Le 16 septembre 2011, à l’issue de la réunion informelle de l’Eurogroupe qui s’est tenue à Wroclaw, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe a accordé à la journaliste Arlette Chabot un entretien qui a été diffusé sur Europe 1. L’occasion pour Jean-Claude Juncker de faire le point sur cette journée de discussions.
Jean-Claude Juncker rappelle ainsi la procédure qui est d’usage pour décider de l’octroi à la Grèce d’une nouvelle tranche de prêts, décision qui a été remise au début du mois d’octobre. "La communauté que forme l'Eurogroupe est un ensemble qui repose sur les règles de droit", souligne-t-il avant de rappeler que "ces règles de droit prévoient qu'une mission d'évaluation, composée du Fonds monétaire international, de la Commission et de la Banque centrale, doit mettre à la disposition des ministres de l'Eurogroupe une évaluation des efforts grecs".
"Il a paru aux représentants de cette mission d'évaluation, que nous appelons troïka, que la Grèce n'avait jusqu'à ce jour pas fait ce qu'elle aurait dû faire", explique Jean-Claude Juncker, et les ministres des Finances de la zone euro attendent désormais "le rapport final, le rapport d'évaluation", sur lequel ils vont se baser "pour décider du oui ou du non sur le prochain déboursement grec".
"Moi, je considère que la Grèce très probablement va rentrer dans les clous, et nous verrons début d'octobre si la Grèce aura tout fait ce à quoi elle s'était engagée", a ajouté le Premier ministre luxembourgeois qui s’est refusé à toute spéculation sur une faillite de la Grèce dans le cas où elle n’obtiendrait pas cette nouvelle tranche d’aide. "La Grèce est consciente du fait que l'horizon d'attente des autres États membres de l'Eurogroupe est que la Grèce doit remplir toutes les conditions auxquelles elle s'était engagée", a martelé le président de l’Eurogroupe.
Au cours du débat que les ministres des Finances de la zone euro ont pu avoir avec le secrétaire du Trésor américain, il a été question de l’introduction d’une taxe sur les transactions financières. "Nous avons évoqué cette question, puisque cette proposition – qui d'ailleurs n'est pas exclusivement franco-allemande – a de bonnes chances d'être prise à bord par les autres membres de l'Eurogroupe", raconte Jean-Claude Juncker qui rapporte que "Monsieur Geithner nous a fait savoir que l'administration Obama n'envisagerait pas d'introduire une taxe de ce type".
En matière de gouvernance économique, Arlette Chabot a interpellé Jean-Claude Juncker sur le fait qu’il serait difficile à ses yeux "de cumuler deux fonctions, c'est-à-dire, d'être à la tête d'un gouvernement au Luxembourg et de diriger l'Eurogroupe". "Est-ce qu'il va vous falloir choisir entre deux fonctions ?", demande donc la journaliste tout de go à Jean-Claude Juncker qui répond que tout "dépendra de l'architecture exacte que nous retiendrons en matière de gouvernance de la zone euro".
"La gouvernance doit être renforcée", estime Jean-Claude Juncker qui "considère que nous devons introduire un certain nombre de changements". Le président de l’Eurogroupe présente les deux options : "soit nous transformerons la fonction de président de l'Eurogroupe en une fonction exercée à temps plein, soit nous ferons en sorte que le président du comité financier, qui prépare les réunions de l'Eurogroupe, lui, exerce sa fonction à temps plein". "Nous verrons cela le moment venu et nous déciderons en toute sérénité", ajoute-t-il, précisant aussitôt que "ce ne sera pas un drame".