A la veille du discours sur l’état de l’Union que doit tenir José Manuel Barroso le 7 septembre 2010 devant le Parlement européen, une première dans l’UE qui sera suivie d’un débat en plénière, l’eurodéputé Charles Goerens (ADLE) a présenté à la presse luxembourgeoise sa propre vision de l’état de l’UE.
2010 aurait dû permettre selon les espoirs de Charles Goerens la mise en œuvre du traité de Lisbonne, ce qui aurait permis de corriger par la même occasion ce que l’eurodéputé libéral appelle des "vices de construction du traité de Maastricht". Mais c’était sans compter une crise qui sévit pour sa troisième année sans que l’on soit, selon l’analyse du parlementaire, près de sortir de nos peines.
Pourtant un certain nombre de choses ont avancé au cours des derniers mois et l’eurodéputé a notamment salué le fait que le Parlement européen ait su prendre ses responsabilités, tout en appelant la Commission à rétablir son autorité au nom de la méthode communautaire.
Charles Goerens regrette en effet le manque de coordination politique qui caractérise selon lui l’Union économique et monétaire, et ce notamment dans le domaine économique, un des vices de construction de l’UE qui trouve son origine dans le traité de Maastricht. Aussi, Charles Goerens ne peut-il que saluer les travaux de la task force sur la gouvernance économique présidée par Herman Van Rompuy. Il se félicite notamment de l’introduction d’un "semestre européen" dont il apprécie le principe d’un échange d’informations entre Etats membres et qui n’enlève selon lui rien aux droits des parlements nationaux comme certains ont pu le craindre.
Autre sujet de dépit pour l’eurodéputé, l’incapacité dont ont fait preuve les Etats membres lorsqu’il a fallu réagir face aux menaces qui pesaient sur la Grèce. Le temps qu’il a fallu pour trouver un accord de principe, puis pour en définir les modalités pratiques, a paru bien trop long aux yeux du parlementaire libéral qui s’est inquiété des difficultés à mettre en place ce plan d’aide. Car il est impératif selon lui que l’UE reste, au nom du principe de solidarité, une "Union de transfert". Aussi, s’il est soulagé par le fait que la situation grecque est désormais "sous contrôle" et que l’UE s’est dotée d’un fonds de sauvegarde, il juge "inacceptable" le refus slovaque de participer au plan d’aide à la Grèce. Il ne saurait être question de "consommer de la stabilité" sans accepter d’en payer le prix, a-t-il en effet expliqué en déplorant les écarts de "maturité" qui existent entre les différents Etats membres.
Dans ce tableau assez sombre de la situation de l’UE, Charles Goerens a tenu à souligner cependant l’avancée que constitue l’accord trouvé le 2 septembre dernier entre Commission, Conseil et Parlement européen au sujet de la supervision financière. Le Parlement européen se prononcera sur ce projet lors de la session de la fin du mois de septembre. L’eurodéputé a salué comme une avancée la création d’autorités de surveillance des banques, des marchés financiers, des assurances et des pensions professionnelles, et il s’est félicité de la mise en place d’un comité européen du risque systémique (CERS) dont la présidence sera assurée par la BCE au cours des cinq premières années.
Quant à la suite, Charles Goerens a identifié les défis auxquels va devoir faire face l’UE dans les mois à venir. En matière d’élargissement, Charles Goerens se dit partisan d’une pause, appelant à privilégier plutôt l’approfondissement sans pour autant revenir sur la parole donnée. Les discussions à peine entamées sur les perspectives financières 2014-2020 laissent présager des débats très difficiles en cette période de crise selon l’eurodéputé, qui plaident pour des transferts permettant une politique de cohésion efficace visant notamment à éviter toute forme de dumping social au sein de l’UE.
La création du Service européen d’Action extérieure (SEAE), si elle peut sembler en bonne voie, reste pourtant aux yeux de Charles Goerens un défi. La cause en est pour lui que l’UE n’a toujours pas de politique étrangère ce qui rend difficile à identifier le message que le SEAE entend donner et qui pose à l’UE un problème de positionnement sur la scène internationale. Enfin, Charles Goerens regrette que, tout en étant une championne en matière d’aide humanitaire d’urgence, l’UE ne soit pas capable de le faire mieux savoir et de diffuser de par le monde une image de puissance de paix.
Dans ce contexte européen, le Luxembourg, qui en termes de population représente environ 1 millième de la population de l’UE, a selon Charles Goerens une "chance incroyable". Sa trésorerie est quasiment intacte, son service de la dette est des plus bas, ce qui devrait permettre au pays d’avoir les moyens de financer sa politique humanitaire, mais aussi la lutte contre le chômage, ou encore des investissements en matière de recherche et développement. Il semblait important de le rappeler aux yeux de l’eurodéputé dans un contexte de mécontentement marqué et de dialogue social difficile.