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Semestre européen - Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Semestre européen 2015 – Les partenaires sociaux et le gouvernement ont eu un deuxième échange de vues sous l’égide du CES avant la finalisation du PNR et du PSC : la position du patronat
30-03-2015


Le Comité économique et social (CES) a accueilli le 30 mars 2015 la deuxième réunion du "dialogue social annuel sur le semestre européen", cycle annuel de concertation régulière entre le gouvernement et les partenaires sociaux représentatifs sur le plan national portant sur le semestre européen.

A cette occasion, le gouvernement a présenté une note de cadrage concernant le programme national de réforme et le programme de stabilité et de croissance qui devra être soumise d’ici la fin du mois d’avril à la Commission européenne. Un document qui avait été préalablement soumis au patronat et aux syndicats, qui n’ont pas manqué d’y réagir dans leurs contributions respectives.

Du côté du patronat, Michel Wurth, président de l’UEL, a souligné l’intérêt que présente à ses yeux l’analyse faite par la Commission sur la situation du Luxembourg dans son paquet d’hiver. Une analyse "qui doit être prise au sérieux" et que partage largement l’UEL puisqu’elle confirme selon lui les messages des organisations patronales et rejoint la présentation de l’UEL du 26 janvier dernier.Michel Wurth a présenté la position de l'UEL sur le semestre européen le 30 mars 2015

La croissance

La croissance du Luxembourg est certes meilleure que celle de l’UE, mais il faut considérer que celle de l‘UE est particulièrement faible, a ainsi constaté le président de l’UEL qui juge le taux de croissance de 1 % affiché de 20058 à 2014 insuffisant pour financer durablement le système de pensions et le système social. Michel Wurth s’inquiète par ailleurs d’une croissance potentielle estimée à 2 %, alors que les prévisions de croissance sont à 3 %, une contradiction qui doit selon lui être résolue.

L’UEL rejoint aussi la Commission sur le constat d’une baisse structurelle de la compétitivité-coûts qui se traduit par une détérioration de la balance courante et la perte de parts de marché. Pour le patronat, l’explication réside dans la combinaison d’une stagnation de la productivité et d’une progression constante des salaires nominaux, dont Michel Wurth n’a pas manqué de relever que la hausse du CSU a été deux fois plus rapide au Luxembourg que dans le reste de la zone euro. Le phénomène est lié à une forte inflation, et si celle-ci a baissé en 2014 du fait de l’effondrement des prix du pétrole, le président de l’UEL plaide pour une politique de maintien d’une inflation faible.

Sur ce point, le président de l’UEL, qui a déploré que le gouvernement n’aborde pas le sujet dans sa note, propose de lier la politique salariale à l’évolution de la productivité, de favoriser une variation des salaires selon les secteurs, de maintenir des taux de cotisations soutenables pour les entreprises, ce qu’il voudrait voir inscrit dans le PNR, mais aussi de désindexer l’économie. Michel Wurth a aussi insisté sur l’importance de la simplification administrative pour les PME.

En ce qui concerne la diversification de l’économie, l’UEL appelle à développer de nouvelles niches et à poursuivre les efforts pour mettre en place un "nation branding" efficace. Il s’agit d’attirer et de faciliter la création d’entreprises par un cadre fiscal et réglementaire plus stimulant. Et de ce point de vue, Michel Wurth n’a pas manqué de mettre l’accent sur la prévisibilité nécessaire. Mais il s’agit aussi de lutter contre la désindustrialisation, et ce tant au niveau de l’UE que du Luxembourg, a souligné le président de l’UEL en appelant à être "ouvert aux accords de libre-échange nécessaires" puisque "nous ne pouvons pas nous permettre de xénophobie" selon lui.

Les finances publiques

En ce qui concerne les finances publiques, la situation au Luxembourg est certes meilleure qu’ailleurs dans l’UE, mais il faut bien voir qu’elle y est parfois catastrophique, a indiqué Michel Wurth en abordant la question. Le président de l’UEL pointe notamment le déficit persistant de l’administration centrale qui devrait être seul solde pertinent. Or, il n’est pas donné qu’il sera à l’équilibre, estime Michel Wurth qui souligne que le gouvernement table sur une croissance soutenue pour résorber le déficit de l’Etat central.

