L’eurodéputé Robert Goebbels a adressé une longue lettre ouverte au Premier ministre Xavier Bettel en vue du Conseil européen des 20 et 21 mars 2014 qui "décidera des orientations politiques en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030".
Robert Goebbels constate d’abord que la Commission européenne propose "une réduction de 40 % des gaz à effet de serre par rapport à 1990, ainsi qu’une quote-part des énergies renouvelables de 27 % dans le mixe énergétique global de l’UE". Il rappelle ensuite qu’en janvier 2014, les ministres Etienne Schneider et Carole Dieschbourg ont envoyé "une lettre courroucée à la Commission, à laquelle ils reprochèrent un manque d’ambition." Il loue ensuite le fait que lors du Conseil Environnement du 3 mars , la délégation luxembourgeoise "a heureusement gardé un profil plus bas". Pour lui, c’est "un début de réalisme" qui devrait guider le gouvernement et le Premier ministre dans ses prises de position. Car il estime que l’UE "n’arrive pas à atteindre ses objectifs pour 2020, les fameuses 20 % d’économies d’énergies, les 20 % de renouvelables et une réduction de 20 % des gaz à effet de serre.* Et de souligner que le Luxembourg "reste loin derrière les ambitions affichées par les Gouvernements qui se sont suivis depuis la signature du protocole de Kyoto en 1997".
Au lieu de "constater l’échec de Kyoto" comme le font la plupart des grands pays et blocs industriels, l’UE est pratiquement seule à vouloir selon Robert Goebbels s’engager "dans un après-Kyoto d’autant plus douteux, que les émissions européennes sont tombées depuis Kyoto de 14 % à moins de 11 % des émissions mondiales, alors que les émissions globales de dioxyde de carbone ont augmenté de 46 % depuis 1990."
Robert Goebbels appelle le Premier ministre à s’opposer à la tendance dominante dans l’UE "en osant dire tout haut que la diplomatie climatique européenne est une chimère" et qu’il "n’y aura pas d’accord international juridiquement contraignant obligeant tous les pays importants à réduire leurs émissions sous la menace de sanctions."
Robert Goebbels fustige surtout le fait qu’il n’y ait "que l’Europe qui inflige à son économie et à ses citoyens le payement des véritables 'indulgences climatiques' que sont les certificats ETS, les projets de mise en œuvre conjointe et autres mécanismes issus de Kyoto". Pour lui, les dépenses du Luxembourg entre 2005 à 2012 à travers le "Fonds climat et énergie"- 148 millions d’euros pour les mécanismes dit de développement propre, 85 millions d’euros pour la participation à des fonds multilatéraux, les engagements à hauteur de 106 millions d’euros pour d’autres transactions de développement propre, et 43 millions d’euros pour des fonds multilatéraux sont des dépenses inutiles, "car le ministère de l’Environnement 'n’est pas en mesure de communiquer à la Cour les quantités de droits d’émissions généré'".
Robert Goebbels cite le fait que le Luxembourg, qui s‘était fixé pour objectif de diminuer de 28 % ses émissions de CO2, en est à moins de 10 % en 2013, et en termes d’énergies renouvelables, le Luxembourg en est à 3,1 %, alors qu’il devrait atteindre les 11 % en 2020. Il met par ailleurs en avant que le pays est limité dans son potentiel d’énergie solaire et hydraulique. Le taux de dépendance énergétique du Luxembourg est de 97,4 % et "nous nous refusons à sonder notre sous-sol pour l’exploitation éventuelle de schistes bitumineux".
Le gouvernement serait donc selon lui "mal conseillé de préconiser des objectifs encore plus ambitieux que ceux de la Commission lors de sommets européens ou de conférences onusiennes". Le gouvernement devrait plutôt plaider "pour l’instauration d’une taxe CO2 sur le contenu carbone des produits et services vendus en Europe au lieu de ces 'indulgences' néfastes comme les certificats ETS, qui font que nos industries chimiques, nos aciéries et d’autres secteurs énergivores émigrent vers des pays où le poids de la réglementation et le coût de l’énergie est moindre."
Pour Robert Goebbels, le "Fonds climat et énergie" devrait être consacré "à la réhabilitation du parc immobilier du pays, au lieu d’investir en Chine, aux Indes ou dans d’autres pays en voie d’industrialisation rapide."
L’ancien ministre de la Coopération plaide aussi pour une aide au développement luxembourgeoise en faveur du "transfert de technologies propres aux pays effectivement sous-développés", plutôt que d’investir dans ces fonds carbone douteux, "car l’essentiel de l’argent ira à des consultants et aux bureaucraties climatiques".
Il appelle cela "une révolution du possible" qui pousserait "à des économies d’énergies réelles et à un maximum d’efficience énergétique".