur". Par ailleurs, au Luxembourg, trois quarts des gens disent qu’au Grand-Duché, il y a aussi un besoin de réformes. La France et la Belgique comptabilisent respectivement 89 % et 87 % des opinions dans ce sens. L’Allemagne se rapproche du schéma luxembourgeois avec 83 % de personnes qui pensent que leur pays a besoin de réformes. Au Portugal les citoyens soutiennent résolument cette idée avec 92 % des sondés s’exprimant dans ce sens. En Grèce, ce chiffre s’élève à 89 %. "Au niveau de l’UE, nous sommes conscients que nous nous trouvons dans une situation difficile, nous estimons qu’il n’y a pas de perspectives optimistes pour le futur, et qu’il faut donc agir", a indiqué dans ce contexte Charles Margue. A ses yeux, le véritable problème consiste à savoir "comment agir".

"Le Luxembourg ne peut pas se vanter de son europhilie", estime Charles Margue

Pour ce qui est des gens qui ont une image positive de l’UE, Charles Margue relève que les chiffres ont le plus augmenté dans les Etats d’Europe centrale et orientale et dans les Etats baltes. "Les Etats comme la Roumanie et la Bulgarie n’ont pas toujours été aussi pro-européens", a indiqué Charles Margue. "Avant, on ne savait même pas vraiment juger si ces pays sont dans l’UE ou pas", a-t-il encore dit.

"Le Luxembourg ne peut pas se vanter de son europhilie, avec seulement 51 % des personnes interrogées qui y ont une image positive de l’UE", a par ailleurs noté Charles Margue. "Néanmoins, le Luxembourg est entouré de pays qui sont définitivement moins europhiles", a-t-il encore ajouté.

Pour Charles Margue, "le Luxembourg est une sorte d’Europe vécue"

Quant aux chiffres concernant le sentiment d’attachement des citoyens au Luxembourg et/ou à l’Europe, Charles Margue indique qu’au Grand-Duché, "quatre personnes sur cinq ne se considèrent pas seulement comme étant des Luxembourgeois". Il indique que 6 % des sondés se sentent "seulement européens" et que 20 % des interrogés se considèrent comme étant uniquement des Luxembourgeois, contre 39 % ayant ce sentiment à l’égard de leur pays de résidence au niveau de l’UE. "Ceci prouve que le Luxembourg est une sorte d’Europe vécue", estime Charles Margue. "Les gens disent que le Luxembourg est un carrefour européen qui est unique, et qui est même supérieur au carrefour que représente Bruxelles", a-t-il poursuivi.

Par ailleurs, selon Charles Margue, deux autres chiffres contribuent au caractère "d’Europe vécue" du Luxembourg : le fait que 91 % des résidents du Luxembourg se sont rendus à l’étranger au cours des 12 derniers mois, "deux fois plus que la moyenne européenne" (68 % en Belgique, 53 % en Allemagne, 39 % en France, 26 % au Portugal), mais aussi le fait que 93 % des sondés ont eu des relations sociales avec des personnes d’autres pays de l’UE (en Allemagne, ce chiffre s’élève à 63 %, en Belgique à 60 %, en France à 47 % et au Portugal à 37 %).

Pour ce qui est des domaines à la base d’un sentiment de communauté, au Luxembourg, ce sont surtout la culture (41 %), les langues (31 %) et les sports (31 %) qui sont jugés les plus importants.  Pour les sondés âgés de 15 à 24 ans, les langues et les sports sont en première position, avec plus de 40 %, ce qui, pour Charles Margue, est "exceptionnel par rapport aux autres pays de l’UE", où ces pourcentages sont nettement inférieurs.

Enfin, le directeur du TNS ILRES a évoqué les chiffres relatifs à l’immigration, qui se caractérisent selon lui par des "différences énormes". Une majorité des résidents du Luxembourg (72%) interrogés voient de façon positive l’immigration de personnes venant d’autres Etats membres de l’UE. A l’opposé, ils sont un peu plus d’un quart à ne pas l’approuver. L’Allemagne, la Belgique et la France affichent seulement la moitié des opinions exprimées  favorables à l’immigration européenne. Le Portugal se situe à un niveau bien plus élevé avec 63 % de sentiments positifs.

L’immigration issue de pays en dehors de l’UE est majoritairement rejetée tant au niveau de l’UE (57 % d’avis négatifs) qu’au Luxembourg (52 %). Les pays limitrophes ne sont pas en reste avec 67 % d’opinions négatives à l’égard de ces personnes pour la Belgique, 61 % en Allemagne et 58 % en France. Le Portugal est moins un peu moins expéditif avec 44 % de personnes qui jugent l’immigration de personnes venant de pays hors de l’UE comme négative.

En Italie, les résidents sont peu favorables tant à l’immigration européenne (36%) qu’à celle issue de pays en dehors de l’UE (18 %). Pour Charles Margue, "ceci s’explique par ce qui se passe à Lampedusa et sur les côtes italiennes".