Au lendemain de l’annonce par le géant de l’acier ArcelorMittal de l’arrêt d’un partie de sa phase à froid liégeoise, une décision qui va toucher quelques 1300 salariés et qui a soulevé de très vives réactions, les ministres wallon, français et luxembourgeois de l’Economie, Jean-Claude Marcourt, Arnaud Montebourg et Etienne Schneider, ont adressé un courrier commun au commissaire en charge de l’Industrie, Antonio Tajani, qui est aussi vice-président de la Commission, afin de le prier d’inviter Lakshmi Mittal à participer personnellement à la table ronde de haut niveau sur l’avenir de la sidérurgie européenne prévue à Bruxelles le 12 février 2013.
Comme l’analyse le journaliste Léonard Bovy dans un article publié dans le Luxemburger Wort daté du 26 janvier 2013, les trois ministres "jouent la carte de la solidarité face à la politique de fermeture d’ArcelorMittal".
"On aimerait l’avoir à la table pour discuter avec lui", a expliqué Etienne Schneider au journaliste du Wort, ajoutant que "compte tenu de la place centrale que joue ArcelorMittal dans le secteur européen de l'acier, il nous paraît opportun que l'entreprise soit présente". Les trois ministres souhaitent notamment qu’il vienne "présenter la stratégie européenne de son groupe".
Le ministre luxembourgeois se dit conscient des surcapacités de la branche en Europe, mais il n’en reste pas moins que la stratégie à long terme de Lakshmi Mittal en Europe reste peu claire à ses yeux, ainsi qu’il l’a confié à Christian Muller, qui l’a interrogé pour le Tageblatt.
Etienne Schneider admet que les mesures prises par ArcelorMittal au Grand-Duché, pour dramatiques qu'elles soient, prennent une tournure moins radicale que celles adoptées en Belgique et France, rapporte Leonard Bovy. Etienne Schneider lui a en effet rappelé que "pour l'instant le groupe respecte ses engagements, notamment en matière d'investissements". "Mais il est clair que je suis inquiet quand je vois ce qui se passe" dans les deux pays voisins, lui a-t-il toutefois confié.
Comme il s’en est confié au journaliste du Wort, Etienne Schneider estime qu’il faut "mener une politique industrielle européenne qui fait défaut actuellement". Il rejette également toute idée de nationaliser des sites fermés par ArcelorMittal, rappelant que ce serait envoyer "un très mauvais signe aux investisseurs" susceptibles de rallier le Luxembourg.
Mais Etienne Schneider a aussi admis, comme le rapporte Christian Muller dans le Tageblatt daté du 26 janvier 2013, qu’il avait dû insister pour que le Luxembourg soit invité à la table ronde du 12 février qui devrait réunir les représentants des pays concernés par la crise de la sidérurgie, les entreprises concernées ainsi que les syndicats. "Au début, le Luxembourg n’était même pas invité", a ainsi confié le ministre qui a dû s’adresser par courrier au commissaire Tajani pour lui expliquer l’importance du secteur sidérurgique pour le Luxembourg avant de se voir finalement invité.
L’action commune des trois ministres semble en tous cas répondre à un problème identifié par les syndicats de part et d’autre des frontières. La rédaction du Soir s’est ainsi entretenue avec le leader syndical CFDT Edouard Martin, actif à Florange, qui constate et déplore que "chaque site serre les fesses et Mittal joue cette carte à merveille". "C'est véritablement affolant", s’inquiète-t-il en appelant de ses vœux "une conscience collective en Europe".
Une analyse proche de celle du secrétaire du LCGB Charles Hennico qui expliquait au journaliste Marco Meng, du Lëtzebuerger Journal, que "Mittal joue les différents pays et sites les uns contre les autres", et ce alors qu’il est évident à ses yeux que le secteur de la sidérurgie ne doit pas se concevoir au niveau national, mais bien européen.