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Transports
Dans une lettre au ministre belge Paul Magnette, les présidents des parlements luxembourgeois et wallon font état de leur préoccupation à l’idée de possibles retards d’investissements pour la modernisation de la ligne Bruxelles-Luxembourg
12-10-2012


Le 11 octobre 2012, les présidents de la Chambre des Députés, Laurent Mosar, et du Parlement wallon, Patrick Dupriez, se sont adressés dans une lettre commune au ministre belge Paul Magnette.

Par cette démarche pour le moins inhabituelle, les deux présidents attirent son attention sur la ligne ferroviaire Bruxelles-Luxembourg-Strasbourg dont le projet de modernisation semble menacé par les restrictions budgétaires annoncées pour 2012 par le gouvernement fédéral belge dans le domaine ferroviaire et les incertitudes relatives aux dotations 2013 et 2014 du groupe SNCB. Laurent Mosar et Patrick Dupriez s’inquiètent de nouveaux retards d’investissements pour ce projet dont l’achèvement était prévu en 2013 et qui a, rappellent-ils, déjà subi de nombreux retards et reports successifs, et dont l’horizon de fin des travaux serait reporté en 2018, dans le meilleur des cas, et plus vraisemblablement à 2012 ou 2022.

"L’état d’avancement des travaux sur cette ligne est pourtant d’une importance cruciale tant pour la Wallonie que pour le Luxembourg et, plus largement, pour la Grande Région", affirment-ils, se faisant l’écho des nombreux débats suscités par cette problématique au sein des différents parlements concernés. Le Conseil interparlementaire régional avait ainsi, exprimé fin 2010 ses préoccupations devant le "lent développement de l’infrastructure ferroviaire – ainsi que l’annulation de subventions de l’UE comme pour l’expansion de la ligne Luxembourg-Bruxelles – et du système de bus transfrontalier dans la Grande-Région".

La liaison ferroviaire Bruxelles-Namur-Luxembourg relie la Belgique et le Grand-Duché ainsi que les trois capitales de l’UE et environ 50 000 personnes l’utilisent pour leurs déplacements quotidiens. A l’échelle de la Grande Région, ce sont 200 000 navetteurs qui sont concernés. Un rappel qui permet aux deux présidents de parlement de souligner que la diminution du temps de trajet et la modernisation de cette liaison correspondent donc à des impératifs économiques et européens de premier ordre qu’il convient de ne pas négliger dans la mesure où ils sont susceptibles de contribuer de manière substantielle au développement des échanges commerciaux, économiques et touristiques à l’intérieur de cette zone géographique.

Pourtant, déplorent-ils, l’état actuel de la liaison ne reflète aucunement cette importance stratégique. Ils relèvent au contraire que la ligne s’est détériorée depuis les années soixante, du  point de vue de l’offre de service, qui a été réduite de manière significative en 2011, du nombre de connexions semi-directes, réduit lui aussi, du temps de parcours, plus long que dans les années 60 et peu concurrentiel face à la voiture, mais aussi des retards réguliers sur la ligne ou encore d’une capacité d’accueil dépassée.

Laurent Mosar et Patrick Dupriez observent par ailleurs que le gouvernement luxembourgeois met activement en œuvre la modernisation de la ligne de chemin de fer entre Luxembourg et Kleinbettingen, à la frontière belge. Ainsi, rappellent-ils, le 10 mai 2012 la Chambre des députés a voté une loi accordant 42 millions d’euros à la première phase des travaux, tandis que 65 millions sont prévus pour la deuxième partie de la modernisation. De son côté, la Wallonie consent depuis 2006 d’énormes efforts financiers sur ce projet puisque son engagement financier avoisine les 47,1 millions d’euros.

"Nous constatons que le rapport d’évaluation à mi-parcours des projets prioritaires du réseau transeuropéen de transport de la Commission pointe du doigt la ligne Bruxelles.Luxembourg-Strasbourg pour les retards considérables pris dans la mise en œuvre de la modernisation des infrastructures, mais aussi les dépassements importants des budgets prévisionnels", poursuivent les présidents des parlements luxembourgeois et wallon qui évoquent aussi le peu de coopération entre les autorités organisatrices des réseaux et le manque d’harmonisation des systèmes de subventions, mais aussi, plus concrètement, de tarification, d’horaires et d’information.

L’objectif de la Wallonie et du Luxembourg est de faire de la ligne l’axe prioritaire pour améliorer les relations commerciales et institutionnelles entre la Belgique et le Luxembourg à travers une diminution substantielle du temps de trajet reliant les différentes villes se trouvant sur cet axe et de réaliser les parties luxembourgeoise et wallonne du projet dans les meilleurs délais, rappellent-ils enfin. Aussi, jugent-ils que "ne pas relever ce défi entraînerait un vrai risque de marginalisation sociale, économique et politique de nos capitales respectives dans le contexte de l’intégration des réseaux européens de mobilité".

Paul Magnette est ainsi invité à user de toute sa "détermination pour doter le projet de modernisation de l’axe des moyens financiers qui lui sont nécessaires" et à assurer que le nouveau plan de transport annoncé pour fin 2013 comportera bien des avancées significatives en termes d’amplitude de cadencement et de fréquences des différents services de la ligne et s’intégrera dans le développement global des transports publics de la Grande Région.

Le ministre luxembourgeois en charge du dossier, Claude Wiseler, s’est vu adresser une copie du courrier.