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Economie, finances et monnaie
A la suite du vote du Parlement slovaque contre la participation de la Slovaquie au mécanisme d’aide à la Grèce, les réactions sont vives
Pour Jean-Claude Juncker, "la Slovaquie joue avec le feu"
13-08-2010


Alors que le versement de la deuxième tranche du plan d’aide à la Grèce est prévu pour le mois de septembre 2010, le Parlement slovaque a voté le 11 août 2010 le refus de la participation slovaque à ce plan d’aide.

Sur les 84 députés présents, 69 se sont opposés à la participation de la Slovaquie au plan d’aide tandis que 13 d’entre eux s’abstenaient. Seuls deux députés ont voté pour que la Slovaquie apporte à ce plan d’aide d’un total de 110 milliards d’euros sa contribution qui devait atteindre 816 millions d’euros. Les 62 députés du parti social-démocrate n’ont pas participé au vote.

Le gouvernement social-démocrate de l’ancien Premier ministre Robert Fico avait donné son accord aux partenaires européens au mois de mai, lorsqu’a été prise la décision d’activer le mécanisme d’aide à la Grèce qui se trouvait alors dans une situation budgétaire particulièrement difficile. Mais la décision de contribuer à cette aide par des prêts bilatéraux devait être validée par le parlement dont la réélection a eu lieu le 12 juin dernier. Ces élections ont conduit à un changement de gouvernement et la coalition de partis de centre-droit désormais au pouvoir s’oppose à l’aide octroyée à la Grèce.

"La Slovaquie, qui est bien plus pauvre, ne doit pas payer l’addition pour le manque de discipline de la politique budgétaire de la Grèce qui est bien plus riche". C’est en ces termes qu’argumentait déjà avant les élections Iveta Radicova, devenue depuis Premier ministre. Comme elle l’a déclaré au Financial Times Deutschland à l’issue du vote pour défendre la position des parlementaires slovaques, le pays a connu de graves difficultés pendant les années de réforme de 1998 à 2002 et "personne ne nous a aidé. Nous n’avons pas reçu un centime". "Comment expliquer maintenant à nos citoyens que nous devons aider ceux qui ne sont pas prêts à faire eux-mêmes quelques chose ?", plaide-t-elle.

Olli Rehn déplore un "manque de solidarité au sein de la zone euro"

Si la décision du Parlement slovaque n’aura, selon Olli Rehn, le commissaire européen en charges des Affaires économiques, "aucune incidence négative sur le versement des tranches du prêt" à la Grèce, les réactions à la décision slovaque ont fusé.

"Je prends acte du vote du Parlement slovaque contre la participation de la Slovaquie dans l'accord de prêt conditionnel pour la Grèce. Il s'agit d'une violation de l'engagement pris par la Slovaquie auprès de l'Eurogroupe de fournir de façon temporaire et conditionnelle une aide financière à la Grèce", a ainsi déclaré Olli Rehn. "Je ne peux que regretter ce manque de solidarité au sein de la zone euro et je m'attends à ce que les ministres des Finances de la zone euro et les ministres des Finances de l'UE reviennent sur cette question lors de leur prochaine réunion" début septembre à Bruxelles, a-t-il ajouté.

Jean-Claude Juncker, pour qui "la Slovaquie joue avec le feu", entend revenir sur le non slovaque à l’occasion du prochain Eurogroupe

L'entretien accordé par Jean-Claude Juncker sur le site www.kurier.atLe Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a fait part de son mécontentement dans un entretien publié sous le titre "la Slovaquie joue avec le feu" dans le quotidien autrichien Kurier daté du 13 août 2010.

"Si l’exemple de la Slovaquie fait école, les marchés financiers vont noter que les décisions prises au sein de l’Eurogroupe sont extrêmement fragiles", a ainsi déclaré celui qui est aussi le chef de file de l’Eurogroupe.

Jean-Claude Juncker évoque dans cet entretien le soutien apporté à la Slovaquie en 1997, sous présidence luxembourgeoise de l’UE, alors que les résistances étaient grandes pour que lui soit accordé le statut de candidat. Le gouvernement de Vladimír Mečiar était alors très controversé et, ainsi qu’il le raconte, Jean-Claude Juncker s’est alors engagé de façon à ne pas "punir le peuple slovaque pour ses dirigeants". "Aujourd’hui la Slovaquie ne devrait pas punir le peuple grec pour les erreurs de ses dirigeants", poursuit le Premier ministre luxembourgeois.

La question qui se pose désormais pour Jean-Claude Juncker, c’est de savoir si "le principe de la parole donnée continue de primer même si la décision a été prise par le gouvernement précédent". Pour lui, en tant que dernier pays ayant rejoint la zone euro (la Slovaquie a rejoint la zone euro remonte en janvier 2009), "le nouveau gouvernement slovaque devrait apprendre que l’union monétaire ne fonctionne que de façon collective et solidaire". "Pour moi, il n’est pas tolérable que le Parlement slovaque refuse activement de l’accepter", a ainsi déclaré Jean-Claude Juncker avant de rappeler que si cette aide à la Grèce n’avait pas été décidée, cela aurait conduit à de très graves turbulences pour l’euro. Comme il ne manque pas de le souligner, cette aide est conditionnée qui plus est à des réformes à laquelle la Grèce s’est jusqu’ici pleinement attelée et Jean-Claude Juncker enfonce le clou en expliquant qu’il ne s’agit d’ailleurs pas de la Grèce mais bien de la stabilité de l’euro. Et sur ce point, il ne saurait y avoir le moindre manquement à la solidarité selon le président de l’Eurogroupe.

Aux yeux de Jean-Claude Juncker, s’il n’y a certes pas violation du droit, il y a manquement à la parole donnée et "ce n’est pas un bon début pour le nouveau gouvernement". Le chef de file de l’Eurogroupe entend donc discuter de façon "très énergique" le non de la Slovaquie à l’occasion de la prochaine réunion de l’Eurogroupe.

La participation de la Slovaquie au plan de secours est elle confirmée

La décision de la Slovaquie de participer à l’EFSF, la facilité européenne de stabilité financière mise en place début juin 2010 à la suite du sommet extraordinaire du 9 mai, avait déjà fait l’objet de quelques inquiétudes à la mi-juillet.

Mais le gouvernement slovaque avait finalement accepté de signer l’accord cadre le 16 juillet dernier et, le 11 août 2010, le parlement a donc suivi, sans surprise, en donnant son accord à la participation slovaque à cet instrument qui est désormais pleinement opérationnel, ainsi que l’a déclaré à la presse son directeur exécutif, Klaus Regling, le 4 août 2010.