Le 24 novembre 2011, le ministre des Affaires étrangères prenait position dans une lettre publique adressée à Angela Merkel et publiée dans le Handelsblatt sur la pertinence d’un changement des traités, une exigence de la chancelière allemande qui, selon lui, pourrait "mettre l’UE en péril". Le même jour, le ministre des Finances, Luc Frieden, déclarait à l’occasion de la Journée de l'Assurance que "si nécessaire, les traités européens devraient être modifiés pour créer une union politique en Europe".
Les réactions n’ont pas tardé en ce 28 novembre 2011.
La DP a été le premier parti d’opposition à réagir par la voix de la députée Lydie Polfer. Cette dernière a en effet adressé au Premier ministre une question parlementaire sur le sujet. "Dans une récente lettre ouverte à la chancelière allemande le Ministre des Affaires étrangères a fait un plaidoyer contre l’intention de cette dernière de procéder à une réforme des traités européens pour renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro. Le Ministre des Finances a cependant soutenu la chancelière dans sa démarche lors de son intervention à l’occasion de la treizième journée de l’assurance", résume-t-elle, avant de demander à Jean-Claude Juncker de "l’éclairer", dans le cas où il aurait connaissance de ces faits, "sur la position du gouvernement luxembourgeois au sujet d’une éventuelle réforme du pacte de stabilité et donc des traités européens dans le cadre des efforts entrepris pour résoudre la crise de la dette".
L’ADR n’a pas attendu la réponse à cette question parlementaire pour réagir à son tour en fin d’après-midi par voie de communiqué. L’ADR y exprime la surprise avec laquelle il a pris connaissance de la lettre publique de Jean Asselborn à Angela Merkel. Une lettre "tout à fait inhabituelle" selon l’ADR dans la mesure où l’usage voudrait que le ministre des Affaires étrangères s’adresse à son homologue, et non directement au chef du gouvernement d’un autre pays. Mais les membres du parti vont plus loin encore dans l’interprétation des faits en affirmant que le ministre des Affaires étrangères adressait en fait cette lettre à "Jean-Claude Juncker, poste restante Angela Merkel, Berlin". "Comme Jean-Claude Juncker séjourne très rarement à Luxembourg, Monsieur Asselborn a préféré écrire à Madame Merkel en croyant que celui qui préside encore l’Eurogroupe la voit plus souvent que lui-même", avance l’ADR comme explication. "A moins que Jean Asselborn et le LSAP", épilogue encore l’ADR, "n’aient pas le courage nécessaire pour dire directement à Messieurs Juncker et Frieden que l’idée portée activement par le CSV de modifier les traités ne trouve pas l’accord de son partenaire de coalition socialiste". Le parti souverainiste estime en effet que le CSV est "de toute évidence d’accord pour que le Luxembourg abandonne sa souveraineté fiscale et budgétaire à l’Europe pour la laisser concrètement à un directoire franco-allemand". Il appelle donc le gouvernement luxembourgeois à trouver une position unique et claire sur cette question.