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L'UE n'a pas atteint ses objectifs environnementaux, notamment en matière de biodiversité, de qualité de l'air et de pollution sonore, avertit l'Agence européenne de l'environnement dans un rapport qui consacre une fiche aux problèmes du Luxembourg
02-03-2015


L’UE n'a pas atteint ses objectifs environnementaux, notamment en matière de biodiversité, de qualité de l'air et de pollution sonore, a averti le 2 mars 2015 l'Agence européenne de l'environnement (AEE) dans son rapport intitulé "L'environnement en Europe. Etat des lieux et perspectives 2015" qui paraît tous les cinq ans. Dans un communiqué, l’Agence met en garde contre une dégradation du capital naturel, notamment en ce qui concerne la biodiversité et les terres, "à cause des activités socio-économiques comme l'agriculture, la pêche, le transport, l'industrie, le tourisme et l'expansion urbaine". La perte de biodiversité et le changement climatique restent des menaces majeures, indique le rapport.

Quelques tendances "plus encourageantes" à court terme

L'Agence européenne de l'environnement (AEE) a présenté son rapport L'environnement en Europe. Etat des lieux et perspectives 2015"  (Source : AEE)L’Agence concède néanmoins des tendances à court terme "plus encourageantes", comme une exploitation des ressources naturelles "plus efficace". "Les Européens profitent d’un air et d’une eau plus sains, de plus de recyclage et moins de mise en décharge des déchets", temporise l’Agence, estimant que la réduction de la pollution a "considérablement amélioré la qualité de l'air et de l'eau en Europe". Le rapport se félicite du fait que les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 19 % depuis 1990 malgré une hausse de 45 % de la production économique et que l'utilisation des combustibles fossiles a baissé, tout comme les émissions de certains polluants. Le total des ressources utilisées dans l'UE a baissé de 19 % depuis 2007, se félicitent les auteurs du rapport, qui soulignent que les volumes de déchets générés décroissent et que les taux de recyclage se sont améliorés dans presque tous les pays. Le texte souligne que la crise financière a également contribué à la réduction de certaines pressions environnementales.

Pour la Commission européenne, le rapport de l’AEE montre les "importants effets bénéfiques pour les citoyens" causés par une "politique coordonnée de l'UE en matière d'environnement". De plus, ces politiques "stimulent l’emploi et la croissance", souligne-t-elle dans un communiqué  daté du 3 mars 2015.

Le rapport souligne pour autant que "les améliorations prévues de la qualité de l’air ne devraient pas suffire à empêcher les dommages occasionnés à la santé et à l'environnement de se poursuivre, et les conséquences du changement climatique devraient empirer". La Commission reconnait pour sa part que la mauvaise qualité de l’air reste la première cause environnementale de décès prématuré dans l’UE et annonce un paquet de mesures modifié sur la qualité de l'air.

Un degré d'ambition de la politique environnementale "inadapté" pour atteindre les objectifs environnementaux à long terme

L’AEE estime de plus que le degré d'ambition de la politique environnementale en place puisse être "inadapté" pour atteindre les objectifs environnementaux à long terme, jugeant que les réductions d'émissions de gaz à effet de serre prévues actuellement sont insuffisantes pour que l'UE puisse réduire les émissions de 80 à 95 % à l’horizon 2050 par rapport à 1990, comme s’est prévu par la feuille de route vers une économie compétitive à faible intensité de carbone à l’horizon 2050. Pour 2030, l’UE s’est fixé en octobre 2014 un objectif de réduction de 40 %.

Ll’Agence conclut que ni les politiques environnementales actuellement en vigueur, ni les gains d’efficacité économique ou technologiques ne seront suffisants pour atteindre la vision de l’Europe à l’horizon 2050, fixé par le 7e Programme d’action européen pour l’environnement. Celui-ci prévoit notamment la préservation du capital naturel, une économie sobre en carbone et en ressources ainsi que la protection de la population contre les risques sanitaires liés à la pollution de l’environnement.

La dégradation du capital naturel

Le rapport s’alarme contre une perte de biodiversité qui se poursuit. Avec 60 % des espèces protégées et 77 % des types d'habitats dans "un état de préservation défavorable", l'Europe n'est pas près d'atteindre son objectif de stopper la baisse de la biodiversité d'ici à 2020, notent les auteurs qui s’inquiètent notamment pour la biodiversité marine et côtière. Si la surpêche a diminué dans l’océan Atlantique et dans la mer Baltique, ils pointent la surpêche en Méditerranée, évaluée à 91 % des stocks en 2014. De plus, Les fonds marins sont abîmés, les eaux polluées, plus acides et envahies par des espèces invasives. La Commission européenne annonce pour sa part qu’elle lancera en 2015 une "vaste" consultation sur la gouvernance des océans.

Le rapport indique que la qualité de l’eau douce s’est améliorée ces dernières années, mais qu’environ la moitié des masses d’eau douce européennes n’aura pas un "bon état écologique" en 2015.

Par ailleurs, moins de 6 % des surfaces agricoles européennes ont été utilisées pour l’agriculture biologique en 2012, avec de grandes différences d’un pays à l’autre, souligne l’AEE.

