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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
A l’occasion d’un débat sur la crise au Parlement européen, Robert Goebbels a dénoncé "les mots creux répétés à satiété depuis cinq ans dans toutes les communications de la Commission sans être suivis d’effets"
18-04-2012


Le 18 avril 2012, les eurodéputés réunis en plénière se sont, une fois de plus, penchés sur la crise à l’occasion d’un débat ouvert par une intervention du président de la Commission, José Manuel Barroso. Le journaliste Guy Kemp, qui a suivi le débat pour le Tageblatt, rapporte dans l’édition du quotidien luxembourgeois datée du 19 avril 2012, qu’on a pu y entendre nombre d’arguments entendus et répétés au cours des derniers mois.

"La nécessité de renouer avec la croissance et combattre le chômage - notamment le chômage des jeunes - dans la zone euro a encore été au cœur du débat", rapporte ainsi le service de presse du Parlement européen, expliquant que de "nombreux chefs de groupes politiques ont mis en garde contre le coût social de la crise et exprimé des doutes sur la survie de l'euro, au moins dans sa forme actuelle".Les principaux orateurs du débat sur la crise du 18 avril 2012 au Parlement : José Manuel Barroso, Joseph Daul, Hannes Swoboda, Guy Verhoftstadt, Rebecca Harms, Martin Callanan, Nigel Farage, Gabriele Zim © European Union 2012 - European Parliament

José Manuel Barroso a pour sa part présenté deux initiatives prises par la Commission européenne. La première, le "paquet emploi", veut donner des conseils sur la création d'emplois. La seconde vise à relancer l'économie grecque en proposant une série de réformes prioritaires qui vont du soutien à l’emploi des jeunes à la réforme fiscale en passant par l’investissement dans l’éducation.

"Nombreux ont été les appels à une plus grande solidarité, à une sorte de plan Marshall pour la Grèce", a déclaré José Manuel Barroso avant de souligner que l’aide apportée à la Grèce dans le cadre du Plan Marshall avoisinait 2,1 % du PIB, quand le total des aides apportées par la Grèce, en comptant les aides financières, les prêts, la décote de la dette et les subventions des fonds structurels, équivaut à 177 % du PIB grec. "Un symbole visible de la solidarité qui est au cœur de l’Union", d’après le président de la Commission.

Le président de la Commission, qui a dressé une longue liste des efforts réalisés pendant cette crise, a appelé les Etats membres à agir vite et assuré qu'il était si nécessaire prêt à les forcer à mettre en œuvre les réformes votées au niveau européen. "Je n'ai jamais dit que la crise est derrière nous", a en effet souligné le président de la Commission.

"Moi-même et la Commission nous restons convaincus que pour assurer une véritable discipline budgétaire et convergence dans la zone Euro, il faudra une mutualisation de la dette publique", a-t-il par ailleurs lancé, cette remarque en faveur des euro-obligations ayant notamment retenu l’attention des agences de presse.

Le leader du Parti populaire européen, Joseph Daul, lui a fait écho, rappelant le bon travail fait par l'UE avec la stabilisation de l'économie. "Nous nous sommes équipés de mécanismes de discipline renforcés" pour "redevenir crédibles", s'est-il réjoui. Il a insisté sur le rôle que les PME doivent jouer dans la reprise et appelé à diminuer la bureaucratie qui coûterait 40 milliards d'euros par an.

Au nom des Libéraux et démocrates, Guy Verhofstadt a rappelé que, malgré les mesures d'austérité et l'achat massif de dette souveraine, "nous savons tous que la crise n'est pas derrière nous". Il prône une action sur deux fronts : la mise en place de "project bonds" et la mutualisation de la dette. Cette dernière permettrait de faire porter le chapeau aux détenteurs d'obligations et non aux contribuables.

Rebecca Harms (Verts/ALE) a regretté l'absence du président de la Banque centrale européenne (BCE) lors du débat : elle aurait voulu l'interroger sur la stratégie "contre-productive" de la BCE au cours des deux années écoulées. Elle estime en effet que les milliards engloutis dans le sauvetage des banques n'ont eu aucun impact sur l'économie réelle.

Son collègue de fraction, l’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes, a ajouté à ces propos, comme le rapporte Guy Kemp, son incompréhension face à la politique de la BCE qui a prêté 1000 milliards d’euros à bas taux aux banques et qui refuse de tels prêts à la Banque européenne d’investissement (BEI), laquelle peut investir dans l’économie réelle. Rebecca Harms a aussi plaidé pour que l’EFSF ne soit pas doté seulement de moyens mais obtienne aussi une licence bancaire pour pouvoir intervenir sur les marchés.

"On voit trop d'austérité et pas assez de sécurité". Le leader des Socialistes et démocrates, Hannes Swoboda, a insisté sur la relance. Il a demandé que le paquet emploi soit contraignant pour être efficace contre le chômage et redonner espoir aux jeunes. "Les déclarations ne suffiront pas", a-t-il mis en garde.

Son collègue luxembourgeois, Robert Goebbels, est allé un peu plus loin, dénonçant "les mots creux répétés à satiété depuis cinq ans dans toutes les communications de la Commission sans être suivis d’effets". "Plus d’emploi, plus de croissance, plus de marché intérieur, cela sonne bien", s’est moqué l’eurodéputé, mais "les Merkozy qui décident en fin d’un compte n’ont qu’une seule recette : la consolidation fiscale par l’austérité". Robert Goebbels, qui a fait référence à nombre d’économistes fameux, s’inquiète de voir l’Europe tirer "les mauvais enseignements de la crise" et engager "une course absurde vers le moins-disant social des politiques d’austérité qui brisent la croissance".

"La gravité de la situation exige des actions immédiates", a lancé l’eurodéputé socialiste appelant, plutôt que de "rêver de développement durable", à "se battre pour la croissance forte". Le parlementaire, qui dirigeait il y a quelques semaines à peine la troïka alternative de son groupe parlementaire en Grèce, a rappelé la nécessité, pour relancer l’économie grecque, de recapitaliser immédiatement les banques grecques et de mettre en œuvre les projets identifiés par la task-force en les finançant par les fonds structurels. Plus largement, Robert Goebbels a appelé à décider enfin de la hausse du capital de la BEI, à lancer les project-bonds et à encourager les Etats membres qui disposent d’une marge de manœuvre budgétaire à relancer leur économie. "Croissance, croissance, croissance, il n’y a que cela qui compte", a-t-il conclu.