Le 22 septembre 2012, le directeur de l’ABBL, Jean-Jacques Rommes, était l’invité de l’émission "Background am Gespréich" sur les ondes de RTL Radio Lëtzebuerg. Parmi les questions que lui a posées le journaliste Guy Kaiser, on peut relever celles portant sur le projet d’union bancaire au regard notamment des propositions qui ont été mises sur la table par la Commission européenne le 12 septembre dernier en matière de supervision bancaire.
Comme le souligne Jean-Jacques Rommes, nombre de questions restent ouvertes à la lecture de cette proposition, et notamment celle de savoir quelles banques feront l’objet de la supervision assurée par la BCE. Au-delà de cette supervision centralisée au niveau de la BCE, le projet d’union bancaire prévoit aussi la création d’un fonds de résolution au niveau européen. Ce qui implique qu’il faut savoir quelle solidarité on veut, et avec qui on la veut, une question qui n’est pas évidente aux yeux de Jean-Jacques Rommes.
Toujours est-il qu’il importe au directeur de l’ABBL que les différents volets de l’union bancaire, à savoir la supervision commune, le fonds de résolution et l’idée d’une garantie de dépôt commune, doivent être résolus ensemble. Aussi, il se demande si le fait que la proposition du commissaire Barnier ne porte que sur la supervision commune n’est pas une erreur.
Jean-Jacques Rommes rappelle en effet que le projet d’union bancaire est cité dans le rapport des quatre présidents présenté au Conseil européen de juin dernier dans un contexte plus large incluant aussi la mise en place d’une union budgétaire, d’une plus grande coopération économique, le tout basé sur une légitimité démocratique qui lui semble cruciale. L’union bancaire, il serait logique de l’avoir aux yeux du directeur de l’ABBL, tout comme une union des politiques fiscales des différents pays serait selon lui nécessaire pour que les choses fonctionnent sur la durée. Mais la question est de savoir dans quel ordre et à quel rythme on fait quoi. Et dans ce contexte, Jean-Jacques Rommes craint que l’on presse l’établissement de l'union bancaire, qui n’est qu’une partie d’un tout, juste parce que les banques espagnoles veulent avoir accès à "l’auge de l’ESM" ("Trach" dans le texte). Ce qui serait selon lui une "très, très mauvaise motivation pour avancer".
Interrogé plus avant sur les perspectives de la place financière luxembourgeoise, notamment en matière d’emplois, Jean-Jacques Rommes, qui se dit plutôt pessimiste, revient sur la question de l’union bancaire, soulignant qu’elle impliquerait une certaine harmonisation entre les différents pays, ce qui pourrait pousser les banques établies au Grand-Duché à se demander pourquoi elles garderaient leur siège à Luxembourg.