Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 4 juillet 2013 à la Maison de l’Europe, les représentants du trio présidentiel du Conseil de l’UE - l’Irlande qui vient de terminer sa présidence, la Lituanie qui vient de commencer sa première présidence et la Grèce qui la suivra en janvier 2014 – ont présenté, pour le premier, un bilan, pour la deuxième un projet et pour le troisième, un premier cadre de leur action.
L’ambassadeur de l’Irlande au Luxembourg, Diarmuid O’Leary, a évoqué les réalisations de la présidence de son pays, qui a à son actif des projets aussi importants que de grands volets de l’Union bancaire comme celui de la résolution des crises bancaires qui a rompu le lien entre dette bancaire et dette souveraine, le mandat de négociation de l’accord de libre-échange UE-USA, la directive "marchés publics", le plan d’action en faveur des PME, la réforme de la Politique agricole commune (PAC), la garantie pour la jeunesse, les accords sur le programme-cadre de recherche Horizon 2020, Erasmus+ et surtout l’accord sur le cadre financier pluriannuel 2014-2020 (CFP). Ces succès sont pour lui la preuve que les petits Etats membres arrivent à mener de bonnes présidences, ce qu’il a souligné pour ses deux partenaires autour de la table, mais aussi pour le Luxembourg qui se prépare déjà pour la présidence qu’il assumera au cours du dernier semestre 2015.
Danguolé Vinciuniené, la chargée d’affaires lituanienne, a mis en avant, en lisant avec un débit très rapide et sans aucune explication, le triple axe de la présidence de la Lituanie, la première de ce pays depuis son adhésion à l’UE en 2004 : une Europe crédible pour restaurer la confiance dans l’économie de l’UE, en croissance, pour relancer l’emploi et la compétitivité, et ouverte, pour renforcer l’ouverture et la sécurité de l’UE.
L’Europe crédible se décline pour la Lituanie d’abord par une mise en œuvre de la gouvernance économique : des budgets nationaux en équilibre selon les termes du pacte budgétaire et du six-pack, un renforcement de la surveillance budgétaire à travers le two-pack et une discussion ex ante de toutes les grandes réformes nationales des pays membres de la zone euro à laquelle la Lituanie veut adhérer le plus rapidement possible. La Lituanie veut aussi renforcer l’Union économique et monétaire (UEM) en mettant l’accent sur le volet du mécanisme de résolution des crises bancaires. La fraude et l’évasion fiscale tout comme le blanchiment de l’argent seront aussi dans la mire de la présidence lituanienne.
L’Europe de la croissance passera par la finalisation du cadre financier pluriannuel (CFP) de l'UE. L'ambassadeur de Lituanie auprès de l'UE, Raimundas Karoblis, a ainsi admis lundi 1er juillet 2013 lors d'une conférence de presse, cette fois-ci à Bruxelles, qu'"il nous reste du pain sur la planche avec le CFP. C'est notre priorité, c'est déterminant pour l'avenir de l'Europe. Notre objectif est que tous les programmes soient en place pour le 1er janvier 2014 (…) C'est notre tâche principale", a-t-il expliqué. 32 dossiers liés au CFP, dont la cohésion, le Fonds social européen, la pêche, la justice et les affaires intérieures ou encore les instruments de politique extérieure doivent encore aboutir. Par ailleurs, les trilogues sur la directive MiFID, sur laquelle Parlement européen et Conseil ont désormais adopté leurs positions respectives, devraient commencer d'ici mi-juillet. La Lituanie entend aussi poursuivre les efforts en matière de marché unique (actes pour le marché unique I et II et agenda numérique), de mise en œuvre des mesures prises en matière d'emploi, de mise en œuvre du marché intérieur de l'énergie et du 3ème paquet énergétique pour 2014 et des solutions pour les îlots énergétiques d'ici 2015. Finalement, la Garantie Jeunes et le marché unique de l’énergie font partie pour la Lituanie du même axe d’action tout comme les stratégies macro-régionales des régions de la mer Baltique et du Danube.
L’Europe ouverte, la Lituanie veut l’aborder entre autres à travers un événement phare : le sommet de Vilnius du Partenariat oriental, les 28 et 29 novembre 2013, avec les possibles paraphes des accords d'association avec la Moldavie, la Géorgie et l'Arménie et la signature d'un tel accord avec l'Ukraine et l’instauration de facilités pour les régimes de visas. Enfin, elle entend poursuivre dans le domaine de l'élargissement le travail avec le Monténégro et la Turquie. La sécurité aux frontières extérieures est pour ce membre de l’espace Schengen un autre dossier d’importance. Elle veut faire avancer le paquet "frontières intelligentes", promouvoir la migration légale et lutter contre les trafics de tout genre.
Les propos du nouvel ambassadeur de Grèce, Theodoros Georgakelos, sur la future présidence grecque du Conseil – janvier-juin 2014 - furent d’une tonalité différente. Pour lui, qui s’exprimait avec quelques notes, librement, la présidence grecque sera marquée, malgré une continuité des points fixés entre partenaires du trio présidentiel, par l’intensité de la crise et une récession longue et profonde qui risque de conduire à des ruptures en termes de cohésion sociale. C’est ce risque de rupture qu’il s’agira d’éviter alors que la crise a selon lui conduit à un affaiblissement de la légitimité du projet européen. Mais, a-t-il estimé, il n’y a pas de solution en dehors d’un cadre européen, sauf que cette solution devra être basée sur l’équilibre entre l’assainissement financier et la lutte contre le chômage, surtout celui des jeunes, qui a atteint "des niveaux dangereux". La Grèce s’évertuera aussi à contribuer à la solidification de l’UEM et à la préservation de l’euro. Finalement, la sécurité européenne sera pour elle un enjeu important, avec la politique de voisinage à l’Est et au Sud, l’élargissement et la lutte contre l’immigration illégale. Un autre propos sera la promotion d’une politique européenne de la mer, une politique qui aborderait de nombreuses dimensions : l’écologie, l’économie, les migrations, la sécurité, etc.