Le député européen luxembourgeois Georges Bach (PPE) a présenté le 16 septembre 2013 à la Commission TRAN du Parlement européen son projet de rapport sur les droits des passagers aériens.
En vigueur depuis 2004, le règlement 261/2004 va subir une révision afin de l’adapter aux changements importants survenus depuis dans le secteur de l’aviation. La Commission européenne avait présenté ses propositions en mars 2013.
La proposition de règlement de la Commission vise à promouvoir l'intérêt des passagers aériens en veillant à ce que les transporteurs aériens respectent un niveau élevé de protection des passagers aériens au cours des perturbations pendant le voyage, tout en tenant compte des conséquences financières pour le secteur du transport aérien et en veillant à ce que les transporteurs aériens puissent exercer leurs activités dans des conditions équivalentes sur un marché libéralisé.
Concrètement, la proposition :
Enfin, la proposition assure un meilleur contrôle de l’application des droits des passagers en ce qui concerne les erreurs de manipulation des bagages :
Pour Georges Bach, "les propositions de la Commission cherchent à arriver à un 'équilibre entre les intérêts de l’industrie et des passagers'". Or, si on les regarde de près, insiste-t-il, on doit constater que sur de nombreux points le passager ne sortirait pas gagnant : ainsi le droit à des indemnisations en cas de grands retards serait uniquement possible au-delà de 5 heures pour des vols intra-européens et au-delà de 9 ou 12 heures pour des vols de longue distance. "Suite à un jugement de la Cour de Justice européenne, (affaires jointes C-402/07 et C-432/07 - Sturgeon) ce droit existe aujourd’hui déjà à partir de 3 heures de retard ! Je vais faire de mon mieux afin de maintenir cette limite de 3 heures et d'éviter de faire un pas en arrière."
Dans le but de faciliter l'application du système actuel et dans le souci d'une meilleure clarté pour les passagers et les compagnies aériennes, Georges Bach propose, en outre, d'uniformiser les seuils de déclenchement et les montants des indemnisations en fixant les limites suivantes : 300 EUR pour les vols à l'intérieur de l'UE (quelle que soit la distance); 300 EUR pour tous les autres vols jusqu'à une distance de 3 500 km; 600 EUR pour tous les autres vols de plus de 3 500 km.
Réagissant à la tendance qu"après la crise des cendres volcaniques, les compagnies aériennes voulaient réduire leurs obligations de prise en charge des passagers bloqués", Georges Bach est d'avis "que dans de telles situations, on ne peut pas abandonner les passagers à des centaines de kilomètres de chez eux. Les compagnies doivent prendre leurs responsabilités." En conséquence, Georges Bach propose une définition plus claire des "circonstances extraordinaires" qui devrait empêcher à l'avenir les compagnies aériennes à avoir recours de manière abusive à ce prétexte afin de ne pas devoir indemniser les passagers. Un amendement tend à préciser que, même si un vol est perturbé par des circonstances extraordinaires, il doit être établi que le transporteur aérien avait bien pris correctement toutes les mesures qui s'imposent pour éviter son annulation. Ces deux conditions doivent être impérativement réunies pour que le transporteur aérien puisse être dispensé de verser une indemnisation.
Georges Bach a aussi mis en avant de nombreuses propositions pour une meilleure information des passagers. Ainsi, une meilleure transparence de prix devra être mise en œuvre dès la réservation du billet, les règles pour les bagages et bagages à main doivent être clarifiés. Les passagers doivent pouvoir amener une quantité raisonnable de bagages à main dans l’avion sans être pénalisés par les compagnies.
L’aspect de la mise en œuvre et de l’application des lois est également très important, les compétences des organes nationaux devront être renforcées.
"Je propose également de prendre des mesures adéquates afin de protéger les passagers contre les effets de faillites de compagnies aériennes, chose qui n'existe toujours pas aujourd'hui."
Georges Bach a conclu devant la commission TRAN avec des mots durs pour les compagnies aériennes qu’il a consultées pour son rapport: "Au cours des entrevues que j´ai eues, j’ai été choqué par le comportement et l’attitude de certaines compagnies aériennes, qui voient dans chaque passager une sorte de 'profiteur' qui va essayer par tous les moyens de réclamer de l’argent de la compagnie aérienne, en allant même jusqu'à endommager ses propres bagages. Or, si on considère les chiffres actuels, uniquement 2 % des passagers ayant théoriquement droit à des indemnisations les réclament auprès des compagnies. Et souvent même ces deux pourcents ne reçoivent pas leurs indemnisations sans avoir recours à la justice. C'est pourquoi dans mon rapport je vais remettre le passager au centre des attentions et renforcer ses droits."
Le rapport sera discuté pendant les semaines à venir au sein de la Commission transports du Parlement européen et voté à la fin de l’année 2013.
Lors de la réunion du 16 septembre, il a été en général bien reçu par tous les groupes politiques tout comme par le porte-parole de la Commission IMCO (marché intérieur et protection des consommateurs).