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Les exportations de fourrages vers le Luxembourg, Cattenom, Schengen et la Grèce à l’ordre du jour d’un entretien entre Jean-Claude Juncker et le président français, Nicolas Sarkozy
30-05-2011


Le président Nicolas Sarkozy reçoit Jean-Claude Juncker sur le perron de l'Elysée, Paris, 30 mai 2011Le 30 mai 2011, le Premier ministre et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a été reçu par le président de la République française, Nicolas Sarkozy, au Palais de l’Élysée à Paris. A l’issue de ces entretiens, le Premier ministre s’est exprimé sur les questions de l’arrêt  des exportations françaises de fourrages, notamment vers le Luxembourg, en raison de la sécheresse, les tests de sécurité à Cattenom, la réforme des règles régissant l’espace Schengen et la crise grecque.

Les exportations françaises de fourrages vers le Luxembourg continueront

Au micro de RTL, Jean-Claude a déclaré qu’il avait expliqué au président français que l’arrêt des exportations de fourrages vers le Luxembourg, encore plus nécessaires à cause de l’actuelle sécheresse, n’était  "pas acceptable et contraire aux règles européennes", et que le président Sarkozy lui avait répondu que cela ne se ferait pas et que les exportations de fourrage vers le Luxembourg continueront.

Les experts luxembourgeois peuvent participer aux tests de sécurité à Cattenom au niveau qu’ils voudront

En ce qui concerne les tests de sécurité à la centrale nucléaire de Cattenom, Jean-Claude Juncker a expliqué que les critères qu’il avait formulés lors de la déclaration sur l’état de la nation le 6 avril 2011 résumaient ce que les chefs d’Etat et de gouvernement avaient décidé ensemble à Bruxelles lors du Conseil européen en mars 2011. Il y avait été décidé "que ces tests seraient menés de manière sérieuse, et c’était notamment la promesse de M. Sarkozy que s’il devait s’avérer qu’une centrale n’était pas absolument sûre, elle serait fermée". Jean-Claude Juncker a déclaré qu’en ce qui concerne Cattenom, "le président Sarkozy de même que le Premier ministre Fillon ont réitéré leur engagement que les experts luxembourgeois pourront participer aux tests de sécurité au niveau qu’ils voudront". Le Premier ministre a ajouté qu’il en était néanmoins arrivé, lors de son voyage de retour, à la conclusion que le Luxembourg ferait bien de se mettre ensemble autour d’une table avec la Sarre et la Rhénanie-Palatinat "pour voir ce que nous pourrons faire ensemble, car je suis convaincu qu’il vaut mieux monter une équipe commune d’experts".

Le Luxembourg sera très regardant afin que l’acquis de la libre circulation des personnes dans l’espace Schengen ne soit pas mis à disposition

Jean-Claude Juncker est très attaché à l’Europe de Schengen, et il a à plusieurs reprises exprimé son mécontentement au sujet de l’intention du gouvernement danois de rétablir des contrôles permanents aux frontières intérieures avec la Suède et l’Allemagne. Les problèmes à la frontière entre la France et l’Italie sont perçus comme étant à l’origine de la réforme des règles de l’espace Schengen qui est actuellement en discussion. Schengen a donc été un des sujets abordés avec le président Sarkozy.

A RTL, le Premier ministre a déclaré qu’il a "expliqué que l’on ne doit pas mettre à disposition d’un jour à l’autre les acquis de dizaines d’années de construction européenne, surtout ceux de l’Europe des citoyens". Pour lui "il n’est pas acceptable qu’un Etat membre décide tout seul du jour au lendemain de fermer ses frontières, sans demander leur avis à la Commission et aux autres pays".

La position du Luxembourg a été très clairement exposée à Paris : "Nous serons très regardants sur la question. Il faut qu’on en reste à la libre circulation des personnes en Europe sans contrôle aux frontières. Des contrôles sporadiques peuvent évidemment être effectués, et cela est tout à fait possible actuellement, et ceux-ci pourraient être abordés de manière plus systématique si un pays chargé de la garde des frontières extérieures de l’espace Schengen n’est pas en mesure d’assumer pleinement ses tâches. Mais dans ce cas, cela doit se faire en coopération avec la Commission et les autres Etats membres. Si quelqu’un décide tout seul de fermer ses frontières, cela est le contraire de l’Europe."

La crise grecque : résolution des problèmes en juin  

Jean-Claude Juncker dans la cour de l'Elysée, Paris, 30 mai 2011En ce qui concerne la Grèce, Jean-Claude Juncker a parlé des contacts quotidiens qu’il a "avec les Grecs, avec le Premier ministre, le ministre des Finances, la banque centrale" et que tout les acteurs impliqués sont arrivés à la conclusion "que nous devons trouver une réponse d’ici juin", voire "d’essayer de résoudre le problème grec d’ici au mois de juin".

Mais, a martelé Jean-Claude Juncker lors d’une interview à RTL, "cela présuppose que la Grèce atteigne les objectifs budgétaires qu’elle s’était fixés pour 2011, alors que pour l’instant, elle ne les atteint pas ; cela présuppose aussi que le programme de privatisations permettant de dégager 50 milliards d’euros soit lancé ; cela présuppose que des réformes structurelles qui permettront de libérer le potentiel de croissance du pays soient mises en œuvre ; cela présuppose que les grands partis grecs, y compris le parti conservateur dans l’opposition, se mettent d’accord sur les grandes orientations de ces programmes de réforme, afin  que tout puisse se dérouler sur une large base qui leur donne la légitimité démocratique nécessaire. Si ces conditions sont réunies, nous pourrons penser à d’autres mesures, mais jusque là nous avons besoin que nos amis grecs satisfassent à leurs obligations quotidiennes, car ils ne sont pas encore arrivés là où eux-mêmes ont dit qu’ils voulaient arriver."

Jean-Claude Juncker est parfaitement conscient du risque de révolte en Grèce. Il a déclaré comprendre "que les gens modestes, qui n’y sont pour rien directement dans cette crise qui touche leur pays, descendent dans la rue et trouvent que l’effort pour venir à bout de cette crise est injustement réparti". C’est pourquoi il dit faire partie "de ceux qui tapent plus du poing sur table pour exiger des privatisations plutôt que de demander des coupes dans les prestations sociales". C’est soit les privatisations, soit "des mesures d’austérité de la pire espèce", a-t-il lancé, citant en exemple la mise en vente des usines de ciment qui appartiennent au gouvernement grec, alors que selon lui, "un gouvernement n’a pas besoin  de fabriquer du ciment". Les privatisations, c’est pour Jean-Claude Juncker aller chercher l’argent là où il se trouve. "Et que l’on n’aille pas le chercher chez les petites gens où il n’y en a plus beaucoup de toute façon", a-t-il conclu.