Le 20 avril 2010, l’eurodéputé libéral Charles Goerens, membre de la commission parlementaire Développement (DEVE) et de la délégation de l’Union européenne qui a participé le 31 mars 2010 à la "Conférence internationale des donateurs pour Haïti" aux Nations Unies à New York, est intervenu en session plénière au Parlement européen au sujet de la déclaration de la Commission sur la coordination de l'aide humanitaire et de la reconstruction en Haïti. L’objectif de la conférence de New York, à laquelle les 192 Etats membres de l’ONU, dont le Luxembourg, avaient été invités, était de mobiliser l’aide internationale pour répondre aux besoins en développement d’Haïti après le tremblement de terre survenu le 12 janvier 2010, afin de poser les fondations de son relèvement à long terme.
"La situation qui caractérise Haïti au lendemain du tremblement de terre est bien spécifique à maints égards", a constaté Charles Goerens. Il a déclaré que d'habitude, on peut se consacrer à des tâches de reconstruction et de développement proprement dit au bout d’un certain temps. "En Haïti cependant, l’approche de la saison des hurricanes rend indispensable le maintien de la phase humanitaire et probables d’autres interventions d’urgence", a-t-il expliqué.
Pour parer au plus pressé, il importe en effet selon le député libéral, de prévoir des abris assez robustes et en quantité suffisante. A ces yeux, cette mesure devient pertinente étant donné que, d’une part, la reconstruction des logements détruits prend du temps et, d’autre part, l'exposition directe d'Haïti aux hurricanes laisse craindre le pire comme le rappelle le passé récent. Pour Charles Goerens, vouloir sortir de l’humanitaire maintenant serait tout simplement irresponsable, et reporter à plus tard la reconstruction le serait tout autant. "Autrement dit, il faut tout faire en même temps : l’humanitaire pour qu’il n’y ait plus de morts inutiles, la reconstruction pour renouer au plus vite avec une vie tant soit peu normale, la relance de l’économie qui est essentielle pour générer les ressources de façon durable, renforcer la capacité budgétaire de Haïti dans le très court terme et s'engager résolument dans la décentralisation", a-t-il souligné.
La conférence des donateurs qui s'est tenue au siège des Nations-Unies le 31 mars dernier et à laquelle le Parlement européen a pu être représenté notamment par Madame Striffler a suscité, selon Charles Goerens, un immense espoir. Il retient de cette conférence que, pour une fois, la communauté internationale et plus particulièrement l’Union européenne ont annoncé des contributions bien au-delà des attentes. Et de rappeler que "le Plan d’action estime les besoins à 11 milliards de dollars, on s’attendait à 4 milliards et en définitive les engagements s’élèvent à presque 10 milliards".
Pour Charles Goerens, outre les interventions humanitaires, il faut retenir six points de la conférence, à savoir :
La nécessité d’un redémarrage rapide de l’économie, que le directeur général du FMI appelle de ses vœux et à laquelle il attribue une capacité de croissance annuelle de 8 % dans les cinq prochaines années.
Dans cet ordre d’idées, la relance du secteur agricole devient la priorité économique. Aujourd’hui, Haïti a besoin de 80 % de ses recettes d’exportation pour financer son importation de produits agricoles. Dans ce contexte, Charles Goerens a tenu à rappeler que par le passé, Haïti a connu des périodes d’autosuffisance alimentaire.
C’est sur des critères de pertinence, d’efficacité, d’efficience et de durabilité qu’il va falloir évaluer le développement d’Haïti qui reste tributaire pour un avenir prévisible de l’aide publique au développement.
Afin d’inscrire le développement dans la durée, l’appropriation de celui-ci par les Haïtiens est la conditio sine qua non. Sinon, le développement des secteurs sociaux de base resterait illusoire.
Le tremblement de terre en Haïti prouve une fois de plus si l’en était encore besoin qu’il importe de hâter sans tarder la mise en place d’un dispositif d’aide humanitaire rapide visant la mutualisation des capacités tant matérielles qu’humaines de tous les Etats membres de l’Union européenne.
L’importance de l’apport européen à la solution du problème haïtien aura été décisive même si en termes de visibilité on aurait pu mieux faire, mais sur le fond, l’UE et notamment la Haute Représentante, les commissaires Piebalgs et Georgieva, ainsi que leurs directions générales méritent notre reconnaissance.