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Politique étrangère et de défense - Santé
Ebola – Alors que l’aide européenne a franchi le cap d’un milliard d’euros, le Luxembourg est le premier Etat membre à avoir proposé deux avions pour évacuer du personnel
07-11-2014


Commission européenneL’aide européenne mobilisée pour la lutte contre le virus d’Ebola a franchi le cap d’un milliard d’euros, a annoncé le 6 novembre 2014 la Commission européenne. Cette annonce intervient en amont d’une visite du commissaire européen à l'Aide humanitaire et la Gestion des crises et coordonnateur de l'UE pour l'Ebola, Christos Stylianides, et le commissaire à la Santé, Vytenis Andriukaitis, dans les trois pays les plus touchés (Libéria, Sierra Leone, Guinée) du 12 au 16 novembre 2014. A l’appel du Royaume-Uni, le Conseil européen s’était engagé le 24 octobre 2014 de porter son aide à un milliard.

La Commission a par ailleurs lancé, en commun avec l'industrie pharmaceutique, un appel à propositions à hauteur de 280 millions d'euros au titre de l'initiative pour les médicaments innovants (IMI) pour financer, selon une procédure accélérée, des essais cliniques de grande ampleur sur de nouveaux vaccins dans les pays touchés par Ebola, la mise au point de tests de diagnostic rapide de la maladie et de nouvelles approches pour la production et la distribution de vaccins. 140 millions proviendront du programme Horizon 2020 pour la recherche et l'innovation et compléteront les 24,4 millions d'euros déjà engagés par la Commission le 23 octobre pour la mise au point de vaccins. Les 140 millions restants seront financés par les entreprises pharmaceutiques membres de l'EFPIA (European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations).

Le Luxembourg est le premier Etat membre  à avoir proposé deux avions pour évacuer du personnel

Dans son communiqué, la Commission insiste sur le fait que le Luxembourg est le premier Etat membre  à avoir proposé deux avions pour mener d'éventuelles opérations d'évacuation du personnel médical international, si besoin en était. L’adaptation des avions de Luxembourg Air Rescue (LAR) aux normes d’hygiène pour le transport d’une personne infectée est cofinancée par l’Union qui couvrira également la majeure partie des coûts de transports.

Le logo de Luxembourg Air Rescue (LAR)Le Luxembourg s’est en effet engagé le 23 octobre 2014 d’effectuer "jusqu’à 48 missions moyennant 2 Learjets XR45 de la Luxembourg Air Rescue (LAR)" et cela pour une durée de deux ans, selon un communiqué du gouvernement luxembourgeois du 7 novembre 2014. La modification des avions, qui consiste à isoler le patient dans une tente, séparée du reste de l’équipe, devrait être terminée mi-janvier, a indiqué René Closter, président d’Air Rescue, au Wort du 7 novembre 2014, en estimant les coûts à 500 000 euros. 

Le commissaire Christos Stylianides a "salué le leadership du Luxembourg à l’égard de cette priorité", tout en notant que la possibilité d’évacuer le personnel médical est un "facteur crucial" pour encourager des travailleurs médicaux à partir dans les pays concernés par le virus.

En même temps, l’Union européenne a entamé, en coopération avec UNICEF, l'acheminement, par voie maritime, d'équipements et de matériel médico-sanitaires vers les trois pays touchés par le virus. Neuf États membres de l'UE (Autriche, Belgique, République tchèque, Finlande, Hongrie, Pays-Bas, Roumanie, Slovaquie, Royaume-Uni) ont fourni le matériel, sous la coordination du mécanisme de protection civile de l'UE.

Les Etats manquent d’avions spéciaux pour effectuer des évacuations

La mise à disposition de ces avions est cruciale, vu que la plupart des Etats membres n’ont pas les moyens d’évacuer des personnes infectées, comme l’a relevé Frédéric Vincent, porte-parole de la Commission européenne, le 17 octobre 2014. Il avait alors précisé que, "sur 11 évacuations qui ont eu lieu vers l’Europe, seulement celle vers l’Espagne a été effectuée par un avion national (de l’armée), tandis que les autres ont eu lieu par des moyens privés, c’est-à-dire que les gouvernements ont dû mobiliser et payer des compagnies privées qui ont les avions équipées en la matière". Selon le porte-parole, la Commission européenne "a signé un contrat en ce sens la semaine dernière qui permet de mobiliser trois avions".