L’UEL a fait part de ses craintes quant aux menaces qui planent sur la soutenabilité à long terme des finances publiques luxembourgeoises.

La Commission note des progrès limités en ce qui concerne le vieillissement de la population. Sur ce point, l’UEL s’étonne de voir que le gouvernement propose d’attendre 2016 pour faire une analyse de la réforme du système de pension. Il y a urgence, s’inquiète en effet Michel Wurth qui plaide pour une hausse de l’âge de départ à la retraite, une baisse du plafond cotisable, mais aussi pour une plus forte pénétration des deuxième et troisième piliers.

Au-delà du poids des dépenses liées au vieillissement, Michel Wurth a ainsi pointé l’évolution extrêmement forte des dépenses par rapport aux voisins du Grand-Duché, plaidant pour que l’on mette plus l’accent sur la limitation des dépenses. Il a à cet égard fustigé les dépenses publiques liées à la hausse de l’activité dans le secteur non-marchand.  Les représentants du patronat plaident par conséquent pour l’introduction d’une norme de croissance des dépenses de l’administration centrale.

Si l’UEL salue la vision pluriannuelle introduite dans le budget, elle souhaiterait aussi voir déconnecter les recettes vulnérables des dépenses récurrentes, et ce par le biais du fonds souverain dont elle juge, comme le FMI, qu’il devrait être plus conséquent.

L’UEL appelle enfin à plus de sélectivité au niveau des transferts sociaux.  Michel Wurth a en effet appelé de ses vœux une "véritable discussion sur la pauvreté" afin de mieux cibler les prestations sociales. "Dès que de nouveaux arrivants hautement qualifiés apparaissent au Luxembourg, le salaire médian augmente, et avec lui le taux de pauvreté relative", a expliqué Michel Wurth en évoquant un mécanisme qui conduit à des discussions absurdes. Il s’en tient pour sa part plutôt au taux de privation matérielle sévère, qui est parmi les plus bas au Luxembourg.

Si Michel Wurth partage une partie de l’analyse de la Commission sur le marché de l’emploi luxembourgeois, à savoir l’existence de facteurs financiers dissuadant les chômeurs d’accepter un emploi ou encore les difficultés qui existent pour passer en douceur de l’école au travail, il s’est montré critique quant au verdict de la Commission selon laquelle les progrès auraient été limités en la matière. Le président de l’UEL a en effet mis en avant le programme "Entreprises partenaires pour l’emploi" mis en place en partenariat entre l’Adem et l’UEL comme "une réforme majeure" et un bon exemple de ce qui est fait avec les partenaires sociaux. Pour autant, l’UEL a d’autres suggestions pour améliorer la situation, à savoir une flexibilisation du temps de travail ou une révision du système de prestations sociales pour limiter les pièges à l’inactivité.

En matière de fiscalité, Michel Wurth s’est là encore offusqué de l’analyse de la Commission selon laquelle il y aurait "de la marge". "Non, car toute imposition est un frein à la croissance", rétorque l’UEL qui appelle à assurer la stabilité et la prévisibilité du cadre fiscal. Le patronat s’oppose notamment à l’introduction de nouvelles taxes, par exemple sur l’environnement, qui seraient selon l’UEL nuisibles au développement économique. En matière d’environnement, Michel Wurth a en effet fait part de son étonnement quant à ce qu’il considère comme une erreur d’appréciation de la Commission européenne sur la politique d’accises au Luxembourg : Augmenter les accises ferait baisser les recettes mais n’aurait aucun impact sur les émissions de CO2, estime en effet Michel Wurth qui a rappelé que, de son point de vue, les politiques environnementales ne doivent pas grever le potentiel de croissance, comme l’ont fait les politiques environnementales pour l’industrie européenne.