Le 8 mai 2015, lors du briefing à la presse qu’il a fait suite aux travaux du conseil de gouvernement, Xavier Bettel, Premier ministre et ministre des Communications et des Médias, a répondu aux critiques formulées le 4 mai 2015 par l’eurodéputée Viviane Reding (PPE) et le député Laurent Mosar (CSV) qui reprochaient au gouvernement luxembourgeois d'avoir cédé à la pression de lobbies pour empêcher la levée des frais de roaming pour les communications mobiles.
Ces débats s’inscrivent dans le cadre des discussions qui entourent le projet de paquet Télécom mis sur la table par la Commission en septembre 2013. La question de la suppression des frais d’itinérance (ou roaming) en est un des principaux enjeux. Alors que le Parlement européen a adopté sa position en plénière en avril 2014, le Conseil s’est entendu pour donner mandat à la Présidence lettonne pour entamer les négociations en trilogue en mars 2015. La feuille de route présentée par la Présidence lettonne en janvier 2015 qui est à la base de cet accord avait suscité la polémique, y compris au Luxembourg. En s’appuyant sur l’avis du BEREC, elle proposait l’introduction d’une "allocation d'itinérance de base" qui viendrait compenser un report de trois ans de la disparition des frais d'itinérance, actuellement prévue pour décembre 2015.
Dans ce contexte, Xavier Bettel, interpellé par le député Laurent Mosar, avait défendu en février 2015 un report éventuel de trois ans de la disparition des frais d’itinérance proposé par la présidence lettone. Il y expliquait que le Conseil avait agi sur base de l’avis du BEREC "qui avertit notamment que la disparition des frais d’itinérance ferait baisser les prix, mais que le prix des abonnements nationaux augmenterait, et que les répercussions n’ont pas été analysées d’une manière exacte". Xavier Bettel indiquait également que le Luxembourg "s'inquiétait de ce qu'une démarche trop brusque ne s'accompagne d'une hausse des prix nationaux" qui, selon le Premier ministre, porterait finalement préjudice aux consommateurs. "Le Gouvernement considère qu'une telle approche plus progressive - sans pourtant renoncer à l'objectif ultime qui reste l'abolition des frais d'itinérance - évitera des effets contre-productifs d'une abolition trop radicale, aux dépens des consommateurs", avait conclu Xavier Bettel.
"Ce ne sont pas les lobbies qui ont écrit un avis en matière de roaming, mais le BEREC (ou ORECE), c’est-à-dire les 28 instituts nationaux de régulation, dont fait partie l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR)", a déclaré Xavier Bettel devant la presse le 8 mai 2015. "Le BEREC a d’ailleurs vu le jour sous les auspices de la commissaire Reding", a-t-il précisé, avant d’ajouter que dans son avis commun, le BEREC soutient que la levée du roaming risque d’engendrer "une hausse généralisée des tarifs sur le plan national".
"C’est l’avis du BEREC, mais ce n’est pas mon avis", a toutefois souligné le Premier ministre. "Je reste d’avis qu’il est important de trouver des accords entre opérateurs, et je suis heureux que l’ILR luxembourgeois ait trouvé un accord avec l’ILR belge pour qu’une firme luxembourgeoise et une firme belge abolissent le roaming, sans qu’il n’y ait de risque que les prix nationaux augmentent". Néanmoins, "si une instance neutre m’indique qu’il y a un risque que les prix augmentent, il faut le dire", estime Xavier Bettel. "C’est facile de dire que l’on est déçu d’un gouvernement quand celui-ci se base sur l’avis d’instances indépendantes", a-t-il encore dit.
"Nous allons continuer à plaider activement sur ce dossier lors de notre Présidence du Conseil de I'UE, pour qu’à long ou à moyen terme, le roaming soit aboli", a conclu le Premier ministre.