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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Nouvel An chez la FEDIL, qui soutient la politique du gouvernement dont le ministre des Finances Pierre Gramegna estime que le Luxembourg et l’UE sont sur la bonne voie
22-01-2015


La fédération patronale FEDIL avait convié le 22 janvier 2015 à sa traditionnelle réception du Nouvel An, une occasion pour son président de présenter les revendications des industriels, pour un hôte de s’exprimer sur un sujet d’intérêt pour les patrons, et pour un représentant du gouvernement, en l’occurrence Pierre Gramegna, de répondre aux questions soulevées par les dirigeants d’entreprise.

"Il n'y aura pas moyen de contourner des réductions de dépenses, même si elles font parfois mal et sont impopulaires", souligne Robert Dennewald

fedilDans son diagnostic de la situation économique, Robert Dennewald, le président de la FEDIL, qui représente selon lui plus de 500 entreprises employant plus de 70 000 personnes, soit 20 % de l’emploi au Luxembourg, a mis en avant son "inquiétude" par rapport à une série d’incertitudes liées au contexte politique international qui influent sur la conjoncture économique luxembourgeoise, européenne et mondiale.  Il se réfère notamment aux relations actuelles de tension entre l’Union européenne et la Russie, qui sont selon lui source d’incertitudes politiques et économiques. Il évoque également la menace terroriste qui plane sur l’Europe. "Le terrorisme n’est  plus une réalité lointaine, mais il se trouve désormais au pied de notre porte", a-t-il souligné. Néanmoins, "nous avons confiance dans les gouvernements en Europe à prendre les bonnes décisions afin de garantir notre sécurité", a assuré Robert Dennewald, avant de préciser que les mesures que les gouvernements adopteront dans ce contexte "ne doivent pas aller à l’encontre du principe de libre circulation dans l’Union européenne".

En s’adressant au Ministre des Finances Pierre Gramegna, le président de la FEDIL a indiqué que la fédération patronale soutenait "la trajectoire et le but de la politique" proposée par le gouvernement, et  que l’accent devait être mis sur l’objectif de faire "de réelles économies" et d’atteindre plus d’ "efficacité". "Il n'y aura pas moyen de contourner des réductions de dépenses, même si elles font parfois mal et sont impopulaires", a-t-il souligné.  "Nous espérons pouvoir vous compter parmi nos alliés pour nous amener sur la ligne d'arrivée de la voie des réformes", a ajouté Robert Dennewald en se référant à l’accord bipartite entre le gouvernement et les organisations patronales signé le 15 janvier 2015.

La présidence luxembourgeoise du Conseil, "une opportunité fantastique" pour repositionner l’image du Luxembourg

Robert Dennewald est le président de la FEDILLa FEDIL s’est par ailleurs dite prête à soutenir le Luxembourg dans ses efforts pour "restaurer le crédit d’une réputation qui lui est légitimement due". Il a ainsi qualifié la présidence luxembourgeoise du Conseil du deuxième semestre 2015 d’une opportunité fantastique". "Les récentes attaques contre le Luxembourg [dans le cadre de l’affaire Luxleaks, NDLR] n’étaient pas fondées dans leur contenu et étaient injustifiées dans leur violence. La réputation de notre pays et de ses entreprises a pris un coup. Ensemble avec vous, nous ferons en sorte de nous repositionner dans le débat international», a déclaré Robert Dennewald.

En parlant de la présidence luxembourgeoise du Conseil, Robert Dennewald a également souligné l’importance d’obtenir des avancées  dans l’approfondissement du marché intérieur et de faire avancer l’agenda numérique.

