Dans une motion déposée lors de la séance plénière de la Chambre des Députés du 24 février 2015, le groupe parlementaire de Déi Lenk a émis toute une série de revendications au gouvernement luxembourgeois relatives "aux négociations de l’Eurogroupe avec les représentants du Gouvernement de la Grèce".
Concrètement, le parti de gauche radicale, qui fait partie de la même famille politique européenne que le parti Syriza d’Alexis Tsipras, le nouveau Premier ministre grec, a invité le gouvernement luxembourgeois à s’engager au sein de l’Union européenne (UE) et de l’Eurogroupe "en faveur de négociations dans le respect mutuel avec le gouvernement grec". Il a également appelé le gouvernement luxembourgeois "à œuvrer en vue d’ouvrir de nouvelles perspectives sociales et économiques à la Grèce, basées sur un programme d’investissements sur le long terme et un renforcement du pouvoir d’achat", à soutenir "de véritables réformes structurelles de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, les politiques clientélistes et la corruption" et à œuvrer "en faveur d’une politique de relance et de dépassement des simples politiques d’épargne et de récession au niveau de la zone euro et de l’Union européenne".
Enfin, Déi Lenk demandent dans leur motion à ce que la Chambre des Députés soit "inclue dans ces réflexions et ces renégociations" et qu’elle soit consultée "avant toute décision importante".
Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement le 17 février 2015, Déi Lenk avaient déjà émis plusieurs de ces revendications. "Nous estimons que la population du Luxembourg est en droit de connaître la position du gouvernement luxembourgeois face à la crise grecque et nous attendons de lui qu’il exprime clairement comment il veut contribuer à sa résolution, notamment au niveau de la coopération économique bilatérale et de l’aide concrète contre l’évasion fiscale via le Luxembourg et sa place financière par des entreprises et des personnes physiques grecques", avaient-ils ainsi indiqué dans leur lettre. "Nous pensons également que le gouvernement luxembourgeois doit exprimer son opinion à propos des politiques d’austérité décidées pour la Grèce, et exprimer clairement si la Grèce doit continuer à appliquer ces politiques ou si elle peut changer de cap comme le souhaite le gouvernement grec", avaient-ils encore ajouté.
La motion de Déi Lenk a été rejetée par une grande majorité des députés (2 votes pour, 56 votes contre), qui ont toutefois convenu de l’acheminer vers la commission des Finances. Cette démarche a notamment été proposée par le socialiste Alex Bodry (LSAP).
Déi Lenk appuient leurs revendications sur les difficultés économiques et sociales auxquelles fait face la Grèce. Dans leur motion, ils évoquent notamment "le souci de la population grecque et du nouveau gouvernement relatif à une simple prolongation des mesures ayant conduit le pays vers une crise humanitaire et sociale sans précédent". Ils mettent également en exergue l’augmentation de la dette de l’Etat grec "à un niveau inégalé au niveau européen", qui selon eux, est "due surtout à une récession économique de 20 %".
Lors de la session plénière à la Chambre des députés du 24 février 2015, le député de Déi Lenk Justin Turpel a relevé qu’en Grèce, un tiers de la population souffre de pauvreté, et que le salaire minimum y a été réduit de 22 %. "Le chômage y est supérieur à 20 %, et celui des jeunes dépasse même les 50 %", a-t-il souligné. Dans ce contexte, selon Justin Turpel, "la dette de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, etc., doit être prouvée avec un audit, afin que la dette illégitime soit effacée".
Enfin, Déi Lenk soutiennent les démarches entreprises par le gouvernement d’Alexis Tsipras dans son pays et évoquent dans leur motion "les propositions du gouvernement grec concernant des changements substantiels au niveau d’une imposition juste et effective, du fonctionnement performant des administrations publiques comme d‘une justice sociale tenant compte de la réalité de la crise".
Dans leur lettre ouverte du 17 février, Déi Lenk indiquaient par ailleurs que ce débat va au-delà de celui sur la Grèce. "Nous pensons que les gouvernements de chaque pays portent une responsabilité vis-à-vis de leurs populations respectives dans ce débat sur l’avenir de l’Europe – car il s’agit de cela et non seulement de la Grèce – et ne doivent pas se cacher derrière un programme technocratique qui a fait faillite et dont rien, dans les textes, ne dit qu’il doit rester gravé dans le marbre", ont-ils ainsi évoqué.