Le 21 mai 2013, le Parlement européen réuni en plénière s’est prononcé en faveur d’un avancement de la date des prochaines élections européennes des 5-8 juin 2014 au 22-25 mai 2014. Ce vote a été obtenu avec une très large majorité, puisque 601 eurodéputés se prononcés pour, 31 contre et 16 se sont abstenus.
Le Parlement européen était consulté suite à un projet de décision du Conseil remontant au mois de mars 2013 et faisant lui-même suite à une demande des élus européens. Ces derniers avaient en effet demandé d’avancer les élections pour laisser au nouveau Parlement qui sera issu des urnes davantage de temps pour préparer l’élection du futur président de la Commission européenne en juillet 2014. Le Conseil des ministres doit désormais se prononcer sur les dates des élections par un vote à l'unanimité, qui devrait avoir lieu en juin.
Au Luxembourg, dès le feu vert donné à ce changement de date par le Comité des Représentants permanents, le Coreper, le gouvernement en avait pris acte et avait modifié en conséquence les dates du congé de la Pentecôte de l’année scolaire 2013/2014.
L’enjeu est d’autant plus important au Luxembourg que les élections européennes ont lieu traditionnellement le même jour que les élections législatives nationales. Une concordance de dates qui suscite régulièrement le débat.
L’Alliance d’organisations de la société civile qui s’est constituée au Luxembourg autour de 2013, Année européenne des citoyens s’est d’ailleurs saisie du sujet et a interrogé les six eurodéputés luxembourgeois.
Tous sans exception se sont clairement prononcés en faveur du principe de dates distinctes pour les élections européennes et nationales à Luxembourg.
Pour Georges Bach (PPE), des élections européennes séparées permettraient d’augmenter la visibilité du Parlement européen et de focaliser les débats pendant la campagne sur des thématiques vraiment européennes. Frank Engel (PPE) déplore qu’actuellement, la campagne européenne s’efface devant la nationale, ce qui l’attriste car il y aurait de son point de vue "manifestement assez de sujets européens à débattre avec les électeurs". De l’avis de Claude Turmes (Verts/ALE), "cela donnerait plus de visibilité à la campagne et aux enjeux des élections européennes". Astrid Lulling (PPE) se réjouirait quant à elle de pouvoir "enfin faire une campagne électorale ciblée sur les problèmes de l’UE", vu que, depuis 1979, toutes les campagnes, et surtout celle de 2009, sont dominées par des thèmes nationaux.
Certes, ils sont plusieurs à se montrer prudents quant à l’effet de cette séparation. Ainsi, Georges Bach reconnaît que "ce ne sera pas une garantie per se que les sujets de politique nationale ne vont pas accaparer les débats médiatiques", mais il n’en reste pas moins que, selon lui "les chances seront plus grandes d’attirer l’attention des médias et des citoyens sur des sujets européens et d’en débattre". Robert Goebbels (S&D) est lui plus sceptique encore. "La séparation en soi n’engendrera pas nécessairement un débat plus démocratique et plus incisif sur les problèmes politiques européens", tire-t-il en effet comme enseignement des élections passées. "Dans tous les pays européens où il n’y avait que le scrutin européen, les partis politiques de l’opposition nationale ont utilisé la campagne pour demander à l’électeur de sanctionner le gouvernement national, et les partis de la coalition ont mis en avant leur bilan national", raconte l’eurodéputé socialiste qui déplore que les sujets européens qui sont débattus dans les 27 pays à l’occasion des élections européennes soient si rares. Avec l’espoir toutefois que cela changera pour le 25 mai 2014.
Toutefois, il s’agirait de veiller à ce que les dates de ces élections distinctes soient suffisamment espacées. Frank Engel souligne ainsi qu’une séparation d’une ou deux semaines risquerait d’être "un exercice plutôt vain", car il serait difficile d’expliquer aux électeurs pourquoi ils seraient appelés aux urnes deux fois sur une période si brève. Georges Bach et Charles Goerens (ALDE) proposent tous deux un délai minimal de six mois entre ces deux scrutins, le député libéral expliquant la nécessité de cet intervalle "pour que des campagnes électorales dignes de ce nom puissent avoir lieu".
Frank Engel a aussi mis en avant les difficultés qu’il y aurait à séparer des élections qui dont les dates coïncident depuis 1979, date de la première élection du Parlement européen au suffrage direct. "Dissoudre la Chambre des députés rien que pour séparer son élection de celle des membres du Parlement européen serait une démarche institutionnellement problématique", souligne le jeune parlementaire qui glisse par ailleurs que "le Parlement européen ne peut même pas être dissous avant l’expiration de son mandat de cinq ans". Et il ne perd pas non plus de vue le coût financier lié à l’organisation d’élections. Il lui semble donc "matériellement difficile de parvenir à des dates séparées".