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Parlement européen - Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Economie, finances et monnaie
La nomination d’Yves Mersch au directoire de la BCE a essuyé un refus des eurodéputés de la commission ECON
22-10-2012


Après plusieurs semaines d’attente, Yves Mersch, qui est candidat au directoire de la BCE, a pu être entendu par les membres de la commission des Affaires économiques et monétaires dans la soirée du 22 octobre 2012. A l’issue de cette audition attendue, la nomination d’Yves Mersch a été soumise au vote des parlementaires, et a essuyé un refus.L'audition d'Yves Mersch par la commission ECON du Parlement européen a eu lieu le 22 octobre 2012 (c) European Union 2012

La résolution adoptée par 21 voix pour, 12 voix contre et 13 abstentions, souligne que l'intention de la commission parlementaire n'est pas de remettre en question les qualifications d'Yves Mersch. Mais elle rappelle que le Parlement européen a soulevé, de manière régulière et insistante, la question de l'égalité des genres au sein de la BCE, et souligne que le Conseil européen lui-même a adopté un pacte pour l'égalité des genres en 2011. En outre, la résolution relève que le Conseil a choisi de ne pas donner de réponse formelle aux demandes de la commission parlementaire en mai, concernant un meilleur équilibre hommes-femmes au directoire de la BCE et la nécessité d'avoir une stratégie en vue de recruter davantage de femmes à des postes à responsabilité au sein de la BCE, des banques centrales nationales et en tant que ministres des finances.

Après le vote, Sharon Bowles (ADLE), présidente de la commission des affaires économiques et auteur de la résolution, s’est dite "convaincue que la commission a pris la bonne décision". "Nous nous opposons à ce que l'institution européenne la plus puissante soit dirigée uniquement par des hommes pendant les six prochaines années", a-t-elle affirmé, soulignant qu’il s’agit "non seulement de souligner qu'il est nécessaire d'avoir un équilibre hommes-femmes, mais également qu'il s'agit en soi d'une question louable".

Face aux critiques, Yves Mersch a assuré avoir respecté toutes les procédures du processus de nomination, "qui relèvent du Conseil européen et des Etats membres". Il a affirmé se sentir lié au principe d'égalité entre les sexes mais, a-t-il ajouté, "il faut essayer de régler ces problèmes au sein de toutes les institutions et dans le temps". Il a également indiqué que les effectifs de la BCE comprenaient "actuellement 43 % de femmes, y compris à des postes de direction".

L’eurodéputée a laissé une dernière chance au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, de "montrer que les États membres sont prêts à s'engager sérieusement en vue d'encourager les femmes à des postes clés" à l’occasion de son intervention devant le Parlement européen réuni en plénière le 23 octobre 2012.

Le vote sur la résolution s’opposant à la nomination d’Yves Mersch est en effet prévu pour le 25 octobre 2012.

Yves Mersch peut toutefois compter sur le soutien d’une grande majorité du groupe PPE, qui a déjà affiché son opposition à la résolution votée en commission. Astrid Lulling, membre de ce groupe parlementaire et de la commission ECON, a une nouvelle fois donné de la voix en appelant la libérale Sylvie Goulard, qui mène la fronde, à s’engager pour que la Banque de France envoie une femme au directoire de la BCE.

Yves Mersch a aussi pu compter sur la voix du socialiste luxembourgeois Robert Goebbels, membre suppléant de la commission ECON qui n’a pas manqué l’occasion de dire à quel point il juge "scandaleuse" la position du Parlement européen. Lors de l’audition, il a interpellé Yves Mersch, estimant qu’il devait avoir l’impression de faire figure de bouc émissaire, une question à laquelle la présidente de la commission, Sharon Bowles, a tenté de couper court, comme le rapporte Jakub Adamowicz dans le Luxemburger Wort.

L’eurodéputé libéral Charles Goerens, s’était déjà exprimé pour soutenir la nomination d’Yves Mersch, et il est donc très probable qu’il se soit opposé à cette résolution. Car s’il n’est ni membre, ni suppléant de la commission ECON, son nom apparaît dans les personnes s’étant exprimé en vertu d’un article du règlement du Parlement européen qui prévoit qu’en l'absence du membre titulaire et dans le cas où il n'aurait pas été nommé de suppléants permanents ou en l'absence de ces derniers, le membre titulaire de la commission peut se faire suppléer aux réunions par un autre député du même groupe politique, avec droit de vote.