La pollution atmosphérique et sonore a de graves conséquences sur la santé dans les zones urbaines 

Les auteurs du rapport pointent du doigt la pollution atmosphérique et sonore qui "continue d’avoir de graves conséquences sur la santé dans les zones urbaines". En 2011, près de 430 000 décès prématurés dans l’UE ont été attribués aux particules fines alors que l’exposition au bruit contribue chaque année au moins à 10 000 décès prématurés, dus aux maladies cardiaques et cardio-vasculaires, s’alarment-ils.

L’utilisation croissante de produits chimiques, notamment dans les produits de consommation, a été associée à une augmentation observée des maladies et troubles endocriniens chez l’être humain. Pour rappel, la problématique des perturbateurs endocriniens a été l’objet d’une consultation publique et incité un groupe d’eurodéputés à appeler à une meilleure régulation.

Un point positif : la qualité de l’eau potable et des eaux de baignade s’est améliorée et les taux de certains polluants dangereux ont été réduits.

Un autre point positif que souligne le rapport : Le secteur des industries de l’environnement a connu une croissance de plus de 50 % entre 2000 et 2011. Selon l’AEE, il s’agit de l’un des rares secteurs à avoir prospéré en termes de revenus et d’emplois depuis la crise financière.

La gestion des déchets s’est améliorée et le taux de recyclage est plus élevé

Le rapport note que la gestion des déchets s’est améliorée ces dernières années, avec une diminution des quantités de déchets produits et des quantités envoyées en décharge. Les pays de l’AEE, qui compte 32 membres, ont atteint un taux de recyclage moyen de 29 % en 2012, par rapport à 22 % en 2004. Pour la Commission européenne, l’économie européenne est pourtant encore "loin d’être circulaire", puisque le volume de déchets enfouis est encore trop important. Il existe un potentiel inexploité pour le recyclage et la valorisation énergétique, souligne-t-elle. Elle annonce vouloir "rétablir l’équilibre en 2015" en adoptant un "ambitieux train de mesures sur l'économie circulaire" qui cible toute une série de secteurs économiques, outre celui des déchets.

Les taux de recyclage ont augmenté dans 21 pays entre 2004 et 2012, alors que les taux de mise en décharge ont diminué dans 27 des 31 pays pour lesquels des données sont disponibles, indique le rapport.

Par ailleurs, la consommation intérieure de ressources a diminué pour s’établir à 13,7 tonnes par personne en 2012 (contre 16,7 tonnes par personne en 2007). Cette diminution est due, selon l’AEE, à l’effondrement de l’industrie du batiment et des travaux publics (BTP) dans certains pays européens.

Eviter les investissements qui verrouillent les technologies existantes

Le rapport appelle à des transformations fondamentales en  matière d'alimentation, d'énergie, de logement, de transport, de finances, de santé et d'éducation pour relever les défis environnementaux. Selon les auteurs du texte, il est "primordial d'éviter les investissements qui verrouillent les technologies existantes et, par voie de conséquence, limitent les options d'innovation ou freinent le développement de solutions de substitution". Ils appellent aussi à rétablir une résilience des écosystèmes et de la société en améliorant la gestion des ressources naturelles. "Nous avons 35 ans pour faire en sorte de  vivre sur une planète durable d'ici à 2050", souligne le directeur de l'Agence, Hans Bruyninckx, appelant à "agir maintenant".

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est le "défi le plus important" pour le Luxembourg

Dans sa fiche sur le Luxembourg, l’AEE met en avant l’impact négatif du développement de l’économie luxembourgeoise sur l’environnenent. Selon elle, la croissance de la population (40 % en 20 ans) et celle des travailleurs frontaliers, qui représentent aujourd’hui 45 % de la main d’œuvre, ont conduit à une augmentation des flux de transports ainsi qu’une pénurie de logements et, par conséquence, des activités de construction importantes et une demande plus importante en énergie. L’Agence souligne le fait que près de 86 % des travailleurs frontaliers se déplaçaient en voiture en 2010.

L’intensification des pratiques agricoles, le développement urbain et une densité plus accrue de l’infrastructure des transports ont des "impacts négatifs" sur la biodiversité et la qualité de l’eau, note l’AEE. Elle s’alarme du fait que des habitats riches en biodiversité comme les zones humides, les prairies sèches et les vergers ont considérablement diminué au cours des 30 dernières années, faisant preuve d’une "homogénéisation généralisée" des paysages, alors que la biodiversité serait dans un meilleur état de conservation dans les forêts.

L’AEE s’inquiète également de la qualité de l’eau : 70 % des eaux de surface ne devraient pas satisfaire les objectifs de qualité chimique et biologique de 2015 fixés par la directive-cadre sur l’eau. L’Agence critique le fait qu’une partie de la nappe phréatique est dans un mauvais état de qualitié concernant sa teneur en nitrates et pesticides. Elle reproche aux autorités d’avoir favorisé la modernisation des exploitations agricoles plutôt qu’une protection mieux ciblée des ressources en eau.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre est le "défi le plus important" pour le Luxembourg qui a l’objectif national de réduction le "plus ambitieux" des Etats membres, à savoir 20 % pour 2020 par rapport à 2005, insiste l’Agence. Elle note que les émissions de gaz à effet de serre imputables à la vente du carburant à des non-résidants – le "tourisme à la pompe" – ont augmenté "considérablement" de 165 % entre 2000 et 2013, tandis que les émissions liées à l’industrie ont baissé de 78 % grâce à la désindustrialisation et des changement technologiques.