En marge de la réception de Nouvel an, le directeur de la FEDIL, Nicolas Soisson a déclaré aux journalistes que l’énergie constituera également un dossier important de la présidence luxembourgeoise, surtout en vue de la Conférence climat de Paris 2015. Dans ce contexte, la FEDIL s’attend à un rééquilibrage de la politique énergétique et de celle climatique en faveur de la première. "La politique énergétique ne doit pas uniquement être façonnée sur base de considérations de politique climatique", a-t-il souligné. Nicolas Soisson a surtout pointé le prix de l’énergie dans l’UE qui est selon lui "un handicap compétitif important pour nos entreprises". Dans l’UE, "les coûts de l’énergie sont de 20 à 30 % supérieurs à ceux dans les Etats-Unis", explique le directeur d’une FEDIL très présente sur cette question. Pour rappel : En novembre 2014, elle avait appelé à une réforme du système d’échange de quotas d’émissions de CO2 (SEQE ou ETS), craignant une pénurie croissante des quotas.

Pierre Gramegna relève plusieurs raisons d’être optimiste

Pierre Gramegna est ministre des FinancesDans sa réponse à Robert Dennewald, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a qualifiée la voie choisie par son gouvernement pour mener le Luxembourg vers  "un nouveau départ" et vers la difficile consolidation de ses finances publiques de "chemin cahoteux" ("bumpy road" dans le texte), mais estimé par ailleurs que le Luxembourg était pour de nombreuses raisons sur la bonne voie. De retour d’un long périple en Asie, il a rapporté les inquiétudes qui circulent dans les milieux économiques de ce continent au sujet de l’UE, sur sa croissance économique, sur les actions de la BCE et sur la Grèce.

Pour le ministre, il y a néanmoins quatre raisons d’être optimiste. L’UE a "fait ses devoirs" en créant notamment l’Union bancaire avec son système de surveillance unique et son système de résolution qui font que l’UE est désormais mieux outillée pour faire face à des crises bancaires et financières.  Le Plan Juncker permettra quant à lui de relancer l’investissement privé qui fait encore défaut. La baisse des prix du pétrole diminue le prix de l’énergie comme entrant industriel, rend plus compétitive l’industrie européenne, contribuera à la création d’emplois et renforcera le pouvoir d’achat des consommateurs, un facteur important de croissance interne. Le PIB mondial pourrait augmenter de 2 % supplémentaires rien que par cette baisse. Finalement, la politique monétaire de la BCE a permis et continue de permettre l’afflux massif de liquidités sur les marchés.

Si l’investissement est encore en panne dans certains pays, ce n’est donc pas selon Pierre Gramegna que l’argent manque, mais ce qui fait défaut, ce sont de bons projets. Par ailleurs, le cadre général réduit les attentes de retour sur l’investissement et de gains. D’où la nécessité de miser sur des réformes structurelles. Restent aussi des facteurs négatifs externes et déjà évoqués par Robert Dennewald, comme les incertitudes géopolitiques et les conflits en cours qui pèsent sur les décisions d’investir.

Et le Luxembourg dans tout cela ? Pierre Gramegna a insisté sur le bon taux de croissance du Luxembourg et que le gouvernement agissait en conformité avec les trois grandes recommandations de la Commission européenne, et qu’il encourageait donc l’investissement, consolidait les finances publiques et mettait en œuvre un grand plan de réformes structurelles dans le cadre du "Zukunftspak". En 2018, les finances publiques seront en équilibre, et ce malgré la perte de 700 millions d’euros annuels venus de la TVA du commerce électronique, et sans que les impôts aient été augmentés.

Pierre Gramegna a mis en avant la confirmation du triple A du Luxembourg, qui lui permettront d’emprunter à un taux moindre que d’autres et de créer plus d’emplois. Il a aussi annoncé que le dialogue social serait lancé par au moins quatre consultations annuelles des partenaires sociaux dans le cadre du semestre européen.    

Pour lui, le Luxembourg "doit rester attractif du point de vue fiscal", mais il doit en même temps "être parmi les premiers à bouger" dans le contexte du BEPS qui va aboutir à de nouvelles propositions fiscales où la recherche de la substance à imposer sera au centre des préoccupations.