Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
L’UEL demande des réformes drastiques avant 2014 pour faire redémarrer l’économie luxembourgeoise qui évolue selon elle d’une manière défavorable dans le contexte européen
06-05-2013


Union des Entreprises luxembourgeoisesL’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) a présenté le 6 mai 2013 un papier dans lequel elle expose ses vues sur la croissance économique et la compétitivité du Luxembourg pour ensuite émettre ses propositions de réforme de l’économie luxembourgeoise.

Le diagnostic de l’UEL

La situation économique luxembourgeoise est pour l’UEL "des plus inquiétantes". Elle fait le constat d’une stagnation depuis 2007, avec une croissance cumulée du PIB entre 2008 et 2012 de 0 %, une baisse du PIB en volume par emploi salarié intérieur cumulée de 12,6 %, un RNB en volume par résident en chute de 17 %, et ce "alors que le PIB croissance cumulée, le PIB en volume par emploi salarié intérieur et le RNB en volume par résident ont respectivement augmenté entre 2000 et 2007 de 38 %, de 6,5 % et de 18 %."

L’UEL pointe aussi l’augmentation du chômage structurel, l’inflation du Luxembourg qui est « structurellement supérieure à celle de ses voisins, l’évolution du coût salarial unitaire qui selon elle "particulièrement défavorable par rapport à l’Allemagne". Elle souligne : "Dans le secteur industriel en particulier, le CSU s’est situé depuis 2002 en Allemagne, Belgique et France entre 100 et 110, alors qu’il est passé au Luxembourg de 105 à 165 entre 2007 et 2011."

Une autre de ses thèses est que « le déficit structurel persistant de l’administration centrale compromet l'assainissement des finances publiques », dans la mesure où "les dépenses augmentent structurellement plus vite que les recettes, malgré la non-adaptation des barèmes à l’inflation, la hausse des tarifs publics supérieure à l’inflation et les autres hausses d’impôts." S’y ajoutera la perte des 700 millions d’euros de recettes TVA provenant de l’e-commerce à partir de 2015. L’UEL vise d’abord les hausse des dépenses en matière de transferts courants, de prestations sociales et de rémunération des fonctionnaires et salariés publics, une hausse de 6,5 %, malgré la "Nullronn", c’est-à-dire le gel des salaires dans la fonction publique hors indexation entre 2010 et 2015. En même temps, elle critique le fait que la formation de capital fixe a diminué de 24,5 millions ou 2,9 %. Encore plus grave aux yeux de l’UEL, le fait que "les impôts ont augmenté en 2012 de 551 millions ou 5,4 % (contre 992,1 millions ou 8,6 % des dépenses) alors que le PIB courant n’a augmenté que d’environ 3 %, diminuant le revenu disponible des agents privés."

Autre grand problème : "L’image de l’économie luxembourgeoise à l’étranger a été ternie en 2012". Pour l’UEL, deux facteurs y ont contribué :

Vu que selon elle tous les agrégats - croissance, emploi, compétitivité, inflation, finances publiques – de l’économie luxembourgeoise se sont dégradés et que des secteurs-phares comme la place financière, l’industrie ou la construction sont "en péril", l’UEL ne veut pas attendre les élections générales du 22 mai 2014 pour que des réformes soient lancées.

Les volets de la réforme voulue par l’UEL

Concrètement, l’UEL propose au gouvernement d’annoncer la mise en chantier des réformes.

En guise de simplification administrative, l’UEL voudrait voir réduits de moitié les délais d’autorisation. Elle souhaite aussi une réforme du mode de fonctionnement de l’Etat, où l’on éviterait les compétences partagées, décloisonnerait les ministères et administrations et faciliterait les mobilités et transferts budgétaires d’un ministère à l’autre. L’UEL voudrait ensuite que les dépenses des administrations publiques par habitant, qu’elle estime à 34 400 euros, et qu’elle juge excessives par rapport à la moyenne européenne de 14 000 euros dans l’UE, 14 400 euros en Allemagne, 17 200 euros en France et 18 000 euros en Belgique, soient réduites. Dans son calcul, l’UEL n’a cependant pas inclus les 160 000 frontaliers – 40 % des salariés du marché du travail national – qui paient des impôts et bénéficient aussi des dépenses publiques à travers les prestations auxquelles ils ont pleinement droit.