L’Union a signé un accord avec le département d’Etat américain sur l’utilisation d’avions sanitaires spéciaux opérés par la compagnie américaine Phoenix Air

Selon l’agence de presse Reuters, qui cite David Sharrock, un autre porte-parole de la Commission, l’Union européenne aurait signé le 16 octobre 2014 un accord avec le département d’Etat américain sur l’utilisation d’avions sanitaires spéciaux opérés par la compagnie américaine Phoenix Air. Cet accord est également mentionné par Tonio Borg lors d’une conférence de presse donnée suite à une réunion d’urgence des ministres de la Santé du 16 octobre 2014.

L’article de Reuters précise que le département d’Etat aurait un contrat exclusif avec Phoenix Air, une compagnie qui a déjà transporté plusieurs patients atteints d’Ebola aux Etats-Unis, selon un article de Slate du 17 octobre 2014, qui note que seulement l’Espagne et le Royaume-Uni auraient recours à des avions militaires pour l’évacuation de personnel soignant. Il affirme que Phoenix Air aurait "l’exclusivité" dans ces évacuations, mais que la compagnie est concurrencée depuis peu par la PME française Medic-Air International. Selon un article du Washington Post, la compagnie aurait déjà assuré 15 évacuations

Quant aux frais des opérations d’évacuations, ceux-ci "peuvent être financés jusqu'à 100 % sur le budget de l'UE", note un communiqué de presse sur les résultats du Conseil Affaires étrangères du 20 octobre 2014. Selon le Washington Post, l’évacuation d’un patient du Libéria aux Etats-Unis avec Phoenix Air aurait coûté 200 000 dollars, incluant un médecin, deux aides-soignants et le processus de décontamination.

Le Luxembourg a présenté ses efforts nationaux de préparation à Ebola

Le 6 novembre 2014, le Premier ministre Xavier Bettel, la ministre de la Santé, Lydia Mutsch, et le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, ont présenté lors d’une conférence de presse les grands axes de la coordination interministérielle dans le domaine de la lutte contre Ebola sur base du plan d’intervention d’urgence pour les cas probables ou confirmés d’Ebola au niveau national.

Le plan "Ebola" a été élaboré sous la direction du Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN) et adopté par le Conseil de gouvernement en date du 22 octobre 2014. Celui-ci définit l’action du gouvernement lorsqu’un rapatriement doit avoir lieu ou lorsqu’un cas "probable ou confirmé" d’Ebola se présente dans le pays.

Comme le gouvernement l’indique dans un communiqué du 7 novembre 2014, ce plan "détermine les organes de gestion de crise, fixe le déroulement de la diffusion d’alerte des autorités en fonction de différents scénarios et détermine les mesures d’urgence". Il précise également la manière dont le patient est pris en charge et transporté jusqu’à un établissement hospitalier.

Des accords avec l’Allemagne et la France ont été conclu pour pouvoir envoyer des patients dans les hôpitaux de Düsseldorf, Strasbourg et Nancy, dans le cas où le Luxembourg devrait être confronté à trop de patients.

La prise en charge d’un patient Ebola se fera au CHL (le Centre hospitalier de Luxembourg) qui dispose de plusieurs chambres à pression négatives et peut encadrer jusqu’à deux patients Ebola. Selon le communiqué, le personnel du CHL a participé régulièrement à des exercices de simulation.

Le Luxembourg a par ailleurs accès à une petite quantité de l’UE du médicament antiviral Favipiravir, qui est utilisé contre le virus Ebola, comme l’a indiqué Elisabeth Heisbourg de l’inspection sanitaire du Ministère de la Santé.

La contribution du Luxembourg s’élève à plus d’un million d’euros

La contribution totale du Luxembourg aux programmes de lutte contre le virus s’élève à plus d’un million d’euros.  Xavier Bettel estime que des mesures nationales ne suffisent pas et qu’ "il faut aussi venir en aide aux pays concernés". Voilà pourquoi le Luxembourg payera également une contribution de 654 500 euros pour le financement du plan national d’action d’Ebola dans le cadre de programmes de santé bilatéraux avec le Sénégal. De plus, la Direction de la coopération et ArcelorMittal se sont engagés à contribuer à hauteur de 200 000 euros au total à un projet qui sera mis en œuvre par la Croix-Rouge luxembourgeoise.