L’UEL veut ensuite que la compétitivité-coût soit rétablie "par une politique réduisant l’inflation et liant les salaires à l’évolution comparative du CSU". En clair, l’UEL veut, à l'instar de la FEDIL, désindexer toute l’économie, "c’est-à-dire à interdire comme en Allemagne une clause indiciaire dans tous les contrats (loyers, contrats de prestations, salaires, etc.)". Elle veut ensuite "lier l’évolution des rémunérations – également dans le secteur public – à l’évolution comparative du CSU par rapport à nos voisins dans le but de réduire progressivement notre écart négatif", ce qui équivaut à une réduction progressive des salaires au niveau de ceux du pays voisin à la plus basse CSU, c’est-à-dire l’Allemagne. Finalement, elle veut que soient adoptés "des critères de productivité dans les services sujets à des tarifs publics de façon à éviter que ces derniers ne contribuent à l’augmentation de l’inflation".

Alors que le gouvernement songe à la fois à baisser les dépenses de l’Etat et à compenser ses pertes de certaines recettes par des hausses d’autres sources de recettes, l’UEL veut que l’équilibre des finances publiques soit rétabli d’ici 2016 par la seule réduction des dépenses. Le gouvernement devrait avant tout se concentrer sur "la croissance des rémunérations et des transferts sociaux", mais "ne pas sacrifier les dépenses d’investissement qui ont un facteur positif sur l’économie, dans la mesure où elles améliorent les infrastructures et qu’elles génèrent une activité économique". Autre idée de l’UEL : la création d’une "société holding publique détenant et gérant les participations de l’Etat dans les entreprises avec comme objectif une politique de croissance des résultats". S’y ajoute une astuce comptable : "Cette société holding pourrait être partiellement financée par un transfert de dette de l’Etat, réduisant d’autant la dette publique."

L’UEL pense que le chômage pourra être mieux combattu s’il est procédé à "une réduction du coût du travail pour les emplois les moins qualifiés", et reprenant une formule de la stratégie de Lisbonne de l’UE version 2005, elle veut "rendre le travail financièrement attractif". Suivent d’autres propositions traditionnelles comme "améliorer la formation des jeunes pour les rendre plus aptes sur le marché du travail" et "encourager les formations duales (apprentissage) dans l’ensemble de l’économie et pas seulement dans certains secteurs (artisanat, commerce, …)", ou bien une revendication constante depuis les années de la stratégie de Lisbonne : "la flexibilisation du droit du travail".

En ce qui concerne la réforme des pensions, l’UEL reste très générale. Elle veut une "vraie réforme", ce qui implique que celle en cours ne l’est pas. Il s’agit de "définir un taux de remplacement durable qui ne heurte pas l’équité intergénérationnelle", de "doter, le cas échéant, le système général de recettes additionnelles qui ne grèvent pas la compétitivité de l’économie luxembourgeoise", et surtout, histoire de réduire les engagements du système général, de "promouvoir le taux de pénétration des 2e et 3e piliers". Là aussi, l’UEL reprend des idées de l’OCDE et de la Commission européenne, destinées à compenser les réductions des pensions garanties par les Etats.

Finalement, l’UEL veut que le monde politique lance "un processus de réflexion portant sur des questions sociétales tournant autour de la sécurité et de la qualité de la vie, de l’intégration des étrangers et de la modernisation de notre démocratie, de l’introduction d’un vrai statut unique pour tous les salariés du secteur privé et du secteur public, de la préservation de l’environnement naturel tout en engageant une politique responsable en matière d’énergie."